Déclaration de Soro à son retour : début d’une vraie sagesse ou nouvelle ruse pour endormir Ouattara après Bédié

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De retour en Côte d’Ivoire après plus de  2 mois d’absence, le Président Guillaume Soro a fait une déclaration dont on peut se demander s’il s’agit du début d’une vraie sagesse, ou plutôt d’une ruse pour endormir le Président Alassane Ouattara après le Président Henri Konan Bédié.

Dans cette déclaration, quelques personnes ont eu l’impression d’entendre Nelson Mandela  : Guillaume Soro se présente sous les habits d’un acteur politique innocent, dont les mains ne sont ni souillées ni tachées de sang, d’un ardent défenseur de la République et de la démocratie, respectueux des Institutions et de la légitimité du pouvoir. À écouter Guillaume Soro, dimanche à son retour, on lui donnerait le bon dieu sans confession !

Un jeu de dupes ?

En réalité, personne n’est dupe, car on a compris le jeu : le Président de l’Assemblée nationale laisse certains de ses proches souffler sur les braises d’un incendie politique (attaques contre le PR, le PM, les officiels,les institutions etc), et lui, il tient un discours d’apaisement, parce qu’il sait tout ce qu’il a à perdre dans l’affrontement direct et irréversible avec le Président Alassane Ouattara.

Le grand reproche qu’on lui fait avec insistance , c’est de n’avoir pas désavoué, de façon ferme et définitive,les attaques, les insultes et les propos outranciers tenus autour de lui. On ne peut avoir dit et fait tout ce qu’il s’est passé ces derniers temps, et espérer, comme si rien ne s’était passé, qu’un simple entretien avec le Président de la République fera oublier les outrances et les outrages. 

C’est bien l’union des Soroïstes qui avait traité Alassane Ouattara de père indigne, méchant et injuste; Amadou Gon Coulibaly de « chef de gang ». Récemment encore le régime Ouattara a été traité d’autocrate et de fébrile. On a même lu Touré Moussa nous dire que le régime de Monsieur Laurent Gbagbo était plus conciliant avec eux, plus démocratique donc.

L’air de la réconciliation et de la paix

Guillaume Soro et Alassane Ouattara pourront continuer à se parler, mais nous en sommes à un autre stade de l’affrontement politique irréversible , la confiance qui avait existé par le passé entre le Président Ouattara et Guillaume Soro s’étant considérablement affaiblie. De plus nous savons que le diable se niche dans les détails : la déclaration de Guillaume Soro, à l’aéroport, est pleine de bonnes intentions. Est-elle sincère ?

Il est vrai que Guillaume Soro semble avoir revu à la baisse son arrogance : lors de sa précédente arrivée à l’aéroport, son ambition était de demander pardon à la fois à Bédié, Ouattara et Gbagbo, mettant ainsi Ouattara ( actuel chef de l’État) au même institutionnel niveau que ses prédécesseurs, là où lui-même exige de la considération pour lui. Une erreur. Cette fois-ci, c’est Alassane Ouattara seul qu’il cite. L’arrestation de Soul To Soul conduit-elle Soro à devenir plus  humble et plus respectueux du Chef de l’État , et de toute la force et la puissance qu’il incarne ?

Pourtant cette humilité et ce début de sagesse, ne convainquent pas totalement ,  surtout lorsqu’il y’a de l’hypocrisie et un faux-semblants visibles : « En ce qui concerne mes relations avec le Président de la République, je peux vous assurer qu’elles sont bonnes. Je m’emploierai en toute humilité à faire en sorte que les relations avec le Président de la République soient bonnes.  D’ailleurs dans les prochains jours, avec beaucoup d’humilité, j’irai voir le Président de la République pour parler lui ».

Il existe pourtant un vrai désaccord avec Alassane Ouattara. Ce désaccord est simple : Guillaume Soro estime être le dauphin naturel du Président Ouattara en 2020. Il estime être plus qualifié et le meilleur de tous, hormis le chef de l’État. Le désaccord ne porte ni sur l’exercice du pouvoir, ni sur les orientations économiques. Guillaume Soro ne pas prend pas en compte les ambitions du RDR, ni celles du PDCI. Il refuse de mesurer ces ambitions. Le choix qui a été fait est celui de l’absence et d’une stratégie qui entretient un climat de guerre civile sur les réseaux sociaux. Non, tout ne va pas bien, entre Guillaume Soro et l’ensemble de la classe politique ivoirienne qui affirme des ambitions que Soro pourrait contrarier. L’opposition Soro-Ouattara n’est qu’un aspect de l’affrontement politique qui se dessine dans la perspective de 2020. On est encore sceptique sur la sagesse retrouvée en lisant cet autre extrait : «  Il ne faut pas donner raison à ceux qui agitent le chiffon rouge du coup d’État permanent, ou de la déstabilisation permanente pour exister. Nous ne commettrons pas cette erreur. Nous allons continuer de véhiculer le message de la paix (…) Certains ont intérêt à ce qu’il n’y ait pas la paix. Quand la paix existera, ils n’existeront pas. Il faut qu’il y’ait la paix dans ce pays. Et je vais y travailler ».

On découvre des armes chez un de ses proches. Le pouvoir et la justice voudraient savoir pourquoi ces armes chez Soul to Soul ? Pourtant , ce sont les « opposants » ( ou plutôt ceux qui critiquent cette découverte),  à Guillaume Soro qui sont accusés de vouloir entretenir un climat permanent de coup d’État ! Qui a commencé le commerce et le maniement des armes ? Qui sans mea culpa aucun dit et redit, et passe son temps à dire : « si la rébellion était à refaire, si les armes étaient à reprendre, je le ferais » ? Qui a écrit : « Pourquoi je suis devenu rebelle », refusant d’écrire « Pourquoi je n’aurais pas dû devenir rebelle ». On ne refait pas l’Histoire, mais l’Histoire poursuit, surtout lorsqu’elle véhicule des torrents de larmes chez les victimes.

Le dialogue peut-il triompher ?

Guillaume Soro se prononce à la fois pour la reprise du dialogue et pour le respect de l’action de la justice : « Je pense que l’une des leçons que nous devons tirer des crises que nous avons connues, c’est l’arme du dialogue. On a beau être fâché ou mécontent, mais on finit toujours par s’asseoir pour discuter et dialoguer (…) Je suis convaincu que le dialogue triomphera » ; « En ce qui concerne mon collaborateur qui est détenu à la Maca, vous comprendrez que je ne puisse me prononcer sur une question qui est pendante devant la justice. Je ne veux pas avoir à livrer des états d’âme, mais en ma qualité de président de l’Assemblée nationale, il est de mon devoir de faire confiance à la justice de mon pays (…) ». Paroles sincères ou enfumage face auquel il faut rester totalement vigilant ?

Soul to Soul, Touré Moussa, Félicien Sékongo, Alain Lobognon, Meité Sindou, Franklin Nyamsi ont dit haut et fort, sur tous les registres possibles, tout le mal qu’ils pensent de la justice du pays, alors que leur chef Guillaume Soro est toujours RDR, Rhdp, Président de l’Assemblée nationale, allié du régime en place. Imagine-t-on un conseiller de Ouattara, de Gon, d’un ministre RDR, d’une part et d’autre part, des proches d’Affi, de Gbagbo et même des autres leaders ou acteurs politiques, tenir des discours critiques et polémiques de cette nature sans être rappelés à l’ordre ?

Le véritable enjeu : la conquête du pouvoir

Le véritable affrontement n’est pas idéologique, il est politique avec comme enjeu la conquête du pouvoir. Le monde politique de Guillaume Soro apparaît comme le monde de la duplicité. Une duplicité dont sont déjà victimes Henri Konan Bédié et le Pdci : pour Soro et son camp, repousser sa candidature à 2030,au motif de la jeunesse du chef du parlement, n’a aucun sens, c’est contre les aspirations du peuple ! Le désaccord profond avec le Président Bédié et le Pdci , au sujet de l’alternance, n’est pas régulièrement abordé dans les réactions, mais il est bien réel. Guillaume Soro est, pour les soroïstes, le dauphin naturel, le meilleur de tous- ce qui est aussi le sentiment des autres à l’égard de leurs leaders , sans cette même fébrilité, constatée dans le monde de Soro. De cette certitude, naît la duplicité du camp Soro, qui souffle le chaud et le froid. Si les soroïstes peuvent dirent qu’ils n’ont pas eu de problèmes avec Laurent Gbagbo, c’est parce Soro n’était candidat à rien, sans oublier qu’il avait des armes. N’oublions pas que sa duplicité, combinée à celle de l’ex-Président ivoirien, avait fait échouer Seydou Diarra et Charles Konan Banny, dans l’application de l’accord de Marcoussis, devenu dialogue direct. La tentation de réécrire l’histoire n’est jamais loin dans le camp de Soro.

Que veulent les Ivoiriens ?

Que veulent les Ivoiriens ?  Les ivoiriens veulent que la compétition politique commence, mais qu’elle se déroule dans le cadre du débat démocratique, à armes égales ! Implicitement, la candidature de Guillaume Soro est lancée, et il est déjà en posture de candidat sans s’être déclaré. D’autres candidats se préparent, même si 2020 est encore loin et si Bédié et Ouattara ne se sont pas encore exprimés sur le sujet. Les ivoiriens veulent une bataille à la loyale, sans hypocrisie ni double jeu. Nourrir une ambition présidentielle est normale, et cela ne doit souffrir de duplicité.

En apparence la seule sagesse et la note lumineuse du message d’arrivée du Président de l’Assemblée nationale est peut-être cette parole : « Il n’est de l’intérêt de personne que la tranquillité des Ivoiriens soit troublée. Et il ne sera pas dit que je vais y contribuer, bien au contraire, je vous ai dit mon engagement malgré quelques soubresauts que nous pouvons connaître, à travailler à l’apaisement.  C’est l’occasion pour moi de lancer un appel à tout le monde pour que nous allions dans le sens du dialogue et de la tranquillité ». Le problème est que cette phrase ne s’adresse même pas expressément à ses partisans.

Tant qu’ils n’admettrons pas que ce sont eux qui refusent de travailler à l’apaisement, Guillaume Soro et son camp nourriront toujours une imaginaire et incompréhensible attitude et sentiment d’ingratitude de Ouattara à leur égard et à l’égard de leur « gourou » (au sens positif de guide, mais aussi négatif de chef de secte).

Monsieur Soro n’est pas un opposant historique à Alassane Ouattara, à la coalition Rhdp qui dirige le pays. Il doit convaincre s’agissant de ses ambitions, et non pas faire des calculs politiciens pour espérer conquérir un hypothétique électorat hétéroclite composé de LMP, de déçus du RDR et du Pdci, de quelques revanchards isolés du FPI. S’il n’y a pas au delà des slogans et incantations, cette volonté de retour à un débat démocratique, loyal et sincère, courtois, sans injures ni arrogance, mille conversations avec Alassane Ouattara ne changeront rien !

Et les déclarations au bas des passerelles des avions, dans des salons d’honneur après une absence de deux mois, ne pourront pas modifier le regard que des Ivoiriennes et des Ivoiriens portent sur Guillaume Soro. À moins que la stratégie conduise encore à s’absenter de longues semaines pour revenir au dernier moment, en 2020, et s’affirmer comme recours ( pendant ses absences, ses partisans, à côte des outrances et des attaques, lui construiront un profil « victimaire ».), il est temps de cesser d’être belliqueux, et de manquer de maturité politique, car tout ce que nous avons décrit , est le signe d’un manque de rigueur et de maturité, ainsi que le refus de l’État de droit, dans la croyance que nous sommes encore dans la logique, des postures obtenues grâce à la rébellion. Quand des ex-rebelles non encore totalement repentis et pas du tout prêts à regretter leur rébellion, ( présentée comme une révolution à refaire si nécessaire ) , difficile de croire en eux, lorsqu’ils parlent de démocratie, lorsqu’ils dénoncent ceux qui crient au coup d’État permanent, surtout après la découverte faite chez Soul To Soul. Il y’a une confiance à rétablir, une confiance à recréer.

Justice Konan

Citoyen ivoirien

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