VICTOIRE DE UHURU KENYATTA : A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire

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« Le décor de l’affrontement est planté ». Ainsi écrivions-nous dans notre édition du 25 octobre 2017, lorsqu’après le désistement de la Cour suprême, la Commission électorale kényane (IEBC) confirmait la date de la reprise de la présidentielle, le 26 octobre dernier. On ne pensait pas si bien dire, puisqu’au lendemain de cette présidentielle bis, le Kenya vit au rythme de la violence sur fond d’émeutes et de blocages de l’administration publique et privée. C’est comme si, après les massacres et les tueries qui avaient suivi l’élection du 8 août dernier invalidée par la Cour suprême, venait de s’ouvrir au Kenya une nouvelle saison des machettes sur  fond de tensions tribales. Et c’est peu dire ! Pour preuve, des scènes de violences ont éclaté dans plusieurs contrées du pays, provoquant massacres et incendies tous azimuts. Et l’optimisme n’est pas permis quand on sait que le conflit, jusque-là politique, a pris une dimension ethnique. Si fait que Kikuyu (ethnie de Ukuru Kenyatta) et Luo (ethnie de Raïla Odinga) ont maintenant commencé à se rentrer dedans. Le dernier exemple en date a été l’attaque coordonnée du quartier de Kawangwaré, où marchés et habitations ont été complètement démolis et saccagés. Alors, que faire dans ces conditions ? Uhuru Kenyatta maintenant réélu parviendra-t-il à gommer toutes ces divisions qui, si ce n’est déjà fait, sont en passe de saper les fondements de la nation kényanne ? Comment diriger un pays où les principales composantes ethniques se vouent une haine morbide et sont prêtes à en découdre les unes avec les autres ? On se perd en conjectures, étant donné que Raïla Odinga ne semble pas disposé à se laisser conter fleurette.

La communauté internationale doit  monter au créneau

Car, tout en affirnant sa stratégie de désobéissance civile, il promet de pourrir la vie à son adversaire Uhuru Kenyatta qui, de guerre lasse, n’arrive plus à contenir les violences policières dans le pays. Les faits parlent d’eux-mêmes. En effet, depuis la présidentielle du 8 août dernier, 33 personnes ont été tuées et 67 autres blessées au cours des manifs de rue. Quant à la présidentielle bis qui s’est déroulée le 26 octobre 2017, dans les conditions que l’on sait, le bilan s’élève à 4  morts et 13 blessés. Et ce n’est pas tout. Le pire est à craindre. Car, si rien n’est fait pour endiguer les violences en cours, le Kenya risque de vivre une hécatombe bien pire que celle qu’il a connue en 2007 et qui, un tant soit peu, avait valu des ennuis judiciaires à Uhuru Kenyatta. C’est pourquoi la communauté internationale, notamment la Cour pénale internationale (CPI), se doit de monter au créneau pour rappeler aux uns et aux autres la ligne rouge à ne pas franchir. A défaut, l’on risque d’assister à un psychodrame d’une ampleur jamais égalée. Peut-être faudra-t-il, s’il y a lieu, et dans l’intérêt supérieur du peuple kényan, écarter les deux principaux protagonistes que  sont Uhuru Kenyatta et Raïla Odinga. Cela pourrait, du reste, avoir l’avantage de faire émerger une nouvelle classe politique à même de reconstruire le Kenya qui se meurt.

Boundi OUOBA

Le Pays (Burkina Faso)

 

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