Présidentielle 2020 : Pourquoi Guillaume Soro doit abandonner l’idée d’être candidat

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Alors que Guillaume Soro lui-même s’est donné un temps de réflexion relativement à sa possible candidature à l’élection présidentielle de 2020, ses proches semblent déjà tout excités à l’idée de voir leur mentor briguer la magistrature suprême en 2020. Il faut dire que tout est allé vite, comme synchronisé, après l’interview du président de l’Assemblée nationale sur France 24 et Rfi en marge de son récent séjour au Canada et en France. La méthode est la même. Soro Guillaume fait semblant d’être soucieux de s’entendre avec Ouattara et Bédié, donc dans l’impossibilité de décider sur le champ d’une part, pendant que ses lieutenants, donnent la bonne nouvelle, toute autre que celle du chef, surtout maintiennent la flamme de leurs suiveurs allumée et intacte d’autre part. Un double jeu dans le discours officiel de la sorosphère bien en place depuis des années.

D’abord, c’est l’ancien ministre des sports, Alain Lobognon, soupçonné d’avoir empoché la prime des éléphants victorieux de la CAN en 2015, qui a vite fait de monter sur ses grands chevaux en indiquant la voie à suivre à son patron pour 2020. Il dit vouloir jouir de son droit constitutionnel (?) donnant la fausse impression qu’il serait empêché par des forces invisibles.

Même son de cloche chez Félicien Sekongo, concepteur de maintes organisations, mort-nées dont l’Amicale des Forces Nouvelles. L’homme à la barbichette qui a maintes fois insisté sur son non-militantisme au RDR se veut claire : « Guillaume Soro se présente à nos yeux comme étant un de ces leaders capables de rassembler la Côte d’Ivoire. Pour nous, Guillaume Soro n’a même pas le choix. Il faut qu’il se porte candidat pour nous satisfaire, pour satisfaire le désir du peuple de Côte d’Ivoire », souhaite-t-il. Balayant du court, la nécessité de consulter Bédié ou Ouattara. Une façon de dire avec Ouattara ou Bédié, avec le RDR, le RHDP ou sans eux, Guillaume Soro sera candidat.

Ses inconditionnels de l’ancien secrétaire général de la FESCI selon nos sources sont davantage motivés dans leur position par le discours du président de la République lors de l’assemblée générale constitutive du RHDP lorsqu’il a indiqué qu’il souhaiterait transférer le pouvoir à une nouvelle génération. Alain Lobognon croit ainsi dur comme fer que son chef incarne le symbole de cette nouvelle génération. Plusieurs analystes préfèrent insister sur le fait que « nouvelle » génération et « jeune » génération sont diamétralement opposées et toute interprétations inappropriées des dires du président pourraient conduire à des surprises. On sait aussi que le canevas, l’angle de communication de la Sorophere est de donner une impression, ou de se présenter comme jeunes, alors que maintes d’entre eux avoisinent la cinquantaine pour ne pas dire se trouvent au-dessous des 50 ans les éloignant du coup de la catégorie « jeune ». il est donc important de se poser la question de savoir comment les stratèges du camp Soro pourront ajuster la théorie de la succession générationnelle sachant qu’ils ne sont pas la plus jeune des générations.

Le choix du concerné lui-même qui est de réfléchir sur la question, n’est certainement pas fortuit. Guillaume Soro sait pertinemment que sa posture actuelle ne lui permet pas d’annoncer les couleurs pour 2020, lui et ses nombreuses bruyantes casseroles qu’il traine. Il sait également qu’il appartient à une famille politique et qu’il ne peut pas se dérober des règles de ce parti essentiellement la discipline et la solidarité dans l’action politique. À la question de savoir s’il comptait créer un parti politique, il a rapidement répondu que cela n’était pas à l’ordre du jour.

Par contre, Alassane Ouattara a accepté de prendre la présidence du RHDP, pour comme il l’a dit lui-même permettra de mieux préparer les prochaines élections locales, mais surtout les présidentielles de 2020. Peut-il se mettre à dos Alassane Ouattara qui vient, en prenant la tête du RHDP unifié, de s’accaparer l’appareil politique dont Guillaume Soro et ses sbires n’ont jamais caché l’envie d’en prendre les rênes. Avec cette montée en force du président Ouattara, le jeu se complique pour le natif de Ferkessédougou qui par le passé ; et même récemment, avait plutôt misé sur une mise à l’écart pure et simple de l’enfant de Kong lui permettant de mener à bien sa « guerre » du pouvoir et de succession. Se serait vraiment un luxe pour Soro Guillaume d’aller à ses futures élections sans la bénédiction du président Ouattara, sans l’appui du RHDP qui compte un nombre si impressionnant de leaders en son sein et surtout sans bénéficier du réseau électoral des enfants d’Houphouët-Boigny, toujours déterminant. Guillaume doit comprendre que son avenir politique se trouve au sein du RHDP uniquement. Pas forcément en tant que successeur du président Ouattara mais comme un pion important dans le dispositif si puissant dont bénéficie le parti unifié.

A cela, il faut ajouter la sensibilité de la candidature de Guillaume Soro qui va au-delà du jeu politique ; engageant des alliances et compromettant des équilibres déjà bien en place. Si Guillaume Soro va aux élections en 2020, il sera vu par la branche des « puristes » des républicains comme un traitre qui aura fragiliser un ensemble RDR solide depuis 2011 en alimentant plusieurs débats malsains dont la « reconnaissance ». S’il rejoint la coalition que veut mettre en place Henri Konan Bédié pour affronter le RHDP parti unifié, Guillaume Soro se sera dédit politiquement et idéologiquement. A moins, qu’il soit devenu un Ivoiritaire (il devra donc écrire un autre livre : pourquoi je suis devenu Ivoiritaire) ; chose toutefois confirmée par ses représentants sur les réaux sociaux avec des textes incisifs à l’encontre du président et des allusions sur ses origines Ivoiriennes.

Si Guillaume Soro compte aussi sur le rappel des voix des Ivoiritaires (PDCI, FPI et LMP) en sa faveur, il faudra conclure que Soro est atteint de « rêverie sans limites », parce que à lire André Silver Konan, Idéologiste et « Akancrate » du vieux parti, jamais, un ex rebelle ne bénéficierait des voix des extrémistes du PDCI. Il transparait que toute alliance avec le PDCI et sa future coalition sera de jouer les seconds rôles, de faiseur de roi.

La candidature de Guillaume Soro demeure donc un couteau à double tranchant avec le concerné lui-même qui croit dur comme fer pouvoir blesser, voir anéantir (perte du pouvoir) le RDR avec cette posture alors que lui-même, Guillaume Soro, pourrait s’en sortir, égratigner, blesser ou peut être fini à vie dans le jeu politique Ivoirien où il ne faut surtout pas confondre vitesse et précipitation.  

Auteur : Cheick Diawara

Source : Lementor.net

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