Les grands défis qui attendent Amadou Soumahoro

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Le député de Séguéla a été investi par ses paires pour présider le prestigieux parlement ivoirien. On se souvient encore d’un Amadou Soumahoro, lors des élections législatives de 2012, qui avait perdu la face devant un adversaire indépendant dans sa ville de Séguéla. On décrivait alors suite à la défaite, tchomba en larmes, dans la douleur, pointant du doigt et accusant.

Encore, nous avons en mémoire, la douloureuse épisode de la disparition de son fils il y a deux ans maintenant. Un moment de douleur et de recueillement qui certainement lui reviendra en tête, en ces moments de gaité et de reconnaissance.

Amadou Soumahoro, l’homme que Alassane Ouattara a désigné pour remplacer « l’agité » Guillaume Soro, a gravit les échelons politiques dans le courage et les épreuves, un à un, dans un style qui ne plait pas toujours. Amadou Soumahoro n’est pas un homme « choco » aux méthodes raffinées, aux approches stylées comme dirait certains.

Toutefois, Amadou Soumahoro est un féru de politique, à la carapace dure et connu aussi bien pour son sens tactique que sa fidélité à Alassane Ouattara et à son parti. Il est important de noter qu’Amadou Soumahoro a connu l’exile durant les années de braises sous Laurent Gbagbo. Amadou Soumahoro demeure un choix politique pour conduire cette institution qui mérite recadrage… 

Le premier défi qui s’ouvre devant « tchomba » est de redorer le blason d’une institution qui avait été transformé en « zone CNO » par son prédécesseur. Une institution dont l’image est ternie depuis sa gestion approximative par Guillaume Soro. Lui qui voyait en cette assemblée nationale, un due, une chasse gardée, une « présidence » bis.

Sous Guillaume Soro, notre assemblée nationale ressemblait à un camp de retranchement, un lieu de réflexions et d’actions pour contrarier, contraindre ou embarrasser le pouvoir en place. Un cheval de Troie pour la prise du pouvoir d’état ou se concoctait toutes les grandes stratégies pour 2020 en faveur d’un guide autoproclamé. Dans un abracadabra dont lui seul a le secret, Guillaume Soro avait réussi à éloigner collègues et populations de l’essentiel de la mission de cette institution et de la rapprocher des sujets de peu d’importance comme la reconnaissance, la succession, et bien d’autres, des sujets de seconde zone pour enfariner les consciences. 

A ce jeu, l’assemblée nationale avait perdu de sa verve, de sa noblesse et de sa mission. Amadou Soumahoro doit dès maintenant travailler à cela. Redonner aux ivoiriens un parlement d’hommes et de femmes prêts à aussi bien défendre le peuple qu’a le servir en toute humilité et dans l’abnégation. Un parlement digne de notre pays.  La tâche ne sera pas du tout aisée puisque bon nombre de nos concitoyens ont succombé à la propagande qui veut faire de l’hémicycle, une opposition, alors que l’hémicycle est le lieu de débat sain, constructif et complice pour la mise en œuvre de l’action gouvernementale au profit de nos populations. Guillaume Soro et ses collaborateurs avaient tout vu de travers ; avaient tout faussé et avaient réussi à conduire une « rébellion institutionnelle » dans notre système politique et étatique de notre pays, essoufflé par près de dix ans de déchirements. Quel gâchis !

Le second défi devant Amadou Soumahoro est de réorganiser même cette assemblée nationale dans son fonctionnement, dont les finances qui étaient une chasse gardée de l’ex PAN. Il faudra prendre des mesures et des actions fortes de façon courageuse afin de mettre fin aux mauvaises habitudes laissées par le passage du député de Ferkessédougou. La plus symbolique illustration de ce changement serait de laisser les questeurs du parlement travailler et accomplir leurs missions en toute quiétude. Avec Guillaume Soro, une « centrale » avait été installée au parlement au grand dam du fonctionnement des députés et du fonctionnement de l’institution. On sait bien que sous Guillaume Soro, l’assemblée nationale n’avait rien à envier à la taverne d’Ali baba et ses quarante voleurs. L’épaisseur de l’obscurité qui entourait la gestion des fonds parlementaire était si grande qu’elle avait même créé une fronde des députés qui réclamaient, eux aussi, face à l’embourgeoisement de leur président avec ses multiples avantages, une amélioration de leurs conditions de travail et de vie.  

Au temps de l’ex chef rebelle, dans les missions parlementaires, il était difficile de compter les élus du peuple à ses côtés. Leurs places revenant de droit aux amis et collaborateurs, dont les fameux « chargés de mission » et « chargés d’études » et le conseiller, sulfureux, le gringalet mental, de bas-étage (Franklin Nyamsi) de Guillaume Soro. Les parlementaires qui bénéficiaient des voyages et autres missions devraient faire allégeance au député de Ferke sans plus. De façon subtile, à travers cette gestion calamiteuse faite de « cadeaux », GSK avait réussi a créé son « groupe parlementaire ». Une gestion particulière et décevante tout simplement. A Amadou Soumahoro revient la lourde tâche de tout remettre en place, de la gestion des hommes à la gestion des fonds dans une transparence sans comparable.    

Cependant, le plus critique des défis qui attendent Amadou Soumahoro est bien le défi politique d’où son choix pour remplacer Guillaume Soro. Hormis, le lavage de cerveau fait à certains députés « rebelles », il faudra une poignée de fer dans un gang de velours à « tchomba » pour conduire à bien sa mission. Guillaume Soro avait pris son temps et y avait mis la méthode à diviser les députés membres du parti au pouvoir à l’hémicycle. Amadou Soumahoro doit reconstruire ce bloc, ressouder les députés du RHDP autour d’un deal politique, celui prôné par le président, et leur donner les moyens nécessaires pour comprendre les choix opérés par le gouvernement afin de mieux les expliquer à nos populations.

Le défi politique, c’est aussi de former maintes de nos parlementaires aux rouages des débats parlementaires. Plus ils étaient abrutis plus Soro y trouvait son compte. Le député de Séguéla doit réhabiliter la mission parlementaire.

En addition, il s’agira de contenir les actions de sabotage de cette frange de nos députés dont certains y sont pour distiller leur rage contre Alassane Ouattara ou contre une frange de population de façon exclusive, délaissant leur véritable mission à savoir se rassurer que la politique gouvernementale contribue à l’amélioration des cadres de vies et du bienêtre de nos populations et non y mener des combats « avant-gardistes ».  

La tâche qui attend Amadou Soumahoro est énorme. Cependant, elle n’est pas insurmontable. Il s’agira de réinstaurer un climat de confiance entre les élus de tous bord, de créer les conditions de travail excellent et transparent pour les différents groupes parlementaires, et de savoir inclure le peuple et son bienêtre au-devant des débats et des décisions.

Tchomba doit réussir cette mission car elle pourrait être historique. Oui, si le Sénat est installé, Amadou Soumahoro sera le premier président de notre parlement à présider le CONGRES si toutefois le président en fait la requête. Il faut noter que le CONGRES comprendra l’Assemblée Nationale, la première chambre et le Senat la deuxième chambre. Le défi en vaut la chandelle !

Auteur : La rédaction

Source : Lementor.net

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