Côte d’Ivoire : la mauvaise lecture politique des médias occidentaux

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Les médias occidentaux – surtout français – qui parlent de crise post-électorale en 2020, ont une lecture erronée de la situation politique en Côte d’Ivoire. France 24 y voit un Alassane Ouattara leader d’un nord musulman, quand TV5, entre autres, parle d’une opposition majoritaire et prédit une catastrophe pire que celle que le pays a connue en 2010. C’est vraiment faire preuve d’une réelle cécité, à moins que cette vision ne traduise la volonté affichée de voir les pays africains dans le prisme des républiques bananières abonnées à la mal gouvernance, à la misère, à la famine et aux coups d’états. En tout cas, vu la synchronisation quasi-parfaite avec laquelle les éditoriaux, analyses et comptes-rendus des journalistes français ont été orientés dans le sens de justifier les actes terroristes dont nous avons été témoins, tout était prêt au plan médiatique pour accompagner un coup d’état en Côte d’Ivoire. Sauf que ces médias ont été roulés dans la farine, la situation sociopolitique au pays d’Alassane Ouattara ne se prêtant pas à un tel scénario catastrophe. Démonstration par A + B.

Crise politique ou vraie démocratie ?

Trois pelés et un tondu dans la rue d’un village en train de couper des arbres, brûler des pneus ou mettre le feu à des véhicules ne sauraient être assimilés à un soulèvement populaire, malgré les efforts de quelques journalistes constipés assoiffés de sang. Par contre, comme l’ont signifié les experts de l’Union africaine appelés en renfort par nos opposants, les faits auxquels on a assisté sont plutôt des délits passibles de poursuites judiciaires.

La CEI est née sous Laurent Gbagbo. Financée en partie par la communauté internationale, elle fonctionne correctement. Le Conseil constitutionnel, à l’image de la nouvelle administration mise en place sous Alassane Ouattara, est également très compétente et capable de le prouver devant les institutions internationales. Par ailleurs, une réforme a été apportée à la Constitution en 2016, puis soumise à un référendum populaire. Depuis la naissance de la Côte d’Ivoire, toute candidature à une élection passe par la fourniture d’un casier judiciaire vierge. Mieux, toutes les autres conditions ont été validées de façon consensuelle par les membres de la CEI. Enfin, comme l’ont reconnu les observateurs étrangers, toutes les règles de la démocratie ont été respectées pendant l’élection présidentielle de 2020. Alors, que des candidats décident de se retirer de la course au motif qu’ils ne souhaiteraient pas en affronter un particulièrement, cela n’a rien à voir avec un déficit démocratique. C’est la raison pour laquelle les nations unies ne peuvent que reconnaître la régularité de l’élection d’Alassane Ouattara et le féliciter pour sa brillante réélection.

Terrorisme et non contestation

Des poudrières ont été démantelés dans des habitations civiles et des mercenaires arrêtés depuis le début de l’agitation de nos politiciens. Certains ont financé la tentative de déstabilisation de leurs poches, d’autres ont distribué des calibres 12. Leurs affidés dans l’administration et parmi les forces de défense et de sécurité, ont intoxiqués à souhait la population en partageant des SMS et des montages sur les réseaux sociaux, quand ils ne recrutaient pas des désœuvrés pour provoquer de petits soulèvements par-ci, par-là. En effet, la toile terroriste est alimentée sur Facebook, WhatsApp, Twitter et la téléphonie mobile par des points focaux en France, en Belgique, en Suisse, en Espagne et en Turquie. Leur mission, fabriquer des visuels, donner des instructions et propager des Fake News à l’extérieur du pays et surtout à l’intérieur. A titre d’exemple, les jeunes délinquants de Yamoussoukro étaient payés 5.000 CFA par tête et par jour, 50.000 CFa pour les chefs, pour s’acheter de l’alcool ou de la drogue. En deuxième ligne, derrière ces jeunes, des mercenaires étrangers, armés, et chargés de tirer indifféremment dans la foule des manifestants, et de résister aux forces de l’ordre, histoire de saper leur moral ou de faire croire à un soulèvement de leurs frères d’armes.

Dans le village de Simone Gbagbo, un groupe d’Abourés se disant propriétaires de la cité de Bonoua, a entrepris de manifester violemment et de couper la route internationale qui y passe. Pour cela, ils ont incendié des biens et tué des innocents. Même le commissariat de police de la ville a été réduit en cendre. Dans le village de Henri Konan Bédié, les jeunes Baoulés se sont livrés au même exercice en prenant pour cible la communauté allogène et étrangère à Daoukro. Pour le même résultat : des habitations et des véhicules incendiés, et des morts aux cris de « on veut Bédié, on veut Bédié ! ». A Dabou, des jeunes Adioukrous venus de Débrimou et se proclamant fidèles de Laurent Gbagbo, ont commis les mêmes exactions : du feu et du sang. Dans le village de Pascal Affi N’Guessan, des villageois Agnis se disant propriétaires terriens sont venus commettre les mêmes actes criminels à Bongouanou. On est allé jusqu’à tirer sur le cortège de trois membres du gouvernement, et tenter de soulever les autochtones contre les allogènes à Yamoussoukro, Toumodi et M’Batto, occasionnant encore des destructions de biens et des pertes en vies humaines. A Cocody et à Yopougon, ce sont quelques voyous qui ont mis le feu à des véhicules et tenté de perturber la circulation à Abidjan.

Mais tout ça, à quelle fin, pourrait-on se demander ?

La raison évoquée, et qui est naturellement fausse, est que Alassane Ouattara était candidat à un troisième mandat, et que cela serait contraire à la Constitution. Non seulement cette lecture est fausse, mais, même si les seuls manifestants de Bonoua votaient à 100% pour Simone Gbagbo, ils n’en feraient pas la présidente de la Côte d’Ivoire. Même si tous les manifestants de Bongouanou votaient pour Affi N’Guessan, leurs seules voix n’en feraient pas le président de la Côte d’Ivoire. Même si les manifestants de Daoukro, de Yamoussoukro et de Toumodi réunis votaient Henri Konan Bédié, cela ne serait pas suffisant pour en faire le président de la Côte d’Ivoire. Même si les GOR des réseaux sociaux s’associaient aux manifestants de Débrimou et de Gagnoa, leurs seules voix ne feraient plus de Gbagbo le président de la Côte d’Ivoire. Même si les terroristes de Facebook et de WhatsApp s’ajoutaient aux anciens rebelles démobilisés de Soro Guillaume, leurs voix n’en feraient pas le président de la Côte d’Ivoire. Les résultats de la présidentielle démontrent la vraie force de chacun sur le terrain, car ils sont l’expression de la volonté du peuple souverain.

Opposition vraiment majoritaire ?

Comme le RDR en 2010, un parti majoritaire ne demande qu’à aller aux urnes pour s’imposer démocratiquement. Le fait est que le RHDP est la seule formation aujourd’hui, capable de présenter des candidats dans toute la Côte d’Ivoire. Depuis 2010, le PDCI-RDA, pourtant ancien parti unique, s’est montré incapable de le faire. Or, si le PDCI ne le peut pas, ce n’est pas le FPI de Laurent Gbagbo, ou l’UDPCI de Mabri Toikeuse qui pourraient le faire. Encore qu’il s’agisse là des partis politiques vraiment représentatifs. En effet, Mabri Toikeusse a déclaré avoir quitté le RHDP parce que le choix ne s’était pas porté sur lui pour la présidentielle. Mais qu’a-t-il fait d’autre que de se replier dans son village ? Rien. Il n’en ressort que pour faire des déclarations avec les autres opposants, à tel point qu’on pourrait se demander si le leader de l’UDPCI pourrait gagner une simple élection législative ou municipale à Zouan-Hounien ? Le PDCI de Henri Konan Bédié, ou ce qu’il en reste, est tribal orienté Baoulé, et miné par une guerre de clans entre Bédié, Charles Konan Banny, Emile Constant Bombet, Jean-Louis Billon et autres. Quant au FPI de Laurent Gbagbo, déjà minoritaire, il est divisé en trois factions rivales : celle de Gbagbo lui-même, représenté par Assoa Adou, celle de Pascal Affi N’Guessan, et celle de Simone Ehivet-Gbagbo. Bien entendu, les trois clans ne s’entendent pas et se combattent à la première occasion. C’est cela « l’opposition » ivoirienne, groupe auquel se sont joints les feux follets Anaki Innocent, Tidjane Thiam, Marcel Amon-Tanoh, et autre Guillaume Soro, sans que l’on sache réellement au nom de qui ou de quoi ils s’agitent.

Le front qui a appelé à la désobéissance civile et au boycott actif des élections, est donc un melting-pot où chacun se bat pour ses propres intérêts. Dans ce groupe hétérogène, chacun se prend pour une lumière, et prend les autres pour des demeurés. Ils ont tous le même plan : éliminer d’abord Ouattara, et ensuite, profiter du cafouillage qui s’ensuivrait pour s’entretuer, de sorte que le survivant puisse régner sans partage. Les morts recensés à l’intérieur du pays, l’attaque des cortèges ministériels et même, plus loin, l’assassinat du général Robert Guéi sont là pour nous montrer que ces gens sont vraiment sans scrupules, ou si ce ne sont les leaders, ils sont entourés de criminels sans vergogne.

La Côte d’Ivoire vivra

Face à des opposants dont aucun ne peut justifier d’une représentativité nationale, le président Alassane Ouattara a bouclé, juste avant le début de la campagne, sa tournée dans toutes les régions du pays. La mobilisation populaire constatée au cours de ses déplacements, son investiture comme candidat du RHDP et l’évolution du pays depuis son accession à la magistrature suprême, sont autant d’éléments qui prouvent aux yeux du monde entier que la Côte d’Ivoire est loin du schéma souhaité par les médias occidentaux.

A la mort du premier ministre Amadou Gon Coulibaly, les Ivoiriens se sont déplacés de toutes les régions du pays pour demander à Alassane Ouattara de briguer un autre mandat. En démocratie, leurs voix comptent autant que celles de ceux qui n’en voulaient pas. Au plan juridique, il a été démontré que cela n’avait aucune incompatibilité avec la loi fondamentale. Nous sommes allés aux élections, et le meilleur a gagné. En d’autres termes, ceux qui ont demandé à Ouattara d’être candidat, ont voté pour lui.

Nulle part au monde, une minorité faible ne peut imposer sa volonté à la majorité forte. Il ne revient pas au faible de choisir le candidat du fort, ni d’imposer des conditions pour participer au jeu démocratique, et s’il fait usage de la violence, il découvre les rigueurs de la loi. L’administration ivoirienne n’a pas été prise en faute, en train de tricher. Aucun reproche ne peut être fait, honnêtement à la CEI, ni au Conseil constitutionnel. Si opposition il y a en Côte d’Ivoire, elle devait voter non au référendum si tant est que les reformes ne lui convenaient pas. Si opposition il y a en Côte d’Ivoire, elle devait battre Ouattara aux urnes. Si elle gagnait et que Ouattara refusait de reconnaître sa défaite, alors, il y aurait eu problème. Hélas, nos opposants ont préféré manipuler l’opinion publique, poser des actes terroristes et susciter une guerre tribale afin de ternir l’image du pays. Heureusement pour nous tous, face aux troubles, la police, la gendarmerie, l’armée et la Justice sont restées professionnelles jusqu’au bout des ongles. Nouvelle preuve que ce pays peut désormais compter sur ses institutions.

En conclusion, si, dans le pire des cas, l’opposition avait réussi à faire un coup d’état, la Côte d’Ivoire aurait plongé dans l’abîme, le chaos. La rue qu’aucun opposant ne maîtrise n’aurait jamais laissé le temps à ces loups de s’entendre sur les conditions d’une transition mort-née. La déflagration aurait de nouveau coupé le pays en deux, et plongé le sud dans une guerre interminable de milices et de mercenaires, sabotant tous les investissements réalisés cette dernière décennie pour reconstruire le pays. Il s’agit là, en vérité, du véritable scénario catastrophe qui guettait la république de Côte d’Ivoire, un pays fabriqué par le colonialisme occidental et que le président Alassane Ouattara s’échine à transformer en nation moderne et modèle pour le reste du continent. L’adhésion populaire au RHDP laisse cependant penser que la majorité des Ivoiriens ont compris que l’intérêt commun se trouve dans la paix. C’est l’essentiel. Que la presse occidentale ne l’ait pas compris ne change rien à la donne.

Auteur : Seydou Kone

Source : Lementor. Net

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