Violences mortelles à répétition dans les écoles avant les Congés scolaires en Côte d’Ivoire : Qui en sont les vrais responsables ?

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« L’école Ivoirienne ho, c’est vraiment triste. Ça n’avance pas. Ça ne recule pas. Ecole Ivoirienne ho, c’est vraiment triste ».

Telle fut, il y a un moment, l’inspiration d’un artiste ivoirien. Il a chanté ce morceau pour dépeindre les situations dégradantes dans les écoles de la Côte d’Ivoire.

Aujourd’hui plus qu’hier, ces situations sont encore vraiment plus que tristes.

Et pour preuve, dans un récent poste le Préfet d’Abidjan, Vincent Toh Bi Irié, avait dressé un triste bilan national des perturbations à quelques jours de la date officielle des congés de noël et des fêtes de fin d’année fixée au 20 décembre 2019. Un bilan qui se chiffre à 3 morts et plusieurs arrestations.

Ce poste est ainsi libellé :

« Le 04 Décembre dernier, dans un post, j’avais interpellé les parents sur leur responsabilité dans l’éducation des enfants et sur les perturbations dans les établissements scolaires d’Abidjan, à la veille des fêtes de Noël. Vous avez été nombreux à mener le débat citoyen et à faire des suggestions.

Les violences ne se sont pas arrêtées et le bilan à ce jour est le suivant :

-03 morts (03 élèves dont 1 fille). Ces élèves sont morts par arme blanche ou suite à des violences causées par des élèves venus déloger d’autres élèves. Un des élèves (en classe de seconde) décédé à eu la gorge tranchée par ses amis. Il était fils unique de sa famille, plusieurs blessés, des établissements scolaires saccagés, une école primaire incendiée par des élèves.

Face à la gravité de la situation, les mesures suivantes ont été prises :

-Le déferrement d’une cinquantaine d’élèves suspects devant les tribunaux ;

-Dans le respect des règles administratives en vigueur, des élèves dont la responsabilité est avérée dans ces troubles seront radiés de tous les établissements publics et privés de Côte d’Ivoire.

-Des parents des enfants reconnus coupables se verront notifier les frais de réparation des écoles saccagées et incendiées.

-Les soins médicaux des élèves blessés dans ces violences seront assurés par les parents des enfants mineurs perturbateurs.

Il y a un temps pour la sensibilisation et les émotions et un temps pour l’action, la répression et le rétablissement de l’ordre public.

Les mesures strictes ci-dessus seront appliquées et d’autres mesures suivront.

Comme certains parents n’arrivent plus à parler “un peu à leurs enfants” et délèguent leurs rôles de géniteurs et de parents à l’institution École, l’Administration applique donc les règles qui conviennent.

Des élèves qui violentent leurs amis élèves, qui brutalisent leurs enseignants, qui s’attaquent aux forces de l’ordre, qui ne respectent aucune règle et qui décident d’aller en congés aux dates qu’ils ont choisies sont un problème pour notre système éducatif.

Cette violence en milieu scolaire n’a jamais été acceptable. Si nous laissons des enfants assassiner d’autres enfants, dans l’indifférence des parents, notre pays se perdra. »

Le mercredi 11 décembre 2019, ce fut le tour de la Ministre de l’éducation nationale, de l’enseignement technique et de la formation professionnelle, Kandia Camara, de monter au créneau. Dans son intervention, elle a condamné et menacé les auteurs des perturbations, qui engendrent souvent des morts d’hommes, d’exclusion et d’interdiction de fréquenter dans les établissements scolaires en Côte d’Ivoire.

Plusieurs autres interventions ont suivi, dans certaines localités du pays des préfets, d’élus, chefs d’établissements et autres responsables locaux, rappelant aux enseignants, aux élèves, aux parents, les missions, les responsabilités et les engagements qui leur reviennent dans la bonne gestion des établissements, face à cette situation devenue très préoccupante.  

Il faut situer les responsabilités.

Au-delà des condamnations des faits et les menaces permanentes brandies chaque fois, qu’est-ce qui est fait qui puisse apporter les changements dans les comportements des élèves ?

C’est en cela qu’il est plus qu’impérieux de situer les responsabilités.

Celles de l’Etat se situent à plusieurs niveaux.

Parmi les facteurs qui favorisent ces situations, il faut compter que l’arrêt des notes à une date éloignée de celle des congés. Cela donne une liberté aux élèves qui considèrent cette période consacrée aux calculs des moyennes, comme un temps de liberté où tout est possible.

Dans la même logique, l’on se demande où est passé le décret de dissolution de la Fédération des élèves et étudiants de Côte d’Ivoire (Fesci), adopté en Conseil des Ministres. Cette mesure avait été applaudie par de nombreux Ivoiriens après l’annonce de la mesure dans un communiqué officiel du Gouvernement.

Les raisons avancées dans l’adoption de ce décret étaient entre autres que le mouvement des élèves et étudiants sensés défendre leurs intérêts, était devenu finalement un monstre pour l’école.

Mais le constat est que le décret dans son application est resté sans effet. La Fesci qui n’a pas fait sa mue, continue d’être un danger pour l’école et pour le pays, sous les yeux des autorités qui se complaisent à ne produire que des déclarations de condamnations et des menaces.

Face à la situation, les politiciens devraient arrêter de penser qu’il faut forcement s’entendre avec des organisations, telles que la Fesci.

La situation impose aux dirigeants de prendre des risques et éviter de faire des calculs. Cela demande qu’il faille aller de mains fortes pour maitriser ces monstres que sont devenus les élèves de Côte d’Ivoire.  Cela y va de l’image du pays et de son avenir.

Cette situation se complique aussi avec la démission des parents dans l’éducation de base des enfants. Ils sont très nombreux aujourd’hui, les parents qui ne font pas le suivi de leurs enfants. D’autres ne connaissent même pas l’établissement, les enseignants ni les responsables de leurs écoles.

Outre les enseignants qui ne sont pas toujours sans reproche, la part des religieux y est pour beaucoup aussi dans cette dégradation en milieu scolaire. Très souvent, c’est à eux que les parents font recours quand leurs enfants sont interpellés pour des faits punissables par la loi et qui peuvent les conduire en prison.

L’Etat détenteur du pouvoir régalien doit jouer à fond son rôle pour redresser la barre. Car, il n’est pas encore trop tard.

Cependant face à la mesure d’interdiction de fréquenter à tout élève fautif, une question revient sur les lèvres. Que deviendra un élève exclu et condamné définitivement à ne plus fréquenter en Côte d’Ivoire ?

Un véritable casse-tête pour les gouvernants qu’est la question de l’école. 

Auteur : Bayo Fatim

Source : Lementor.net

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