Le Coupé-Décalé et notre société suicidaire !

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Le drame du jeune danseur de Coupé-Décalé qui se brise le cou dans l’exécution des acrobaties interpelle sur le vide juridique sur ces actes suicidaires.

Les cascades dans les cirques et cinémas sont l’œuvre de spécialistes très entraînés et l’on ne manque pas d’avertir le spectateur du danger de dupliquer les scènes de ces acrobates spécialistes des chutes volontaires, des sauts dangereux et actions violentes.

Si la crise suicidaire qui persiste en occident et en Asie, fuite de la douleur existentielle par des adolescents qui manquent de ressources personnelles ou communautaires pour trouver une solution à leurs problèmes, chez nous en Côte d’Ivoire, la représentation du suicide se manifeste autrement.

Elle passe par des actes de suicides violents indirects et non des actes de suicides assumés comme sauter du toit d’un immeuble ou du haut d’un pont.

L’acte suicidaire se trouve incarné dans l’inconscience des actes périlleux anodins et cela échappe et à l’autorité publique et à la société elle-même, toujours prises de court…

On a connu des drames du même ordre dans les années 80 avec l’effervescence du Break Dance (smurf) avec le célèbre Yves Zogbo Junior de Abidjan City Breakers, Pacôme et bien sûr Ziké.

Il n’y a justement aucune différence, à part le rythme et l’époque, entre les actions périlleuses du Breakdance et du Coupé-Décalé.

On est ensuite passé par le « bôrô d’enjaillement » ou cascades sur le toit d’un bus (de la Sotra) en pleine circulation, ce jeu de la mort exécuté dans les années 90 par des élèves en manque de sensations mais surtout de repères.

Aujourd’hui, la représentation suicidaire de la jeune se réincarne, dans l’indifférence générale dans le Coupé-Décalé, exemple parfait de la culture du suicide inconscient de jeunes, souvent mineurs, une culture du « Je-m’en-foutisme » dans laquelle, face à la destruction des valeurs morales de la société, la vie de l’individu n’a pour lui-même, aucun sens.

Ces jeunes, victimes d’une société des adultes qui est incapable de léguer à sa propre progéniture les valeurs qu’elles a reçues elle-même, sont loin de se douter des risques qu’ils encourent en exécutant les cascades de cette dance au nom évocateur, « Rouskass Kass », rythme endiablé, bruyant invitant à se  » Kasser » casser le cou.

Il est temps que la législation mais surtout, l’encadrement social des jeunes, intègre cette culture déguisée du suicide à travers la danse plutôt que d’assister, désarmée, abasourdie, indifférente à un phénomène sociétal qui n’épargne aucune famille.

Auteur : Bakary Cissé

Source : Lementor.net

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