Refus du parti unifié, deal avec le Fpi, fronde contre Ouattara: Qui veut pousser Bédié à la faute ?

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Qu’est ce qui se passe au juste entre le RDR et le PDCI ? A deux années de la fin du second mandat du chef de l’Etat, au PDCI, des cadres sont à la manœuvre pour déstabiliser la machine RHDP.

« Il y a quelque chose de pourri dans le royaume du Danemark ». Cette boutade de Marcellus, en ouverture de la célèbre pièce Hamlet de William Shakespeare, qui décrivait l’ambiance de trahison et de corruption au sein de ce royaume, derrière les apparences de l’ordre et de la grandeur peut refléter l’ambiance qui prévaut actuellement au sein de la grande famille des houphouëtistes. Comme dans cette pièce de théâtre écrite au XVIe siècle, aujourd’hui au sein du RHDP, coalition politique au pouvoir, il y a une forte odeur de trahison, de duplicité et/ou de double-jeu qui fait que cette alliance qui a remporté des batailles épiques depuis 2005 est sur le point de voler en éclats. Le RDR et le PDCI RDA, les deux poids lourds de cette alliance sont les principaux acteurs de ce méli-mélo politique dans lequel on ne sait pas véritablement si quelqu’un a trahi son ami ou si un ami à qui l’on a tout donné est en train de faire du chantage. Mais de part et d’autre, une vérité se dégage : C’est au PDCI-RDA que l’on entend plus de voix et ceux qui portent ces voix sont plus que jamais déterminés à en découdre avec le RDR et à rompre même l’alliance si leurs désidératas ne sont pas satisfaits. Aujourd’hui, ce n’est plus un secret. Au sein du PDCI RDA, certains membres de la haute direction ont déjà élaboré leur agenda de 2020 en dehors de tout esprit d’alliance et de coalition, notamment avec le RHDP. Et tout ceci au grand dam du président Henri Konan Bédié qui constate de jour en jour les dégâts et les distances que son parti prend vis-à-vis de son principal allié. Comme un processus irréversible, ces cadres ne veulent plus entendre parler du RHDP à fortiori du parti unifié et sont même prêts à nouer une nouvelle alliance avec l’adversaire que les houphouëtistes ont combattu ensemble, hier. La machine est bien huilée au point où le Boudha de Daoukro semble être pris dans un engrenage politique qu’il ne maîtrise pas. Il ne faut pas se leurrer. A y voir de près, il y a aujourd’hui au sein du PDCI RDA, une levée de bouclier des apparatchiks de cette formation et ces derniers sont à la manœuvre pour pousser N’Zuéba à la faute. Les bruits que l’on entend ces temps-ci et les positions tenues par certains barons du parti doyen qui sont amplifiés dans la presse achèvent de convaincre du retour en force des ultras de ce parti. Leur plat de résistance, c’est le second pan de l’Appel de Daoukro dans lequel Bédié exige une alternance au pouvoir. Mais sur cette question et pour paraphraser un aîné dans la presse, certains dignitaires du PDCI font une lecture parcellaire, partiale et partisane de l’Appel de Daoukro en s’arcboutant sur l’alternance au pouvoir en 2020. Mais en lisant méticuleusement l’Appel de Daoukro qui est le point de départ de tous les discours qui se tiennent aujourd’hui sur l’après Ouattara, nulle part Bédié n’a exigé de Ouattara une alternance au profit d’un cadre de son parti comme tentent de le faire croire ces cadres. Après avoir appelé ses militants à soutenir la candidature de Ouattara à la présidentielle de 2015, Bédié a appelé à la création d’un « parti unifié, PDCI-RDR, pour gouverner la Côte d’Ivoire, étant entendu que ces deux partis sauront établir entre eux, l’alternance au pouvoir dès 2020 ». (NDLR : Pour une meilleure compréhension de l’esprit et de la lettre de l’Appel de Daoukro, lire ci-dessous l’inté- gralité de ce qu’a exactement dit Bédié. C’était le 17 septembre 2014, à la place Henri Konan Bédié de Daoukro, lors de la visite d’Etat, du président Alassane Ouattara). Malgré la clarté de ce discours, il se trouve des hauts cadres au PDCI pour qui la priorité, ce n’est pas le parti unifié. Et pourtant, le Sphinx de Daoukro, en homme sage, a toujours demandé aux siens de travailler à la consolidation du RHDP et de le laisser discuter de la question hautement sensible de l’alternance avec son jeune frère Alassane Ouattara. Mais tout ce qui se passe aujourd’hui au PDCI sur l’agenda 2020 donne l’impression que les instructions de N’Zuéba sont foulées au pied par certains hauts cadres du PDCI. Dans les documents de stratégie et de communication du PDCI, on n’évoque plus l’idée du parti unifié. Sur l’identité de ceux qui poussent Bédié à la faute, il n’y a également aucun mystère à faire. En plus de ceux qui veulent nouer une alliance opportuniste avec le FPI et qui attaquent la gouvernance de Ouattara, l’on voit défiler à Daoukro tous ceux qui, depuis 1990, n’ont jamais admis Alassane Ouattara dans le dispositif du PDCI et les irréductibles qui se sont opposés à sa candidature en 2015. Aujourd’hui, au sein du PDCI, il faut être clair : Ce n’est pas tout le monde qui est contre Ouattara et le RDR et ce n’est pas tout le monde qui est contre le RHDP encore moins le parti unifié. Mais l’on note un retour en force des ultras qui s’apparente à une recomposition du puzzle de cadres qui n’ont jamais accepté Ouattara dans leur cœur et qui veulent jouer leur propre carte en 2020 en se servant de la machine PDCI. Et c’est ceux-là qui sont en train de pousser Bédié à la faute.

Auteur : Kra Bernard

Source : L’expression

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