Editorial – Amnistie et victoire politique d’Alassane Ouattara

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“Le premier des bons ménages est celui qu’on fait avec sa conscience. Tâchez d’être heureux en dedans. Et avant tout, ne soyez pas sévères pour les fautes d’en face. En attendant que vous soyez irréprochables, soyez indulgents. Poutre, amnistie la paille. Considérez-vous, scrutez-vous, questionnez-vous. Commencez l’interrogatoire par mettre sur le tabouret vos propres perfections. D’un certain mépris de vous-même naîtra la pitié pour autrui” – Victor Hugo.

C’est sur cette citation de Victor Hugo que nous aimerons inviter nos concitoyens à juger de la justesse et de la pertinence de l’ordonnance d’Amnistie prise le 06 Aout 2018 par le président Alassane Ouattara. Il est bon de vivre en paix, il est important de souhaiter que des lendemains meilleurs, de paix arrosent notre pays.  Simone Gbagbo et environs huit cents autres personnes ont pu bénéficier de la largesse du président Ouattara en ce jour de commoration de notre Independence.

L’Amnistie selon notre petite expérience pourrait se définir donc comme un acte par lequel, le gouvernement vise à res-souder les liens entre les peuples, les communautés, entre les peuples et les institutions et entre les institutions elles même. L’amnistie peut être vue comme le barrissement du pardon, l’expression de la reconnaissance de nos fautes mutuelles mais surtout la promesse d’un lendemain de paix et de bonheur pour le peuple. L’Amnistie s’est surtout acceptée de prendre une part de responsabilités dans les fautes commises par les autres. Amnistier Simone Gbagbo et consorts, c’est surtout pour Alassane Ouattara de dire PARDON au peuple de Côte d’Ivoire au nom des détenus. Finalement l’Amnistie, c’est accorder le pardon au nom du peuple pour des souffrances injustement endurées.

En décidant, de prendre cette mesure d’Amnistie, Alassane Ouattara n’oublie aucunement ces moments indescriptibles et inoubliables de douleurs, dont a souffert, injustement, nos populations avec une grande majorité venant de ceux qui lui ont accordé leur confiance. Quand Alassane Ouattara prend cette mesure, beaucoup de nos amis et parents comprendraient difficilement pourquoi les processus engagés ne vont pas jusqu’à leur dénouement dans la stricte application de la loi.

Oui, Simone a fauté, Lida Kouassi est un mauvais souvenir dans la gestion de nos forces de défense et de sécurité, Assoa Adou s’est montré être un fervent adepte de la bagarre. Oui, les miliciens et autres volontaires paramilitaires qui ont attaqués nos forces de sécurité et de défense méritaient la prison. Plus grave, l’Ivoirité, concept stupide de la division des peuples Ivoires, semble connaitre de nouveaux-anciens adeptes.

Que dire des familles de toutes ces victimes qui continuent de pleurer. Qui pour leurs parents, amis, frères, sœurs. Qui, pour le citoyen inconnu qui a dû payer de sa vie, au feu, à la balle ou à la noyade, la brutalité de ces personnes désormais libres. Oui, les Gbagbo, ne nous ont pas laissé un bon souvenir. Le FPI nous a déchiré le cœur, nous a versé le sang à coups de couteaux, de canon, d’article 125 et d’orgue de Staline. Mais plus grave, les supporteurs de Laurent Gbagbo et Gbagbo lui-même n’ont jamais reconnu leurs fautes. Pour certains d’entre eux, un match retour serait le bienvenu. La réalité indiscutable pour les livres d’histoires est que le chapelet pour égrener les méchancetés, les atrocités et les ignominies du FPI et ses militants serait aussi long qu’une corde reliant la terre des hommes aux ténèbres de l’enfer.  

Il est indéniable, qu’il y avait assez pour faire payer les « bleus » à travers la justice et pour longtemps encore. Mais à quel prix ? là où le président Houphouët Boigny, digne père de notre nation, nous a enseigné que la paix, la vraie paix, durable, n’a pas de prix.

La Côte d’Ivoire ne se limite pas à l’inconscience d’un groupuscule. L’hystérie collective qui a accompagné la sortie des prisonniers, principalement celle de Mme Gbagbo, nous a permis de voir des hommes et femmes fragiles, fatigués et desséchés par des années de « lutte ». Il n’y a rien de plus beau et grand que d’être heureux pour son ennemi. Notre joie au vu de Simone dansante demeura notre plus grande victoire sur leur bestialité.  L’expression de cette joie immense n’est rien d’autre que l’expression de leurs questions et craintes interminables.

Rester dans cette situation de paix incomplète est-elle notre promesse à la nation Ivoirienne ? L’émergence ne s’obtiendra que dans la paix sociale à défaut d’obtenir l’unité des cœurs. La réconciliation, un vœu cher au président Ouattara est désormais en marche, une promesse électorale qui devrait tôt ou tard être transformée en réalité. Quelque soit la méthode utilisée, nous aurions eu un peu mal pour ceux qui sont morts. Nous aurions eu un peu de grincements de dents pour ceux qui jubilent injustement. Nous aurions eu des questions à n’en point finir. Ce qui est beau, c’est que nous en sommes sortis grâce à la vision de notre président.  

C’est justement conscient de cette douleur et pour exprimer son partage des souffrances des peuples meurtris que le président Ouattara a préféré une ordonnance en lieu et place d’une loi d’Amnistie. En le décidant, Ouattara tient à fermement rassurer les Ivoiriens. L’Amnistie n’est pas un chèque blanc fait à l’impunité. En cela le président dira dans son discours : « J’invite, donc, tous les bénéficiaires de cette amnistie à faire en sorte que notre pays ne revive plus jamais de tels évènements et ne sombre plus jamais dans la violence. Nous devons, tous, prendre conscience de l’extrême nécessité d’installer, de façon définitive, une société de responsabilités, où chaque citoyen doit répondre de ses actes. ».  

Non, ni le FPI, ni Simone Gbagbo ne peuvent danser pour célébrer une victoire quelconque. Leur sortie de prison consacre la victoire politique et électorale du RHDP en 2010 sur le FPI. La pomme de discorde entre les faucons du FPI demeurant la question de qui a gagné les élections. En remerciant le Président Ouattara, toute l’opposition qui hier refusait de le reconnaitre comme chef de l’exécutif Ivoirien vient avec cette célébration dire au monde entier que c’est Ouattara qui a gagné en 2010. Plus intéressant, quand Simone Gbagbo dit que l’ancienne page est tournée, de façon tacite, elle reconnait que c’est Ouattara qui là les clés de l’exécutif depuis 2010. Notre joie, qui ne comblera jamais la douleur de la perte de tous ces Ivoiriens est que la Côte d’Ivoire s’est enfin accordée sur le débat électoral de 2010 tout en ouvrant une nouvelle page….

Auteur : Nakounzon Tieba Coulibaly

Source : Lementor.net

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