Décès de la chanteuse Allah Thérèse: la Côte d’Ivoire pleure un monument de la musique

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La musique ivoirienne est en deuil. La chanteuse Allah Thérèse, la Diva de la musique Tradi-moderne, est décédée dans la nuit du dimanche 19 au lundi 20 janvier 2020 à l’hôpital général de Djékanou, précisément à 23h 10. Certaine source avance que l’artiste chanteuse  a succombé des suites d’un malaise.

L’opinion nationale et internationale informée, les uns la nuit et les autres dès les premières heures du lundi 20 janvier 2020,  a été beaucoup affligée par la triste nouvelle. La disparition de celle qu’on appelait affectueusement «La Vieille » et pour qui on avait beaucoup d’admiration, vient d’annuler son rendez-vous prévu avec le public de Bouaké le  08 février prochain, dans le cadre d’un concert dédicace de son dernier album, «Bégnan Sou Moayé».

Qui était Allah Thérèse.

 A l’état, elle se nomme Thérèse Allah. Cependant, elle est mieux connue sous sa dénomination populaire d’Allah Thérèse.

La chanteuse traditionnelle est originaire du village de Gbofia dans la sous-préfecture de Toumodi, chef lieu de département situé au centre de la Côte d’Ivoire.

Allah Thérèse ne s’exprime et ne chante que dans sa langue maternelle, le Baoulé, et est aisément reconnaissable par tous les Ivoiriens.

Fidèle à la tradition, cette icône de la culture ivoirienne était toujours reconnaissable de son pagne dans lequel elle était toujours vêtue, et aussi pour sa coiffure qui lui a valu le surnom d’Akôrou Koffié. Ce qui signifie, dans la langue locale Baoulé, « la femme de l’araignée », en baoulé.

Quant à sa démarche et ses pas de danse, ils ont été assimilés, selon son producteur Lucien N’Dri, à « la démarche de la perdrix de la savane baoulé ».

A 80 ans, la Diva, avec le visage parcheminé où s’éclaire toujours grand sourire, a chanté pour la dernière fois en public, en Avril dernier au 12e FEMUA organisé par le Groupe Magic Système. A cette occasion l’idée de se retirer circulait sur certaine lèvres. Ce sourire l’illumine toujours quand elle parle de sa musique et du chant qu’elle a commencé très tôt.

La riche et longue carrière musicale d’Allah Thérèse a commencé en tant que lead vocal d’un genre musical local dénommé Agbirô dans son village.

Par la suite, elle rencontre, dans les années 50, à l’occasion de manifestations funéraires, N’Goran La Loi, lui aussi lead vocal du même genre dans son village.

Commence alors une longue carrière amplifiée d’une parfaite complicité, une vie de duo et de couple entre les deux leds vocaux. En 1956, ils produisent leur première œuvre musicale « Ahoumo N`Seli ».

Ce fut le début d’un long deal entre Allah Thérèse et son mari N’goran La Loi. Le couple se produit ensemble. L’épouse chantant et l’époux l’accompagnant à l’accordéon.

Aujourd’hui, le couple totalise six albums dont le dernier « Doumi » a été réalisé en 2005.

Le 24 mai 2012, Allah Thérèse reçoit la distinction de Chevalier de l’Ordre du Mérite ivoirien. Depuis 2014, elle bénéficie d’une pension mensuelle de la part de l’Etat ivoirien qui s’est également engagé à lui offrir deux logements.

Le 20 mai 2018, son mari, l’accordéoniste N’Goran la Loi, originaire de Konankokorekro, un village situé à environs 20 km de Toumodi est décédé dans son village.

Allah Thérèse, une vie pleine d’émotions.

 « A partir du moment où j’ai constaté que nous n’arrivions pas à faire d’enfant, j’ai décidé d’en faire mon métier. Dans notre culture baoulé, quand quelqu’un n’a pas d’enfant, le jour où la personne décède, au bout d’une semaine, elle est oubliée par tous. J’ai décidé de marquer mon temps avec la chanson. »

Elle poursuit : « Pour moi, l’acte de chanter, c’est une façon de remplacer cet enfant. Aujourd’hui, on me considère comme une “maman”. Si vous m’interviewez aujourd’hui, c’est grâce à la chanson. Ça représente tout pour moi. C’est pour ça que j’y suis venue. »

Pour Allah Thérèse, l’évocation du nom du Président Félix Houphouët Boigny, lui donne des frissons à l’artiste.

« Lorsqu’on évoque le  père de la nation, Félix Houphouët Boigny, j’ai beaucoup d’émotion et même des frissons. Le nom d’Houphouët Boigny, c’est une partie de moi. Voilà un Monsieur qui a bâti la Côte d’Ivoire. Il aimait les bonnes choses. Partout où le président allait pour parler de paix, je l’ai toujours accompagné. C’est une fierté pour moi de m’être tenue à côté de lui, même si aujourd’hui, il n’est plus là. ».

Elle évoquait ainsi, les années 1960 et 1970 où elle Thérèse et son mari ont porté haut le flambeau de la musique ivoirienne. Ils ont notamment chanté l’explicite « Indépendance », en référence à celle de la Côte d’Ivoire, officiellement le 7 août 1960.

« Ce que je chante, ce sont des actes de la vie.  Quand quelqu’un comme Houphouët Boigny pose des actes politiques forts, ça me pousse à les raconter dans mes chansons. Je conseille les gens dans mes textes. Je leur dis d’être à l’aise avec leurs voisins, d’entretenir des relations harmonieuses. Je chante l’harmonie. Quand je quitte le village pour Abidjan, je ramène mes messages de bon sens. Partout où je passe, je fais des suggestions à la population. Je donne un message de paix, de considération, de pardon. On peut se tromper, mais il faut savoir pardonner. ».

Il faut rappeler que le couple N’Goran La Loi-Allah Thérèse a produit au moins sept albums officiels. Allah Thérèse assume, la vieille vient de tirer sa révérence. Après avoir joué sa part et apporté sa contribution à l’avancée de l’art et la Culture Ivoirienne.

Elle part, laissant derrière, un héritage diversifié, riche de ses dignes héritiers pour continuer l’œuvre et surtout pour continuer d’être la fierté de la Côte d’Ivoire.


Auteur : Bayo Fatim

Source : Lementor.net

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