Utilité du nouveau Sénat : la comparaison de la Côte d’Ivoire avec le Sénégal est fallacieuse.

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C’est une arnaque politique. En répétant cette propagande comme un perroquet, Tiken Jah se transforme, de manière délibérée ou inconsciente, en support médiatique de cette arnaque politique.

A propos du nouveau Sénat, la comparaison avec Sénégal faite pour alléguer l’inutilité de cette institution en Côte d’Ivoire est indue et rationnellement injustifiée pour deux raisons fondamentales. Premièrement le tissu sociologique ivoirien est différent de celui du Sénégal. Je parle en connaissance de cause puisque je connais existentiellement ce pays. Le tissu sociologique ivoirien est très hétérogène et très diversifié ethniquement et confessionnellement. Le tissu sénégalais est relativement plus homogène de ce double point de vue. Deuxièmement (et ce point est essentiel) au Sénégal un consensus sur le régime de démocratie républicaine rassemble les élites modernes, les élites traditionnelles, les dirigeants des confessions et les populations. En Côte d’Ivoire existe au contraire un dissensus fondamental des élites sur le régime. La République et le régime de démocratie libérale sont contestés par une grande partie des élites modernes parmi lesquelles l’intelligentsia universitaire au plus niveau, qui en appelle à la nationalité contre la citoyenneté et à une conception communautaire illibérale de l’État. Cela change tout entre le Sénégal et la Côte d’Ivoire. Le Sénégal est politiquement stable en raison du consensus des élites et des populations sur la République et l’État démocratique libéral. Les Sénégalais peuvent donc se contenter du monocamérisme, de la seule chambre basse du Parlement: L’Assemblée nationale et se passer du Sénat. En Côte d’Ivoire au contraire se fait sentir le besoin de donner une représentation parlementaire aux collectivités culturelles à travers une seconde chambre parlementaire le Sénat qui doit compléter la représentation citoyenne à laquelle est consacrée l’Assemblée nationale. Ce d’autant plus que les communautés sont ouvertement manipulées et instrumentalisées par des acteurs politiques sans vergogne. Cette instrumentalisation politique des ethnies et des confessions contre la citoyenneté est inconnue au Sénégal où les confessions viennent plutôt renforcer la République et l’unité nationale. En Côte d’Ivoire le Sénat vient répondre à l’exigence de mettre les institutions en adéquation avec le tissu sociologique du pays et avec ses transformations historiques. Complétant l’Assemblée Nationale, l’objet du Sénat est de reconstruire l’alliance originaire entre les ethnies et la modernité. Institution d’intérêt général qui répond à un besoin national la question de son financement ne se pose pas. Son fonctionnement doit être financé par le contribuable ivoirien qui tient à la stabilité de son pays. Ce financement public qui doit être supporté par chaque ivoirien est un acte de participation citoyenne. Alléguer l’exemple du Sénégal pour récuser l’utilité du Sénat en Côte d’Ivoire est donc un recours fallacieux. C’est un subterfuge partisan destiné à désinformer l’opinion publique ivoirienne. Tiken Jah se contente de couvrir cette arnaque politique en répétant cette propagande comme un perroquet.

Alexis Dieth

Cedea.net

Auteur : Alexis Dieth

Source : Cedea.net

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