Guillaume Soro où le rêve éveillé d’un pseudo « leader générationnel »

0
456

Côte d’Ivoire : Guillaume Soro, ce qu’il risque vraiment

Guillaume Soro n’est plus Président de l’ Assemblée Nationale de Côte d’Ivoire. Depuis, il ère dans tous les coins de la Côte d’Ivoire pour ruminer sa frustration d’avoir été éjecté d’un petit tabouret. Désormais, il vise le grand fauteuil, un rêve de ses proches qui ne cessent de lui faire croire qu’il était ce qu’il n’est pas du tout, à savoir un leader générationnel.

Guillaume Soro où le rêve éveillé d’un pseudo « leader générationnel »

Voilà, on y est, Guillaume Soro se retrouve aujourd’hui dans l’opposition. Comme son nouveau parrain, il se comporte comme un enfant à qui on a refusé un bonbon et qui prend une décision extrême qui dans le fond pourrait lui couter bien plus cher qu’il ne croit. Et plus passent les jours, l’illusion dans laquelle il baigne de remplacer le Président Alassane Ouattara se développe chez lui. L’ex-chef rebelle fait le tour des opposants à son ancien « père » pour faire ami ami.

Guillaume Soro, c’est un homme hors du commun. On peut le dire au regard de son extraordinaire parcours puisqu’avec lui tout est allé vite, trop vite même. D’étudiant, il est directement devenu ministre puis Premier ministre puisque le poste de chef rebelle n’étant pas un job que même lui assumerait sur un CV. Il a ensuite été député puis Président de l’ Assemblée Nationale de la Côte d’Ivoire et c’est ce poste qui lui a donné des envies démesurées de présider un jour la Côte d’Ivoire.

Sauf qu’il faut dire à Guillaume Soro que la Côte d’Ivoire est un pays trop sérieux pour qu’il soit confié à un homme comme lui. Ce faux génie qui concentre en lui toutes les contradictions croit pouvoir enfumer plus que ces suiveurs habituels pour se porter à la tête de notre pays. De « petit de Gbagbo », il est devenu « fils de Ouattara » pour ensuite finir « protégé de Bédié ».

Même s’il n’a que 46 ans d’âge, Guillaume Soro est déjà un vieux de la politique ivoirienne, le modèle type d’hommes d’État qui ont fait leur temps, mais que les Ivoiriens rêvent de dépasser. Sauf que Soro se voit comme un leader générationnel, un mot que n’arrête pas de péroquiner son griot de conseiller, le fameuxFranklin Nyamsi, celui-là même qui croit dur comme fer qu’à force de répéter un mensonge, on en fait une vérité.

Guillaume Soro n’est ni leader, ni de la nouvelle génération de penseurs africains qui rêvent de surprendre le monde. Il n’est ni brillant en matière de proposition, car à ce jour, personne ne connait ses plans pour la Côte d’Ivoire. Aucun indice sur comment il compte moderniser ce pays. Avec qui, sur quelle durée, rien !

Guillaume Soro, c’est ce petit citoyen venu de derrière la pauvreté comme nous autres, mais qui a découvert par le truchement d’une violente rébellion armée les grandes et belles choses du pouvoir. Depuis, il s’accroche à tout ce qui brille, quitte à devenir une caricature avec ses folies de grandeurs.

Je vois encore Guillaume Soro assis sur un fauteuil royal entre Soum Bill et Didier Bilé, qui eux avaient droit à des chaises de funérailles, à qui il racontait qu’un homme devait rester constant dans ses choix. Mais voyons. C’est vrai qu’à propos de la girouette, il en connait un rayon. Mais toujours est-il que sa position dans cette vidéo montre une fois de plus son insolente et quasi incompressible envie de faire des autres ses sujets, tuant ainsi l’esprit du zouglou, musique des hommes simples, une musique de rue et de combat, qui s’était invité chez lui.

Soro Guillaume n’a aucune chance de voir la vie telle qu’elle est vraiment puisqu’il est entouré, conseillé par beaucoup d’hommes et de femmes frustrés de ne pas être à des postes qui dans leur entendement leur reviennent de droit au regard de leur rôle dans l’avènement d’ Alassane Ouattara au pouvoir. Des personnes qui voient désormais dans son ascension au trône leur seule chance de devenir ministres ou patron de grandes instituions et je pense en le disant au très aigris Tiburce Koffi…

Où est Soro Guillaume quand la Côte d’Ivoire va mal ?

Que dit Guillaume Soro des maux qui rongent la société ivoirienne ? L’école ivoirienne qui l’a révélé est au plus mal ces derniers jours. A-t-il un plan à conseiller à ses amis d’hier pour ressourdre la crise qui couve ? Parce que pour gouverner un pays, il est mieux d’avoir des solutions pour ses problèmes de ce type. Que propose-t-il ? Enfin la vraie question est : qu’est ce qu’il avait fait lorsqu’il était au pouvoir sous Gbagbo et sous Ouattara pour le secteur de l’éducation ?

Quelle est la position de Guillaume Soro sur le franc CFA ? Par quel moyen va-t-il permettre à la Côte d’Ivoire d’emboîter le pas à la Chine ou au Japon sur le chemin du développement ? Il dit quoi de la soumission des pays francophones d’Afrique à la France ?

Avec Henri Konan Bédié, Laurent Gbagbo et aujourd’hui Alassane Ouattara, les Ivoiriens savent ce qu’ils avaient et ce qu’ils auront si ces personnes continuent de gérer leur vie. Mais avec Guillaume Soro, c’est la parfaite inconnue. Qu’auront les Ivoiriens en termes d’emploi ? De santé ? D’infrastructures ? De modernisation de la justice ?

Il ne suffira pas ici de citer des résultats sans dire comment on s’y prend pour les obtenir parce que Soro Guillaume avait l’occasion de faire ses preuves lorsqu’il était Premier ministre et aussi à la tête de l’assemblée Nationale. La justice qu’il estime aujourd’hui mal utilisée, il avait justement la possibilité de la rendre autonome, indépendante, impartiale et donc puissante. Pourquoi n’a-t-il pas fait ce nécessaire travail ?

La réconciliation n’est plus une priorité pour les Ivoiriens

Les leaders politiques ivoiriens ne peuvent brandir à Ouattara leur soi-disant capacité à réconcilier les Ivoiriens pour espérer virer le RHDP du pouvoir. Les Ivoiriens veulent plus que ce simple « slogan ». Ils ne sont pas aussi divisés que le disent les politiciens et donc ce sujet est tout simplement loin des priorités des populations. Je n’ai par exemple pas besoin des propos ou d’un commentaire de Guillaume Soro, de Bédié ou de Ouattara lui-même pour m’entendre avec mon voisin qui sera le premier à accourir lorsque je serai en difficulté. Les peuples du nord de la Côte d’Ivoire et ceux du sud, de l’est à ouest continuent d’échanger, de commercer et même de cohabiter malgré la division crée par les politiques.

Soro Guillaume et d’ailleurs Henri Konan Bédié lui-même ont eu l’occasion de participer à réconcilier les tendances politiques lorsqu’ils étaient tous les deux les hommes de confiance du Président Ouattara. N’est-ce pas Bédié qui disait de Gbagbo qu’il n’avait aucune chance d’échapper à la justice « au regard des graves crimes de sang et ses nombreux détournements de fonds publics dont il s’est rendu coupable » ?

La CPI a cherché et n’a rien trouvé de cet argent ou des crimes qu’aurait perpétrés Laurent Gbagbo. Le patron du FPI a été acquitté au même titre que Blé Goudé, son coaccusé.

Guillaume Soro disait des proches de Gbagbo qui réclamaient sa libération et sa non-extradition vers La Haye qu’ils devaient se montrer « sérieux. » Selon le juge pour qui il se prenait à l’époque de sa toute-puissance « On ne peut pas demander la libération de M. Gbagbo quand on sait que ce monsieur est quand même responsable de 3000 morts ». La CPI l’a en tout cas disculpé. Les regards continuent donc je chercher les vrais coupables de ces crimes. « Quelqu’un doit bien être responsable de ces crimes », a pour sa part répondu le Président Ouattara. La question reste entière…

Qu’est-ce qui a changé aujourd’hui pour que ces deux personnes renient leurs paroles d’hier ? Les 3000 morts ont-ils été réveillés par le pasteur sud-africain Alph Lukau, « grand faiseur de miracles » devant l’éternel lui-même pour que Gbagbo soit libérable ? Mais quels conseils Bédié et Soro Guillaume qui parcouraient les plateaux d’émissions de télé et radios étrangères avaient-ils donnés à Ouattara pour pacifier l’environnement politique ivoirien lorsqu’ils étaient ses yeux et ses oreilles ?

Une chose est certaine, si le comportement de votre enfant s’améliore à son changement de fréquentations, alors ses anciens copains avaient une mauvaise influence sur lui. On peut donc en déduire que la dureté affichée par le régime Ouattara contre les pro-Gbagbo à une certaine époque n’était peut-être pas sa seule décision.

Détournement du RHDP par Soro, les risques encourus

Pleurnicher à longueur de journée dans les oreilles des Ivoiriens pour un poste de Président de l’ Assemblée nationale perdu, alors qu’on n’a jamais rendu l’argent braqué à la BCEAO de Man, a quelque chose de profondément peu sérieux. Soro est député et continue donc de toucher de l’argent du contribuable qui lui permettra de vivre mieux que nous autres.

Maintenant qu’il n’est plus avec le camp au pouvoir, on attend d’un Soro qui s’est découvert une âme de Président qu’il soit force de positions politique pour améliorer le quotidien des ivoiriens plutôt que d’amuser la galerie avec des visites de courtoisie, je dirais d’opportuniste, à la classe politique juste pour continuer d’exister dans l’actualité.

Sans être pro-Ouattara, je sais qu’avec lui on a des ponts, les routes et des rues qui commencent à être nettoyées. J’espère de son successeur, – parce que son mandat va se terminer et j’espère profondément qu’il va partir au risque de se faire accompagner par la rue, ce qui replongerait la Côte d’Ivoire dans son instabilité-, séduira avec des ambitions plus élévées.

Soro Guillaume se croit audible en disant « Le matin sur RFI j’insultais Gbagbo et à midi je le saluais en conseil des ministres et il me disait «Guillaume ça va?». Mais maintenant est-ce qu’on peut dire ça et arriver à la salle du conseil des ministres?»

Ah ! donc il faut pardonner, il faut comprendre les autres ? Ib aurait surement aimé être compris tout comme Désiré Tagro ou encore les gendarmes assassinés à Bouaké, des personnes qui ne l’avaient même pas insulté.

La « Côte d’Ivoire », comme le dirait Tilkouété Dah Sansan lors de sa dernière interview à Afrique-sur7 : « est un Pays bien trop sérieux pour le confier à des personnes qui n’ont aucun moyen de lui faire franchir un palier ».

Avec son actuel comportement, Soro s’expose à beaucoup de coups. Au FPI, contrairement aux apparences, personne ne lui a pardonné le mauvais coup qu’il a fait à la Refondation une première fois en 2002 et sa duplicité qui a duré jusqu’en 2011.

Au PDCI, son rapprochement avec Henri Konan Bédié n’est déjà pas vu d’un bon oeil par la nouvelle génération qui le voit arriver comme un intrus.

Que dire du RHDP qui était son protecteur dans l’affaire des écoutes téléphoniques au Burkina Faso ? À la guerre comme à la guerre, il s’expose à un lâchage qui pourrait porter un coup d’arrêt brusque aux rêves qu’il fait de devenir Président de la République de Côte d’Ivoire.

Auteur : Patrice Dama

Source : Afrique sur 7

Commentaires facebook

Mettez votre commentaire

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here