Carton rouge : l’étrange escalade verbale d’Affi qui accuse Ouattara d’être Hitler (Analyse de Justice Konan)

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L’histoire montre que la violence verbale prépare les violences physiques, que les violences physiques commencent par la violence verbale.

Ainsi en est-il avec Pascal Affi N’Guessan malgré une tentative dediversion avec un double langage qui, d’un côté, parle de boycott et de désobéissance civile pacifique, et, qui, de l’autre, parle de dictature et compare Alassane Ouattara à Hitler.

Chacun sait que Pascal Affi N’Guessan président du Fpi grâce à une décision d’une justice qu’il n’estime pas plus aux ordres que la CEI et le Conseil constitutionnel, n’est pas un historien crédible ni rigoureux , mais simplement un chef de parti à la légitimité toujours contestée malgré tout ce qu’il fait actuellement , un chef de parti qui cherche, à des fins purement politiciennes, à frapper les imaginations.

Ouattara = Hitler : ce raccourci est une manière de dire que le régime ivoirien actuel est une dictature. Qui peut être convaincu par ce raccourci, si ce n’est l’armée de fanatiques tapis dans l’ombre, armés de machettes, pour l’insurrection et le coup d’État, le changement non constitutionnel de pouvoir que préparent les membres de l’opposition radicalisée ?

Qui relaie sur les réseaux sociaux cet étrange raccourci, si ce n’est des communicantes , comme Patricia Balme, payée par Soro, et Goetzinger Geneviève recrutée par Affi ?

Pourquoi ce raccourci ?

La thèse des « microbes », c’est-à-dire de miliciens, véritables escadrons de la mort, manipulés par le pouvoir ne tenant plus, Pascal Affi N’Guessan choisit alors d’installer une autre thématique pour dénoncer le pouvoir. Ce sera cet étrange raccourci : Ouattara = Hitler. L’exagération fait partie des discours de haine.

Cependant Pascal Affi est trop » politicien » pour délivrer uniquement un discours de haine. Alors il souffle le chaud et le froid. Tout en critiquant Alassane Ouattara, il affirme être disponible pour le dialogue, et essaie d’amadouer l’autre partie de la communauté internationale qui aurait encore l’écoute pour l’opposition ivoirienne !

En réalité, plus personne ne les écoute car la CEDEAO, l’UA ( n’en déplaise à Mbeki ), et l’ONU à travers Ibn Chambas sont à Abidjan pour le suivi de l’élection du samedi 31 octobre 2020, dont ils n’ont jamais misé sur le report contrairement à Affi et à ses alliés.

Mais de quel dialogue parle-t-il ? Celui que dicte Guillaume Soro bine entendu ! Le dialogue sans concessions le dialogue aux seules conditions de l’opposition.

Henri Konan Bédié et Pascal Affi N’Guessan ont choisi de porter les revendications de Guillaume Soro, qui leur a promis qu’il y parviendrait par tous les moyens, y compris les armes à défaut de faire reculer Alassane Ouattara pacifiquement , diplomatiquement et même mystiquement : report et annulation de l’élection présidentielle, départ de Ouattara, gouvernement de transition.

Voici un programme de candidats, ou bien voici ce que donne une élection présidentielle lorsque des candidats convaincus de ne pas gagner, boycottent l’élection pour que ceux qui ne sont pas candidats viennent être candidats contre eux au nom de la solidarité démocratique!

Merveilleux n’est-ce ce pas cette bonté d’âme politique ….

L’histoire politique actuelle de la Côte d’Ivoire ne manque pas de m’étonner !

[ Le piège la tentation de l’excès pour Affi et Bédié ]

Affi et Bédié ont gouverné le pays : Affi comme Premier ministre de Gbagbo, Bédié comme président de la République. Les Ivoiriens les connaissent. Leur chance d’être élus président de la République par la voie des urnes est peu probable. Un proverbe dit qu’un homme qui se noie peut se raccrocher à un serpent pour tenter d’éviter la noyade.

L’opposition est en train de se noyer dans les eaux boueuses du boycott, de la désobéissance civile et de l’appel à l’insurrection.

En parlant du président Alassane Ouattara comme d’un Hitler local, le candidat Affi est bien tombé dans le piège de l’excès dans lequel, selon moi, des journalistes expérimentés l’ont conduit, en insistant. Ils ont tenté de l’interpeller et de l’inciter à diluer sa lecture en le renvoyant à ses propres contradictions, mais l’ex premier ministre ivoirien s’est enfoncé.

On se souvient aussi que certains journaux ivoiriens avaient porté la même accusation contre Gbagbo. On peut accepter que des journaux , et que la rue le disent , tout comme on peut tirer la leçon de ce que cela avait été excessif , pour éviter les mêmes dérapages !

Mais jamais un homme politique ivoirien d’envergure n’avait osé endossé une telle posture révisionniste, consistant à « Hitleriser » ou « nazifier » avec les mots le discours politique déjà pollué !

Affi, qui n’existe pas réellement politiquement, ne peut s’affirmer que dans l’excès.

Lorsque les journalistes l’ont mis face à ses excès, lui expliquant qu’on ne discute pas avec Hitler, Affi N’Guessan a tenté une esquive qui ne convainc pas, lorsqu’il a dit : « qui sait ce que Ouattara me réserve déjà ! ». L’argument n’est pas recevable.

Adolf Hitler, ce sont des millions de morts, la disparition programmée, organisée, des Juifs en Allemagne, et en Europe, les camps de la mort.
Chacun se souvient que l’Allemagne a expérimenté les camps de la mort en Namibie. Le massacre des Héréros et des Namas perpétré sous les ordres de Lothar von Trotha dans le Sud-Ouest africain allemand, l’ actuelle Namibie, à partir de 1904, considéré comme le premier génocide du XXe siècle, est un programme d’extermination qui s’inscrit au sein d’un processus de conquête d’un territoire par les troupes coloniales allemandes entre 1884 et 19113. Il entraîna la mort de 80 % des autochtones insurgés et de leurs familles (65 000 Héréros et près de 20 000 Namas)

Non Ouattara ne peut pas être Hitler !

Quand un ancien Premier ministre, quand celui qui veut gouverner un pays, diriger les Ivoiriens et les ivoiriennes, qui doit les réconcilier un jour, quand celui qui souhaite incarner la République et les institutions, affirme que le chef de l’État en exercice, élu et réélu démocratiquement par une majorité d’Ivoiriens et d’Ivoirienne , qui est soutenu par une partie de la population , est un Hitler local, un Hitler des lagunes, on peut véritablement douter de sa capacité à rassembler et à réconcilier le peuple ivoirien.

On ne peut regretter cette violence verbale , cette haine à son son paroxysme, ce dépit amoureux , et cette si mauvaise lecture de la scène politique ivoirienne à travers sa manière de lire l’histoire du nazisme.

Affi est-il sur la voie du révisionnisme historique ? L’hitlerisme et le nazisme que cela sous entend , ne sont pas des choses qu’on sort au petit coin de la rue , dans un discours de quartier , au détour d’une interview. Il ne s’agit pas d’être Hitler, il s’agit de copier toutes les pratiques d’extermination dont sa politique a été responsable.

Le candidat Affi avait le choix entre deux attitudes : construire sa propre figure d’opposant moderne et préparer ainsi l’avenir d’une part , et d’autre part sombrer dans les excès du vieux politicien incapable de s’affranchir des anciens comportements qui ont, depuis les indépendances, plongé plusieurs pays d’Afrique, dans le chaos.

Pascal Affi N’Guessan est passé à côté de l’Histoire en prenant le train d’une opposition qui l’a relégué au rang de porte-parole de tous les excès, alors qu’il sait bien qu’il y aura un après, que la Côte d’Ivoire s’est réconciliée comme elle pouvait après le boycott actif de 1995, après le coup d’état de 1999, après l’attaque de 2002, après les événements de 2004, et surtout après la grave crise électorale de 2010-2011 et ses trois mille morts !

Quand on sait tout cela, on comprend qu’il y aura un après 31 octobre 2020, et que les dérapages verbaux les excès dans le discours de haine, dans la violence verbale, ne sont pas les bienvenus. Carton rouge !

Justice Konan

Paris 28 octobre 2020 (mjdhlp@hotmail.fr)

Auteur : Justice Konan

Source : Lementor.net

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