Exclusion au Nord, des candidats ‘’étrangers’’ RDR du Sud : Quand André Silvère Konan se fourvoie et joue à l’illettré

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André Silvère Konan s’est senti interpellé par un post sur Facebook de l’Honorable Mah Sogona Bamba. Post dans lequel elle a écrit : « … De grâce, ne me traitez pas d’étrangère à Tafiré. De grâce cette blessure-là est mortelle pour moi, pour la mémoire de mon père. Je vous en prie, d’instrumentaliser nos braves populations en leur insufflant la haine tribale, ethnique et la xénophobie. Koh ‘’On ne veut plus d’étranger ici. Pourquoi tu viens chez les autres, faire la politique ? Vas chez toi à Touba ». Nous ne prenons pas la plume pour défendre l’Honorable Sogona. Elle est capable d’apporter la réplique quand elle en sentira le besoin, j’en suis certain. Nous réagissons au ‘’message-question’’ « Allez demander au RDR, pourquoi tous ses candidats dans ses circonscriptions du Nord, sont natifs de ces régions, alors qu’il présente des ressortissants du Nord dans des circonscriptions du Sud ? », qu’André Silvère Konan a envoyé et qui nous interpelle.

Avant d’entrer de plein pied dans le vif du sujet, il est important de faire remarquer à M. Konan que ce genre de ‘’ douce ivoirité ‘’ selon ses propres termes, se trouve au sein (dans le subconscient) de presque tous les groupes ethniques de Côte d’Ivoire. Il suffirait de faire une approche sociologique de ces groupes pour le savoir et peut-être pour le comprendre. La première fois que l’on a entendu cette rhétorique, c’était de la part de Charles Blé Goudé qui utilisait cet argument pour attirer la haine contre le Nordiste. André Silvère Konan serait-il dans cette logique désuète ? Qu’il n’attise pas un feu mal éteint.

Le Nordiste, ce pionnier-né

Il est très important de rappeler en particulier à André Silvère Konan et à tous ceux qui pensent comme lui et en général à tous, que le ‘’nomadisme’’ est inné chez le ressortissant du Nord (ce qui n’est ni une tare ni un défaut. Mais plutôt une qualité qui exprime l’envie de découverte et d’enrichissement). Pour cela, le ressortissant du Nord s’est donné pour philosophie « Là où se trouve mon bonheur, est chez moi ». Alors pour concrétiser et vivre sa philosophie, il voyage. Il voyage comme colporteur, comme vendeur ambulant, acheteur de cola et café et parcoure tous les coins et recoins du pays, surtout le Sud, plus riche par la volonté divine, avec beaucoup de potentialités à exploiter. Ces pionniers n’y vont pas contraints, des suites de mutations ou d’affectations, mais par goût de l’aventure, à la recherche du bonheur. Combien sont-ils les ressortissants du Sud, de leur propre gré, à aller au Nord et tenter d’y demeurer ? Combien sont-ils après le temps de leur service dans ces régions, à vouloir y rester pour ‘’implanter leur vie’’, y développer des intérêts ? Presque pas et ils ne sont pas à blâmer pour autant. Il y en qui en parlent, juste pour faire remarquer qu’ils ont fait le Nord, ce Nord dont ils vantent parfois les valeurs. Doit-on en vouloir aux ressortissants Sudistes pour cela ? Non ! Cela n’est pas dans leur gène, dans leurs habitudes. Dans l’entendement populaire, on entend souvent des gens affirmer sans aucune preuve statistique, « Les instituteurs, les policiers et les gendarmes aiment trop femmes ». Ignorant sans nul doute que ces couches professionnelles sont de loin, le plus grand nombre de travailleurs dans le pays, donc les plus visibles un peu partout sur le territoire national. Sinon devant Dieu et devant les hommes, « Qui n’aime pas femme » ? Cette parenthèse pour introduire qu’en grand nombre à travers le pays, dans toutes les contrées, les Nordistes sont visibles. Visibles par leurs activités commerciales, visibles de par leurs nombreuses réalisations immobilières et toujours visibles par de nombreuses autres activités professionnelles que sont, transporteurs, chauffeurs, mécaniciens, ferronniers, couturiers,  ….agents de l’état, etc. Combien de grandes et petites villes et même de villages, ne bénéficient-il pas de ce développement ‘’ étranger’’ dont le Nordiste est à la base ? Alors, les intérêts sont là et la loi dit en son article 21 : « Tout citoyen ivoirien a le droit de se déplacer et de se fixer librement sur toute partie du territoire national. Tout citoyen ivoirien a le droit de quitter librement son pays et d’y revenir. L’exercice de ce droit ne peut être limité que par la loi ». André Silvère Konan, par une approche mal négociée, ne rallume pas un feu mal éteint.

Le tri identitaire existe partout (mais ne le dites à personne)

Partout en Afrique tout comme en Côte d’Ivoire, même dans le village d’André Silvère Konan, dans tous les villages, dans toutes les tribus, dans tous les cantons, existe le repli identitaire qui n’est que l’expression d’un tri clanique toléré. Chaque village, dans son histoire plus ou moins lointaine, est fondé par un groupe bien défini qui se distingue toujours des autres. Prenons quelques exemples en commençant par le Nord pour terminer au Sud. Dans le département de Boundiali, Kolia, Kouto et Gbon sont des localités distantes les unes des autres de 5 km au plus. Mais par le refus de se voir ‘’commander’’ par l’autre, chaque localité a refusé que le Président Houphouët installe une Sous-préfecture dans l’une au détriment des deux autres. De guerre lasse, avec le temps, ces trois localités sont aujourd’hui, des Sous-préfectures et des communes de plein exercice. Au Sud-ouest, le département de Tabou est à 100 km de celui de San-Pedro et la Sous-préfecture de Grand-Béréby est presqu’à mi-parcours de ces deux localités. Grand-Béréby est peuplé de Kroumen ‘’différents’’ des Kroumen qui peuplent le département de Tabou. Pour ne pas être sous le ‘’commandement’’ de ceux de Tabou, la limite de grand-Béréby se trouve à 20 km de Tabou, à Ouélléké. Ceux-là préfèrent parcourir plus de 40 km pour se rendre à Grand-Béréby afin de se faire établir leurs papiers que d’aller à 20 km à Tabou. Vous avez dit ‘’douce ivoirité’’ ? Toujours à Tabou, prenons un exemple sur un aspect politique qui s’y est déroulé. Lors d’une élection municipale, un candidat, bien que Kroumen mais n’étant pas de Tabou ville, surtout de Kablaké le fief de commandement de cette cité, a été traité ‘’d’étranger’’. Lorsque les autres ‘’ étrangers’’ (ressortissants du Nord, du Centre, de l’Est, du Nord-est et d’autres qui n’étaient pas ‘’chez eux’’) ont su cela, ils se sont tous ralliés au candidat ‘’étranger’’ qui devint maire. Ce fut le RHDP avant naissance. A San-Pedro, un homme a animé la vie politique, paix à son âme, l’Honorable Georges Denise Auguste. Jeune Akan sorti fraichement de l’école de pharmacie, il fut le tout premier à ouvrir une pharmacie à San-Pedro à 26 ans dans les années 1970. Il s’y investit et obtint des lots dans la nouvelle ville portuaire, acheta des parcelles de forêt et devint économiquement bien assis. En politique, il devint aussi incontournable pour le PDCI. Pour faire ‘’court’’, il devint député dans une région Kroumen et jusqu’à sa mort, il était l’incontournable délégué du PDCI-RDA à San-Pedro. Denise fut donc un ‘’déporté socioéconomique devenu un déporté politique’’. Pourquoi un député originaire du Centre ‘’déporté’’ au Sud-ouest ? Parce qu’il y avait tout simplement des intérêts et avait su s’intégrer à la population qui l’avait adopté sans chercher à savoir sa région d’origine. N’allumons pas le feu qui n’est pas bien éteint en prenant mal les virages de certains problèmes tout en les présentant de manière maladroite.

Intérêts et majorité font parfois bon ménage

De par les attraits de leur région, de leurs cités, est-ce la faute des Nordistes si les autochtones Sudistes deviennent minoritaires chez eux ? Est-ce de leur faute, si la zone Sud, région d’accueil des ‘’étrangers Nordistes’’ est plus attrayante et leur procure bonheur et prospérité ? Si dans une zone donnée, des ‘’étrangers ivoiriens’’ peuvent glaner plus de 80 % de suffrage contre 11 % pour ceux qui les traitent ‘’d’étranger’’, doivent-ils bouder leur majorité sociologique et affective ? La marche est irréversible malgré les gémissements de bas-étages de certains qui aimeraient que le monde n’avance qu’à l’allure de leur vision selon leur prisme déformant. De grâce, ne rallumons pas ce feu en train de s’éteindre. 

Mettre fin à la mauvaise foi

André Silvère Konan accuse et recommande : « Il est temps qu’on mette fin à cette longue hypocrisie. Mais chacun au RDR, sait que cette propension à exclure les ‘’étrangers’’, est devenue une marque déposée’’ ». Il poursuit : « En clair, il est plus facile pour un ressortissant du Nord d’être candidat à une élection locale au Sud, qu’à une élection locale au Nord. Imaginez combien il sera difficile pour un ressortissant du Sud, de faire de la politique au Nord, à fortiori, d’être candidat à une élection locale au Nord ». Il aurait été simple pour André Silvère Konan de jeter un regard sur les partis politiques, leurs fondateurs et leurs bastions en Côte d’Ivoire. Après le parti unique, le PDCI-RDA, tous les partis politiques qui sont nés, ont chacun un lien fort entre le fondateur et sa région d’origine. Pour épouser l’ère du temps, même le PDCI s’y est mis aussi. Le FPI est bien encré en pays Bété d’abord avant d’étaler ses tentacules dans d’autres régions du pays, parce que son fondateur est de cette ethnie. L’UDPCI s’est d’abord enraciné dès sa création dans les 18 montagnes en pays Dan, avant de chercher ramification ailleurs, parce qu’une fois encore, son fondateur était originaire de Gouessesso, en pays Yacouba. Et le RDR, bien que fondé par feu Djenny Kobenan avec autour de lui de nombreux ressortissants du Nord, a été taxé de ‘’parti de porteurs de boubous, parti de musulmans, parti d’étrangers’’. Sous nos cieux, ce sont là, des réalités sociologiques et l’on aimerait savoir ce qu’en pense André Silvère Konan ? Les militants continuent de suivre le leader d’un parti politique parce qu’ils sont originaires de la même région que ce leader et non pour ses idées politiques dont certains n’en ont cure. Malgré nos ‘’grands’’ diplômes et nos acerbes critiques de salon, nous acceptons cette déplorable situation qui fait et fera toujours le lit au « Va chez toi pour briguer un poste électif ». Bien vrai qu’elle est la mieux partagée dans ce pays, il est temps, grand temps qu’on mette fin à la mauvaise foi. Sachons raison gardée et ne pas ouvrir la boite de Pandore.

Khalil Ben Sory

Lementor.net

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