Système bancaire et Cfa-électronique (4 et fin)

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La monnaie électronique que nous appelons est un bien universel qui permet d’acheter non pas seulement du temps de communication téléphonique, messagerie ou accès à internet, mais tout autre bien dont la valeur est exprimée en unité monétaire, en franc Cfa. Quand les planteurs de Bouna, Korhogo, Divo, Soubré vendent leurs produits, ils peuvent en recevoir le prix en monnaie électronique par simple transfert du portefeuille électronique de l’acheteur à celui des vendeurs qu’ils sont. Il en serait de même pour les ménagères d’Abobo, de Yopougon ou de Cocody lorsqu’elles font leurs courses au marché. Elles pourraient payer par simple transfert de leur porte-monnaie électronique au porte-monnaie électronique du vendeur ou de la vendeuse. Cette possibilité règle à la fois le problème de monnaie à rendre et résout celui lié aux vols ou aux pertes. Mais elle pose aussi trois questions fondamentales : Faut-il inclure cette monnaie au système bancaire ou plutôt en faire un système financier à part, marginal ou alternatif ? Les banques doivent-elles être les seules concessionnaires de la création de monnaie ? Les opérateurs de téléphonie mobile ne peuvent-ils pas se muer en établissements financiers du seul fait de la possession de la technologie qui permet la circulation monétaire ? Pour les besoins de l’analyse économique et surtout de lutte contre le blanchiment d’argent, il sied de placer cette nouvelle représentation monétaire sous contrôle de la Banque centrale. La monnaie électronique ne créera donc pas un système financier à part. Elle est placée sous contrôle des autorités monétaires du pays, notamment la Banque centrale. Quant à la seconde question soulevée, de notre point de vue, la création de monnaie secondaire ne serait plus l’apanage des seules banques. La Banque centrale agréerait les opérateurs de téléphonie mobile et leur permettrait de créer de la monnaie en octroyant du crédit en Cfa-électronique à leurs clients par simple jeu électronique comme le font les banques pour la monnaie scripturale(les dépôts à vue), sous contrainte de coefficient de réserve en monnaie fiduciaire. Comme pour les banques commerciales traditionnelles. Vers un nouveau paradigme économique ? Le taux de bancarisation est au voisinage de 20% dans notre zone monétaire, alors que le taux de connexion au mobile est de l’ordre de 8O%. En associant le mobile à la banque on pourrait atteindre un taux de bancarisation proche de 80% en moins d’une décennie, soit une progression de plus de 60 points. L’identification des porteurs de numéro de téléphone mobile est imposée aux opérateurs de téléphonie mobile. Cette contrainte trouvera ici encore une double justification. Un banquier ne peut pas ne pas avoir l’identité d’un détenteur de compte dans ses livres. On réalise ainsi une forte amélioration du taux de bancarisation de la population, ce que les banques n’arrivent pas à faire aujourd’hui. Toute transaction financière sur mobile, quels qu’en soient le montant, le lieu d’émission ou la destination sera comptabilisée dans le compte « bancaire » associé au numéro de téléphone par l’opérateur de téléphonie mobile. L’historique des opérations sera tenu par la banque-téléphonique (banquier et opérateur de téléphonie). Après la banque- assurance, ce serait la banque-téléphonique que nous développerons. La tarification des coûts des transactions et de gestion des comptes devrait dégager un avantage comparatif en faveur de la monnaie électronique par le volume des transactions journalières. Si la monnaie virtuelle est adoptée, elle aura un impact certain sur l’économie nationale car elle va booster la masse monétaire et augmenter sa vitesse de circulation. Or l’offre de monnaie est tributaire de sa vitesse de circulation d’une part, et de la demande de crédit d’autre part. Rendre la monnaie disponible pour tous ceux qui peuvent la combler de valeur réelle est un moyen de faire participer les pauvres aux activités économiques de notre région. Au contraire du Bit-Coin lancé par cet inconnu de Satochi Nakomoto, le Cfa-numérique visé répondrait d’une autorité de régulation, la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (Bceao).

Camara Loukimane Expert Financier, Directeur Général de la sicogi, auteur de « marchés, gouvernance et pauvreté : le cas de la côte d’ivoire », ed. l’harmattan 2013

 

 

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