Agro-business : 70 milliards Fcfa introuvables , le lanceur d’alerte est une banque

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Certains souscripteurs refusent de croire à l’escroquerie de l’agrobusiness et ils continuent de soutenir Christophe Yapi. Sur les réseaux sociaux et dans des manifestations, ils s’en prennent tout particulièrement à une banque, Nsia Banque, accusée d’avoir aidé à les spolier, pour avoir clôturé avant l’heure, les comptes de MonHevea.Com et Agronomix dans ses livres.

Or, comme la loi et la déontologie du métier de banquier l’obligent, Nsia Banque, n’a fait que jouer son rôle de « lanceur d’alerte », et permettre de découvrir à temps l’escroquerie de l’agro-business, empêchant que le scandale prenne une plus grande ampleur.

Disons-le clairement : la banque a sauvé de nombreux souscripteurs d’une faillite plus grande et mis fin à une escroquerie connue sous le nom de mécanisme Ponzi, un montage financier frauduleux qui consiste à rémunérer les premiers souscripteurs avec l’argent des derniers investisseurs.

L’alerte aurait pu venir plus tôt ? Il n’était pas possible, pour la banque, de déceler plus en amont l’escroquerie. De nombreuses précautions doivent être prises afin d’éviter un procès, si finalement l’activité n’est pas illicite, comme tente encore désespérément de le faire croire des souscripteurs et promoteurs.

Alors que les enquêtes officielles ont conclu qu’il s’agissait d’une escroquerie, le lobby de l’agro-business tente toujours, en vain heureusement, de faire croire qu’il s’agit d’une activité licite et régulière qui devait effectivement rapporter les RSI (Retour sur investissement) prévus. Et des partisans et communicants de Yapi Christophe, dont les structures comptent le plus grand nombre d’adhérents (près de 65%), continuent de croire qu’il était à même de tenir les engagements pris avec les souscripteurs.

Selon nos investigations, les comptes de Monhevea.com et d’Agronomix ouverts, en Avril 2013 et en Février 2015, chez Nsia Banque, ont été clôturés depuis le mois d’octobre 2016.

Au cours des deux premières années , les choses se sont déroulées, en apparence, de façon plus ou moins régulière et normale , selon les procédures et sur la base des indications contenues dans les registres de commerce présentés : « la création et le développement de plantations diverses notamment d’hévéa , de cacao et de tout produit vivrier , la commercialisation de produits phytosanitaires, accessoires agricoles, la location et l’achat de terrains agricoles, l’import-export, le négoce général et l’élevage ». De tout cela, il ne fut rien sur le terrain !

Une banque qui ouvre des comptes bancaires fait son travail, l’enregistrement de l’activité commerciale ayant été fait dans les règles au tribunal du commerce et aux Impôts. Ceux qui veulent voir à travers des documents purement administratifs, (registres de commerce, statuts et déclaration fiscale d’existence), une caution de l’État pour une activité déclarée non soumise à agrément ou autorisation préalable, se trompent. L’administration enregistre une société. L’État, n’est nullement caution.

Avant la fermeture des comptes dont Yapi Christophe était l’unique signataire, la banque avait lancé l’alerte au niveau de la Centif, la cellule locale qui s’occupe de traquer les blanchiments d’argent et d’organiser la lutte contre le financement du terrorisme.

Nsia Banque aurait déclaré avoir des soupçons sur le caractère licite des activités de Christophe Yapi, qui avait directement retiré des centaines de millions dans les guichets automatiques ; ce qui est contraire aux règles de gestion d’une Sarl selon les règles de la comptabilité.

Les révélations recueillies montrent que, jusqu’à la fermeture des comptes, Agronomix et MonHevea.Com n’avaient pas pu produire les documents nécessaires pouvant justifier le volume des transactions et des dépôts effectués sur les comptes bancaires ouverts dans les agences de la banque.

Au moment de la clôture des 9 comptes ouverts à Nsia Banque ( 2 comptes Agronomix, 2 comptes MonHevea.Com , un compte AgroCred , et 4 comptes personnels de Christophe Yapi ), l’ensemble des avoirs disponibles transférés étaient de moins de 5 milliards sur 22 milliards Fcfa gelés pour l’ensemble des structures agro business.

Contactée pour donner des détails sur les montants précis dans ses livres qui ont été transférés aux banques indiquées par Yapi Christophe , et sur l’identité des établissements financiers qui ont accordé l’asile à un client suspect refoulé par un confrère , Nsia banque a renvoyé au comité de veille , en évoquant aussi bien le secret de l’instruction, que le secret bancaire.

On note qu’au moment où le scandale éclate publiquement, et où, également, les structures étatiques se saisissent du dossier, Nsia Banque n’avait plus clairement rien à voir avec Yapi Christophe , ni avec ses sociétés. La relation commerciale avait cessé.

La banque a, au cours de l’année 2016, demandé des documents et justificatifs des dépôts ayant atteint la somme de 17 milliards Fcfa sur le compte Agronomix.

Au-delà de l’attitude de la banque chère à Jean Kacou Diagou, les questions qui sautent aux yeux , mais que personne n’a encore posé, notamment parmi les défenseurs et soutiens de l’agro-business, sont les suivantes :

1) puisqu’il est établi que MonHevea et Agronomix ont perçu un montant global de cent un milliard trente-quatre millions huit cent quatre-vingt-dix mille neuf cent soixante-six francs (- oui vous avez bien lu ) – : 101034886966 Fcfa – ) , pour 33963 souscripteurs et 53708 souscriptions d’une part , et que d’autre part il y’a eu des frais et dépenses de gestion de personnel et divers de près de dix milliards pour 21 milliards cinq cent millions de RSI , et un solde de 9 milliards quarante-deux millions Fcfa, où est donc passée la différence énorme de près de 70 milliards de Fcfa ?

2) Comment, à ce jour, la destination de ce gap n’a-t-elle pas été encore identifiée ?

Au lieu de commenter le montant dérisoire que reçoivent certains souscripteurs, il est urgent de retrouver cet argent, qui servirait à payer les montants souscrits dans leur totalité. Ce montant de plusieurs milliards de Fcfa a-t-il été investi, placé ou détourné à travers des prête-noms ? Quelles sont les complicités qui existent ?

La mise à jour de l’escroquerie s’explique largement par la fiabilité du système bancaire ivoirien. Les pouvoirs publics ont clairement dit que l’agro business était une escroquerie , les arrestations vont se poursuivre.

La naïveté des victimes de l’escroquerie ne manque pas de nous étonner. Qui est responsable ? L’État ? Les banques ? Ou les escrocs eux-mêmes qui profitent de la crédulité de ceux qui veulent s’enrichir rapidement ?

Ailleurs certains ont voulu acheter la Tour Eiffel, d’autres ont suivi Madoff, d’autres encore ont acheté le crâne de Voltaire enfant ; en Côte d’Ivoire, des investisseurs « naïfs » croient que les arbres deviennent centenaires en moins de 100 ans, grâce à des méthodes modernes de culture.

Nous continuerons à suivre de très près cette escroquerie….

Alice Ouédraogo

http://www.afrikipresse.fr

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