Guillaume est-il subitement devenu vieux ? Les raisons profondes d’un revirement communicationnel.

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Pas plus tard que la semaine dernière, l’argument du jeunisme contre la gérontocratie était la ligne directrice du service de communication du Président de l’Assemblée nationale ivoirienne. La jeunesse de ce dernier était à cette fin présentée et revendiquée comme une vertu démocratique, un signe de vitalité politique, d’inventivité et de créativité par rapport à la sénilité des « vieillards » qui dirigent en ce moment la Côte d’Ivoire. Les néologismes fumeux de « transition générationnelle » et de « leader générationnel » avaient été inventés ex-nihilo pour tenter d’asseoir conceptuellement ce jeunisme politique en Côte d’Ivoire. Pour corroborer ce discours propagandiste le Président de l’Assemblée Nationale avait été campé en Emmanuel Macron, en Justin Trudeau et récemment en Sebastian Kurz ivoirien. Soit dit en passant, j’avais été moi-même furieusement égratigné par la griffe rageuse du gourou de cette faction Franklin Nyamsi qui m’accusa d’être un « vieux renfrogné » lorsque je me permis de lui demander à partir d’une motivation citoyenne, de reprendre son équerre et son compas, pour se refréner et retrouver son orient, après les injures infamantes qu’il avait déversées sur l’honorabilité du ministre de l’Intérieur et du Premier Ministre. Désormais, depuis la fin de la semaine dernière, la ligne communicationnelle de la faction a pris un virage de 180 degrés. Le jeunisme est radicalement rejeté et conspué au profit d’une valorisation de la gérontocratie, de la maturité de l’adulte en raison du bénéfice de l’expérience que véhiculent ces qualifications. Avant-hier, la jeunesse était pour la faction Soro Guillaume, le signe majeur de la vertu et de l’excellence politique. A quelques jours d’intervalles, cette même faction considère désormais que la qualification de « jeune homme » est une insupportable insulte ! La série suivante d’interrogations insolentes et pleines de morgue de l’arrogant gourou de la « sorosphère » est symptomatique de cette mutation et de ce rejet du jeunisme. Suite à la déclaration du Président de la République, reconnaissant les qualités politiques du jeune Président de l’Assemblée Nationale Soro Guillaume, Franklin Nyamsi s’interroge et menace s’adossant pour l’occasion à la nationalité française: « Jusqu’à quel âge reste-t-on un « jeune homme » ? Je poserai la question au Président de la République Emmanuel Macron : 39 ans ». « On attend ici le premier Président Africain qui osera présenter Emmanuel Macron comme « un Jeune Homme » dans les médias ». L’arrogant Franklin Nyamsi termine cette rageuse réaction médiatique par une injonction péremptoire au Président de la République de Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara : « Une démocratie n’est pas une classe où un maître peut dire à Tous Les élèves : Silence ! ». Soit dit en passant, le mégalomane et le mythomane Franklin Nyamsi prétend, comme le suggère son propos ci-dessus, pouvoir converser personnellement avec le chef de l’Etat français Emmanuel Macron. J’avais prédis, dans une contribution précédente, que Franklin Nyamsi finirait par agresser verbalement le Président de notre République, le chef de notre Etat, l’Etat de Côte d’Ivoire. Nous y sommes. Au-delà des dérapages verbaux qui doivent interroger tous les concitoyens ivoiriens, au-delà des clivages inter-partisans, comment expliquer ce virage soudain à 180 degrés de la ligne communicationnelle de la « sorosphère »? La faction aurait-elle adopté la stratégie de la confusion pour brouiller les repères après avoir constaté que la ligne démagogique du jeunisme n’a pas réussi à tromper la maturité politique des Ivoiriens qui lui posent désormais la question démocratique incontournable du programme politique et du projet de société ? La « sorosphère » aurait-elle décidé de se rabattre sur le culte de la personnalité, pour dissimuler cette vacuité ? Aurait-elle décidé de déporter le débat politique ivoirien sur le terrain de l’affrontement personnalisé, afin de transformer ce débat démocratique en espace d’injures et d’agressions verbales, une forme de brutalité politique de sombre augure en regard de 2020 ? Comme je l’ai déjà souligné, les Ivoiriens ne doivent pas se laisser distraire par le brouhaha étourdissant des changements confus de cap et des insolences verbales du mégalomane Franklin Nyamsi, tête pensante de ce cheminement erratique. La faction politique, dont Franklin Nyamsi est devenu le gourou en 2011, est engagée depuis 2002 dans une logique anti-démocratique de conquête du pouvoir qui privilégie les stratégies efficaces auxquelles est consubstantiellement liée la violation des droits humains. Elle n’est pas engagée dans une logique démocratique de défense des droits de l’homme et de limitation du pouvoir. Les différentes séquences de la stratégie communicationnelle de cette faction doivent être appréhendées relativement à sa logique anti-démocratique. Elles en sont les moments significatifs.

(A suivre)

Dr Alexis Dieth

Professeur de philosophie

Cedea.net

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