Analyse : l’opposition ivoirienne menée par Affi et Soro tout droit dans le mur (Présidentielle 31 octobre 2020)

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La déclaration du Haut Représentant de l’Union Européenne pour la Politique étrangère, M. Joseph BORRELL, au nom de l’Union Européenne, sur la situation en Côte d’Ivoire, après celle du Secrétaire général des Nations Unies, a fait perdre à l’opposition ivoirienne ses dernières illusions sur un éventuel soutien de la communauté internationale à ses revendications.

En effet, tous les partenaires de la Côte d’Ivoire dénoncent désormais la faillite morale d’une opposition réunie au sein d’un axe ivoiritaire allant désormais du PDCI au FPI en passant par LIDER et l’UDPCI, et intégrant les Indépendants du Félicia. La communauté internationale, sans distinction, dénonce avec fermeté les discours de haine, les dérives politico-ethnicistes, la xénophobie et la violence portés par l’opposition. Présente à Abidjan, la mission de la Communauté des États d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), l’Union africaine (UA) et les Nations unies a constaté que « les discours de haine aux relents communautaires se sont malheureusement invités dans le champ de la compétition politique ». Il est de plus en plus évident, pour la communauté internationale, que la désobéissance civile est le nouveau nom de l’Ivoirité, d’où l’urgence d’y mettre fin afin d’épargner au pays les affres de nouveaux conflits intercommunautaires suscités par la posture de l’opposition.

Quel sera le gagnant de cette radicalisation ?

Sous des habits en apparence respectueux de la loi, le boycott et la désobéissance politique, quel jeu joue Affi N’Guessan, qui, n’ayant aucune chance d’être élu président de la République et pour se racheter aux yeux des GOR, est en train de pousser la Côte d’Ivoire sur la voie du chaos ? La radicalisation rageuse d’Affi Nguessan soulève de nombreuses questions. Pourquoi vouloir impliquer la communauté internationale  dans la dénonciation et la défiance à l’égard du gouvernement ? Serait-il manipulé par des forces extérieures mais aussi intérieures afin de déstabiliser la Côte d’Ivoire, l’objectif étant de s’emparer du pouvoir afin de redistribuer les marchés à d’autres pays ?   Représente-t-il des intérêts économiques et géopolitiques extérieures ? On peut s’étonner que les responsables de l’opposition en appellent ouvertement et en toute impunité à la violence publique, à la haine, à la xénophobie et au renversement des institutions. On ne sait toujours pas qui a provoqué les troubles qui ont fait des morts aux mois d’août et octobre 2020. Les 50 personnes arrêtés à Dabou, une commune située à 50 kms d’Abidjan, sont venues de l’extérieur et ont attaqué les membres de différentes ethnies, afin de provoquer une guerre ethnique.

A l’analyse, Guillaume Soro est le grand gagnant de la décision de l’opposition de boycotter le scrutin présidentiel et d’embraser le pays coûte que coûte, Bédié et Affi en sont les grands perdants. Soro a figé l’opposition. Condamné par la justice, soupçonné de préparer un coup d’Etat, Soro ne peut pas être candidat. Il a tout fait pour que l’opposition ne présente pas de candidat le 31 octobre. C’est fait. Bédié est tombé dans le piège et il plonge le PDCI dans l’inconnu. Le PDCI aura du mal à se relever d’une disparition du paysage politique, s’il boycotte les législatives. Des voix se font déjà entendre pour tourner la page Bédié, l’ancien président étant uniquement mû par un esprit de vengeance, sans se soucier de l’intérêt du PDCI et du pays. Affi Nguessan, manipulé à la fois par Soro et par Gbagbo, perdra l’embryon de FPI qu’il contrôle. Le retour de Gbagbo entraînera sa mise à l’écart définitive et Gbagbo préparera la relève sans Affi Nguessan. S’il avait accepté le combat électoral, Affi N’Guessan aurait pu avoir une certaine légitimité aux yeux des Ivoiriens et de la communauté internationale. Aujourd’hui, il est le simple supplétif des fauteurs de troubles.

La manœuvre de Soro est évidente : il a convaincu l’opposition, notamment Bédié, de l’imminence d’un putsch, puis de la disparition du Président de la République à la suite de sortilège maraboutique. Aujourd’hui, il fait miroiter à ses amis le retournement de l’opération Barrissement de l’Eléphant contre le gouvernement. En effet, l’opposition prépare le soulèvement des populations contre les forces déployées en les présentant contre des microbes habillés en treillis. Tapis entre Paris et Londres, Soro espère ne pas porter la responsable des morts causés par la radicalisation de l’opposition qu’Affi Nguessan et un Bédié totalement dépassé ont imprudemment relayé. La communauté internationale n’oubliera pas de rappeler à Affi N’Guessan et à Bédié le rôle qu’ils ont joué en cas de troubles graves ; ils devront en payer l’addition.

Par ailleurs, Soro enfume ses nouveaux alliés sur le sens de la Transition qu’ils réclament. Ici, Soro est également à la manœuvre et il a réussi l’exploit de plonger l’opposition dans le marasme en pleine année électorale. La transition lui permettrait d’effacer l’ardoise de la Justice qui met fin à sa carrière politique, quitte pour cela à brûler son pays. En réalité, l’opposition est en panne de stratégie, en manque de ressources et d’inspiration. Affi Nguessan fait illusion mais sème ici et là les chefs d’accusation que la Justice retiendra demain contre lui et ses acolytes.

Ouattara maître des horloges et bgarant du processus électoral

Dans le processus électoral en cours, le Président Alassane Ouattara déroule son programme avec une précision d’Orfèvre, même s’il peine à masquer la douleur de la perte de certains proches et collaborateurs. Au plan diplomatique, l’opposition est groggy. Au plan intérieur, les mots d’ordre de l’opposition n’emballent pas les foules, conscientes de la grandeur retrouvée de leur pays et heureuses d’avoir enfin, après l’immense Houphouët-Boigny, un grand Président. Certes pas populiste et blagueur, mais travailleur, visionnaire et habité par l’idéal de sa fonction. Un homme en phase avec son armée et ses forces de sécurité dans la gestion maîtrisée des violences et de la haine. Les morts enregistrés sont le fait des violences intercommunautaires engendrées par l’Ivoirité, et non celui des FDS. Conscients de leur éviction prochaine de la tête de leurs partis, les responsables de l’opposition, notamment Bédié et Affi Nguessan se radicalisent afin de masquer leur échec en espérant que le Président de la République fasse d’eux des martyrs. Un piège qu’Alassane Ouattara a su éviter en faisant corps avec la troupe.

Le Maître des horloges devra surtout régler le cas Soro avec ses partenaires, leur demander des comptes sur la liberté qui lui a été laissé pour transformer des territoires européens en base arrière de sa « rébellion » contre le pouvoir central, de ses appels à l’insurrection. Indiscutablement un vent nouveau va souffler sur la diplomatie de Ouattara, s’il est réélu.

Si Ouattara est le Maître des horloges, c’est parce qu’il a su consolider les institutions sans lequelles il n’y a pas de grand pays de grande démocratie et de stabilité politique. L’élection présidentielle aura bien lieu le 31 octobre 2020. Il s’agit de l’élection du premier Président de la IIIème République. Les législatives vont suivre. On peut espérer que l’opposition aura compris la stratégie mortifère d’un Soro, qui ne peut échapper à la justice et conquérir le pouvoir que par un coup d’Etat.

Les temps ont changé. Le Président élus, le gouvernement et les députés auront la responsabilité, face aux populations, à l’Afrique et à la communauté internationale, de maintenir et consolider le rang de la Côte d’Ivoire par ces temps de grande incertitude économique, sanitaire et sécuritaire au plan international. Si Ouattara a choisi d’être candidat, ce n’est pas pour assouvir une soif de pouvoir ou une ambition personnelle, mais pour parachever l’œuvre accomplie pendant une décennie. A propos de ce qui a été accompli de 2011 à 2020, tous les observateurs parlent d’un second « miracle ivoirien », en référence au « miracle ivoirien » des années 1960-1970, une période de prospérité économique survenue en Côte d’Ivoire sous Houphouët-Boigny.

Par Pierre DOE COCRY

Analyste politique

Auteur : Pierre DOE COCRY

Source : Pierre DOE COCRY

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