Affaire « le RDR doit être un fleuve » : retour sur les propos de Guillaume Soro

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Si la bourde d’Adama Diomandé a eu un avantage, c’est d’avoir permis à la Côte d’Ivoire de savoir l’opinion du PAN sur la question du parti unifié. Dans un élément sonore le PAN se veut claire quant à la nature des relations au sein du RHDP : « L’actualité politique ces dernières semaines a bien montré le trouble qu’il y a sur la question du RHDP, du parti unifié. Je pense qu’il faut que nous ayons un cadre formel pour examiner cette question de façon approfondie. Parce que telle que les choses se présentent, il y a le sentiment bien réel que le RDR court, coûte que coûte, derrière le parti unifié et les autres temporisent. Or ce sont les autres qui, normalement, devraient courir derrière le RDR pour un parti unifié.

Je me rappelle qu’en 1990 quand les 04 partis d’opposition dits de la gauche démocratique avaient souhaité le parti unifié, un des leaders (Laurent Gbagbo) avait dit : « Ce sont les rivières qui coulent vers le fleuve. Et non l’inverse. »

Si aujourd’hui une idée aussi pertinente, efficace et belle comme le parti unifié est lancée et que certains rechignent peut-être est-ce parce que nous ne sommes pas considérés comme le fleuve vers lequel les rivières doivent naturellement couler. Peut-être alors faudrait-il que le RDR travaille davantage pour être ce fleuve où les rivières ont envie de se déverser.

J’aimerai discuter de cette idée avec les plus hauts responsables du parti. Parce que le spectacle politique qui a été donné n’est pas bon, d’autant plus que c’est nous qui sommes au pouvoir et que c’est nous qui gouvernons. C’est nous qui devons maintenir la cohésion, c’est nous qui devons faire en sorte de maintenir dans le pays la tranquillité. Il faut que nous fassions en sorte que le pays vive, se stabilise, se développe, d’autant plus l’un de nos slogans de campagne c’était : VIVRE ENSEMBLE. Je souhaite que nous puissions œuvrer dans le sens du vivre ensemble, avec tout le monde. Madame la Présidente, j’ai quelques propositions dans ce sens et je souhaiterai être reçu par vous pour pouvoir en discuter. Merci ».

La première analyse comparative que nous voulons faire est le contexte. En 1990, Laurent Gbagbo et le FPI étaient les grandes figures de l’opposition. Ainsi donc, engagé avec son parti pour la conquête du pouvoir, Laurent Gbagbo se devait d’affirmer sa première place de chef de l’opposition. Ce qui légitimerait sa candidature comme leader de l’opposition face à Felix Houphouët Boigny. Dans ce contexte, il était important pour Laurent Gbagbo de bander ses muscles et de dire : « Ce sont les rivières qui coulent vers le fleuve. Et non l’inverse. ». Une façon pour lui de dire, si nous devons nous unir, je demeure le chef et mon parti absorbera les vôtres. Changement de contexte avec le même Laurent Gbagbo. Au lieu d’être à la conquête du pouvoir, Laurent Gbagbo se doit de conserver son pouvoir acquis en 2000 suite à des élections calamiteuses. Face à une opposition (RHDP) qui donne de plus en plus de la voix, Laurent Gbagbo et le FPI, ce grand fleuve, décide de couler vers les marigots et les rivières. C’est ainsi que la coalition LMP (La Majorité Présidentielle) vit le jour. Bien qu’ayant l’appareil de l’état à sa disposition, Laurent Gbagbo change de fusil d’épaule. Au lieu de crier sa suprématie, il concède du de terrain et même des pouvoirs aux petits partis afin de pouvoir mettre en place une grande coalition qui pourra non seulement porter sa candidature mais qui permettra à son parti de demeurer au pouvoir sous une autre forme. Au FPI à cette époque, se trouvaient des cadres qui fermement pensaient comme GSK aujourd’hui. En lieu et place de LMP il faut consolider le FPI et ne laisser qu’une portion aux autres partis bien qu’ayant la même vision sur le pays. La conséquence aurait été que le candidat Laurent Gbagbo n’aurait jamais autant rassemblé comme en 2010 lors de son face à face contre le président Ouattara. En faisant un rapprochement d’avec la situation du RDR, il faut surtout comprendre que le RDR se trouve dans la posture du FPI en 2010 non pas dans celle de Laurent Gbagbo en 1990

Pour espérer rester au pouvoir sans compromettre la stabilité du pays, il est important que rivière, marigots ou étendus  d’eau s’unissent dans un fleuve plus grand appartenant à tous pour continuer le projet de société qui demeure l’épicentre de la lutte des houphouetistes. Pour préciser notre pensée, nous disons qu’en 1990, Laurent Gbagbo ne  recherchait qu’à être à la tête de l’opposition. C’était l’objectif du moment. En 2010, il voulait se donner plus de légitimité afin de conduire sa politique d’où la mise en place de la coalition LMP qui devrait aboutir à la mise en place d’un parti de gauche, rêve de Laurent Gbagbo depuis toujours.

Le deuxième point de notre analyse se trouve concerne la nature même du parti unifié. Le parti unifié n’est pas la consécration de la domination du RDR sur les autres partis, sur les rivières et les marigots. Il faut plutôt voir le parti unifié comme l’expression commune de la volonté de conduire les affaires de l’Etat et de travailler  au bonheur de nos peuples. Dans le parti unifié, il n’est pas question d’écraser l’autre comme le pense le PAN. Il est surtout important de souligner que le parti unifié est la formalisation d’une collaboration politique au nom du premier président de notre pays et qui date de plus de dix ans. Le PAN lui-même est un bénéficiaire direct de cette politique Houphouetiste.

Comment peut-il comprendre la nécessité du parti unifié comme tout militant de base sous informé ? Nous sommes surpris de sa lecture sur la question du parti unifié. Une lecture simpliste qui fait fi des véritables enjeux de notre pays : à savoir le développement et la paix sociale. Une position qui se rapproche de celle des milliers de militants qui ne savent pas que diriger un pays passe par un front politique et social calme et maitrisé. Le parti unifié en est le gage.

Il est important de souligner que le but du parti unifié, au-delà de la gestion commune du pouvoir consiste à parler et à agir d’une seule voix. Le parti unifié n’est donc pas un ensemble avec plusieurs compartiments. Ça c’est une coalition comme l’est à présent le RHDP, ou le plus fort prend plus de place. Le parti unifié est un ensemble homogène ou il ne sera plus question de RDR, ni de PDCI, ou encore de UDPCI ou de MFA. A ce stade, il ne sera question que d’un seul ensemble : celui des Houphouetistes.

La rédaction

Lementor.net

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