Fake news en Côte d’Ivoire : à qui profitent la désinformation et la violence politique ?

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A l’approche de l’élection présidentielle et dans le cadre de l’état d’urgence instauré par Alassane Ouattara, la situation s’est considérablement tendue en Côte d’Ivoire. Après des violences meurtrières, le gouvernement a décidé d’interdire les manifestations sur la voie publique (à l’exception des espaces dédiés) jusqu’au 15 septembre. La propagation de rumeurs délirantes sur les réseaux sociaux laisse penser que les opposants au camp Ouattara tentent de créer le chaos par tous les moyens.

6 morts et 173 blessés.Le bilan des manifestations de la semaine dernière à Abidjan et dans les grandes villes de Côte d’Ivoire est funeste. Menacée par la candidature du président de la république Alassane Ouattara – qui a des chances de l’emporter – à l’élection présidentielle du 31 octobre, l’opposition a appelé à manifester partout dans le pays, quitte à prendre les armes.

Les dernières cartouches d’une opposition désespérée

La raison de ces appels à l’insurrection ? La possibilité d’un troisième mandat pour le président sortant, dont le bilan est honorable, les chiffres parlant d’eux-mêmes : une croissance moyenne de 8% par an, un taux de pauvreté passé de 55 à 39%, un taux d’accès à l’eau potable faisant un bond de 50% à 81%, une couverture de l’électricité passée de 33% à 80% et un accès aux services de santé atteignant aujourd’hui les 69% (contre 44% il y a encore 8 ans).

Ironie du sort, Alassane Ouattara ne souhaitait pas se représenter. Le 12 mars dernier, il désignait comme candidat du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) – le parti au pouvoir – le Premier Ministre Amadou Gon Coulibaly à l’élection présidentielle. Malade du cœur, ce dernier mourait prématurément le 8 juillet dernier.

Face aux conséquences économiques de la crise sanitaire et à la menace terroriste dans la région Nord du pays, Ouattara a finalement décidé de se porter candidat. Depuis l’adoption de la Constitution de 2016, élaborée dans un souci d’apaisement cinq ans après la guerre civile, cette candidature est légale et conforme au principe de la non rétroactivité des lois.

Des rumeurs de milices armées au service de Ouattara

Alors pourquoi tant de violences ? Et surtout, qui est à la manœuvre ? L’heure est aujourd’hui à l’enquête. «  Je sais que des gens sont jaloux quand ils voient toutes les réalisations qui sont faites. Ils veulent les voir s’écrouler. Mais nous n’allons pas donner cette opportunité à des gens qui sont sans foi ni loi » avertissait récemment Kobenan Kouassi Adjoumani, porte-parole du RHDP.

Depuis quelques jours, la rumeur de milices armées soutenues par la police se répand sur les réseaux sociaux. Cette information, sujette à caution, a été reprise par la pourtant très sérieuse ONG Amnesty International dans un article au titre sensationnel « la police permet à des hommes armés de machettes d’attaquer des protestataires », évoquant de jeunes miliciens, encadrés par des agents de police et réprimant les manifestants.

La police dément et condamne les actes incriminés

Dans un communiqué, la Direction Générale de la Police Nationale a récemment déclaré que « les agents des forces de l’ordre dispersaient les manifestants avec les moyens constitutionnels, procédaient à l’enlèvement des barricades et rétablissaient la circulation ». « La Police Nationale voudrait rassurer les populations qu’elle demeure concentrée sur l’exécution de ses missions régaliennes, à savoir la protection des personnes, des biens et des Institutions de la République » et qu’elle « reste aux côtés des populations et ne saurait cautionner les actes incriminés. Elle rejette toute allégation tendant à l’associer à des infractions ».

La Côte d’Ivoire serait-elle devenue une dictature en l’espace d’une crise sanitaire ? La candidature d’Alassane Ouattara est bel et bien légale… est-elle pour autant légitime ? La question peut évidemment se poser. Le président se veut aujourd’hui rassurant, affirmant avoir des liens amicaux avec tous ses opposants historiques, au passé parfois trouble : Henri Konan Bédié (86 ans), Laurent Gbagbo qui est en liberté conditionnelle et l’ancien chef rebelle Guillaume Soro visé par une plainte pour assassinat.

Pour l’heure, les experts s’accordent à reconnaitre une nette amélioration du climat des affaires et de la gouvernance en Côte d’Ivoire, et – jusqu’aux débordements de ces dernières semaines – un renforcement de la stabilité politique. A l’arrivée, ce seront les électeurs ivoiriens qui démêleront le vrai du faux et qui décideront, par la voie électorale, de leur destin.

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