Interview/Karamoko Lanciné (Rhdp) crache ses vérités à Bédié

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Karamoko Lanciné, ancien président de Lider hier, cadre du Rhdp aujourd’hui dit, dans cette interview qui suit sa satisfaction de la victoire du candidat de son parti et sa déception d’une opposition qu’il juge incohérente.

Le Président Alassane Ouattara a prêté serment devant le Conseil constitutionnel lundi, après sa brillante élection en octobre dernier. Que vous inspire cette investiture ? 

L’investiture du Président Alassane Ouattara est le couronnement d’une grande marche. La marche vers la Côte d’Ivoire moderne. En effet,  la nouvelle Constitution, celle de la Troisième République, trace les sillons de la modernisation de notre Nation. Le  Président Alassane Ouattara,  contre vents et marées,  a doté notre pays d’instruments qui font de la Côte d’Ivoire un Etat tourné vers la modernisation de ses institutions. C’est donc à juste titre qu’il a lui-même porté le projet et le sort a voulu qu’il soit le premier Président de la Troisième République.  Notre candidat a gagné ces élections avec un score sans appel que certains qualifient de score à la Soviétique. C’est un score qui reflète la réalité du terrain. Des gens ont boycotté ce vote. Le Président Alassane Ouattara a battu un candidat républicain, qui voulait aller à la paix à travers cette élection. En outre, c’est une fierté parce que certains avait prédit qu’il n’y aurait pas d’élection en Côte d’Ivoire, qu’il n’y aurait pas de campagne, mais non seulement on a fait campagne, mais il y a eu élection et les résultats ont été proclamés par la Commission électorale indépendante (Cei) et validés par le Conseil constitutionnel. Par ailleurs,  cette investiture vient mettre fin au débat sur l’élection du 31 octobre 2020.

Vous avez parlé d’un candidat républicain. J’imagine qu’il s’agit de Kouadio Konan Bertin dit KKB. Un mot sur sa nomination.

La nomination de Kouadio Konan  Bertin est l’une des meilleures choses qui puissent arriver à notre pays après cette élection. D’une part, à cause de la création de cet important ministère qui marque la volonté du président d’achever le processus de réconciliation démarré depuis 2011 et, d’autre part, pour la nomination de cet homme dont le seul objectif est la paix. C’est d’ailleurs pour cela qu’il a tenu à aller à cette élection. KKB est donc le meilleur choix pour ce poste. Et nous restons convaincus qu’il réussira la mission à lui confiée par le Président Ouattara, apôtre de paix.

Quelle lecture faites-vous du discours du président du Pdci-Rda, Henri Konan Bédié qui a annoncé la dissolution du Conseil national de transition (Cnt) et qui a souhaité l’ouverture d’un nouveau cadre de dialogue politique avec toute l’opposition ivoirienne ?

D’abord, pour nous au Rhdp, le Cnt est une structure qui n’a jamais existé parce qu’elle était sans fondement juridique. Bien au contraire, c’était une structure antidémocratique, qu’on qualifierait d’alternative, c’est-à-dire qu’on met en place lorsqu’il y a un coup d’Etat. Donc, c’est une structure qui n’existait pas. Je crois que le Président Bédié s’en est rendu compte parce qu’elle n’a jamais fonctionné. Si aujourd’hui, il reconnaît ce fait, cela est en son honneur pour avoir été président de ce pays. De ce fait, un homme respectueux des institutions de la République ne pouvait pas cautionner le Cnt. Si, au départ, il avait cautionné et qu’aujourd’hui, il revient à d’autres sentiments en ne reconnaissant plus cette structure illégale, cela est salutaire. Maintenant, il souhaite l’extension du dialogue politique à toute l’opposition. Je voudrais faire remarquer que le cadre constitutionnel d’un dialogue ne peut pas être institué par un opposant. On est dans une République avec un président qui lui, est le garant de toutes les institutions. C’est lui, avec le gouvernement, qui trace les sillons de toutes les voies qui peuvent contribuer à un développement, à une discussion officielle. Il est vrai que le Président Alassane Ouattara, dans un souci de recherche permanente de la paix, a tendu la main à son aîné. Ce dialogue, initié par le président de la République s’est ouvert. C’était une rencontre entre un président et le chef de l’opposition, mais fondamentalement, c’était le petit frère qui tendait la main à l’aîné. Il y a eu une rencontre. Le Président Bédié a posé des préalables. Il a certainement été interpellé par tous les Ivoiriens qui lui ont dit que s’il est un enfant d’Houphouët, qu’il doit avoir des discussions sans préalables. Il a compris cela, aujourd’hui. Il affirme vouloir reprendre le dialogue. A l’intérieur de ce dialogue qu’il va avoir avec le Président Alassane Ouattara, il peut suggérer l’ouverture de ce dialogue à d’autres formations politiques. Ce n’est pas à lui de dire comment ce dialogue va être conduit. Ce n’est pas à lui de dire quelles sont les entités qui doivent être incluses et ce n’est pas à lui de dire que c’est l’Onu qui doit superviser ce dialogue. Il est vrai qu’aujourd’hui, il bat en brèche le Cnt, mais en même temps, ce n’est pas une sortie qui est honorable. Ce qui me fait dire qu’il est encore dans ses préalables. In fine, c’est pour dire que tant que l’opposition n’est pas assise autour de la table, il n’y a rien. Il est bon que Bédié place l’intérêt de la nation et qu’il fasse de la paix une priorité. Et la paix passe par le dialogue. A l’intérieur du dialogue, toutes les questions peuvent être posées.

Hier, c’était le Cnt. Aujourd’hui, le dialogue national. Peut-on parler d’incohérence au niveau de l’opposition ?

L’incohérence est totale. Voilà une opposition avec des leaders. Chacun a son agenda. Bédié qui est considéré comme chef de file a son agenda. L’autre grand opposant qui est à l’extérieur du pays, je veux parler du Président Laurent Gbagbo, lui aussi a son agenda. Toutes les composantes de l’opposition ont leurs agendas. C’est une opposition qui n’est ni cohérente ni homogène. Bédié a-t-il consulté ses pairs de l’opposition avant de faire son discours ? Je doute fort. Qu’il défende sa chapelle, le Pdci-Rda, on comprendrait. Mais je crois qu’ils veulent revenir au gouvernement. On va initier un dialogue, on va discuter et à un moment donné, pour qu’on parte à la paix, il faut prendre certains d’entre nous. Bédié se retrouve avec des cadres sous la main, qui lui mettent la pression, qui souhaiteraient rentrer dans ce gouvernement, mais à quel prix ? Voilà pourquoi Bédié a fait cette sortie.

A côté de cela, tous les préalables de Bédié ne seraient-ils pas un frein à ce dialogue ?

Il n’y a pas de préalables. Si Bédié veut être sincère dans sa demande, il n’y a pas de préalable pour la paix. Il n’y a pas de préalable à un dialogue. S’il est un Houphouëtiste, il ne doit pas poser de conditions. Bien évidemment, si c’est lui, en tant qu’opposant qui veut imprimer le rythme de la marche du pays à celui qui est légalement élu, il y a problème parce que le Président Alassane Ouattara ne va pas céder à ses désidératas. C’est un chantage en un mot. On verra la suite mais nous pensons que le président saura au moment opportun, apprécier la situation, à savoir s’il va rentrer dans ce cadre ou s’il ne va pas le faire. Toujours est-il que nous au Rhdp, nous voulons la paix, nous voulons que le Président Alassane Ouattara ouvre les bras, mais pas à n’importe quel prix. Il faut qu’il ouvre la main, et que l’on reconnaisse que c’est lui le président de la République. Il faut que Bédié et les autres admettent cela. Nous aussi on peut lui poser comme préalable, que ceux qui sont dans l’opposition arrêtent d’attaquer la légitimité et la légalité du président Alassane Ouattara. Une fois que tout cela est réglé, alors nous irons à un dialogue inclusif.

Que vous inspire la remise des passeports à Laurent Gbagbo ?

C’est un geste qui est louable et à encourager. Laurent Gbagbo est un citoyen ivoirien, qui est passé devant la Cour pénale internationale pour des faits qui lui sont reprochés suite à la crise postélectorale de 2010 et 2011. Il a été acquitté en première instance. Il y a un appel en cours. Mais, en attendant, il a envie de rentrer chez lui, bien évidemment. Il lui faut un titre pour le faire. On ne s’est pas contenté de lui donner un seul passeport, mais deux, un passeport ordinaire et un passeport diplomatique. Ce n’est qu’une étape. Mais en même temps, il a été jugé par la justice ivoirienne et condamné à 20 ans de prison ferme et à cinq ans de privation de droits civiques. Maintenant, pour aller plus loin, c’est une loi d’amnistie comme celle dont a bénéficié son épouse Simone Gbagbo qui peut favoriser son retour en Côte d’Ivoire. Là encore, c’est une autre démarche à faire. Mais déjà, il faut saluer l’acte posé par le gouvernement.

Et le cas de l’ex-président de l’Assemblée nationale, Guillaume Soro ?

Soro a beaucoup parlé. C’est un monsieur qui a été chef de la rébellion, Premier ministre, ministre, c’est une personnalité connue. Il s’est mis dans une posture que nous lui avons déconseillée à travers nos écrits, nos interviews. On lui a dit qu’il n’était pas sur la bonne voie. Il y a un nouveau mandat d’arrêt international et j’ai bien peur qu’il nous revienne en Côte d’Ivoire avec des menottes aux mains. Ce n’est pas ce que je lui souhaite. Mais il a encore le temps d’appeler le président et de parler avec lui afin que les choses se calment pour lui.

Seriez-vous candidat aux prochaines élections législatives ?

Ah oui. Je suis cadre du Rhdp. Je suis chef d’un parti qui a intégré le Rhdp. Ne pas aspirer à un poste électif, ce n’est pas être sincère avec le Rhdp. Donc je serai candidat.

Auteur : Réalisée par Ali Fama

Source : Lementor.net

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