RHDP / Élection des Secrétaires départementaux : le parti de Ouattara va-t-il imploser ?

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L’élection des Secrétaires départementaux samedi dernier a laissé apparaître de fortes tensions entre candidats, avec des affrontements par endroit. Mais faut-il pour autant y voir le signe d’une formation politique au bord de l’implosion ou plutôt le signe d’une vitalité démocratique avec des joutes électorales âprement disputées ?

L’incident le plus violent a été enregistré à Kouto, dans le nord du pays, où le ministre de la Construction, Bruno Nabagné Koné, a été accusé de tripatouillage du processus au profit de son candidat, par le très actif député Touré Alpha Yaya, une des figures de jeunesse du Ouattararisme avec laquelle il faudra compter longtemps encore. Les échauffourées auxquels l’on a assisté à Kouto sont assez dommageables pour l’image du parti même si, toute proportion gardée, il ne s’agissait pas du degré de violence rapporté sur les réseaux sociaux. On n’a enregistré aucun décès, juste quelques blessés légers.
Dans le Bafing (Touba), la bataille fratricide entre le fortuné ancien ministre, Mamadou Sanogo, et le non moins milliardaire ministre du Budget, Moussa Sanogo, qui se déchirent pour le leadership de leur région, avaient chacun son candidat qu’ils étaient prêts à défendre par tous les moyens. Résultat des courses : le vote a été empêché par un des camps.

Partout ailleurs, les élections se sont déroulées dans le calme, avec une mobilisation qui confirme l’hégémonie du parti d’Alassane Ouattara sur la scène politique ivoirienne. Dans certaines localités, on avait même du mal à croire qu’il s’agissait d’une élection interne au sein d’un parti politique, tant les files d’attente s’étendaient parfois sur plusieurs dizaines de mètres.

Il n’y a désormais plus qu’un seul patron dans le Denguélé : Me Adama Kamara, député de la localité, par ailleurs ministre de l’Emploi et de la Protection Sociale. Son poulain, Yacouba Savané, pour qui il s’était activement engagé dans la campagne a remporté haut la main le scrutin, avec 95,14% de voix en sa faveur, contre 0,45% pour Massangbe Diabaté et 4,26% pour Mamadou Cissé. Les candidats soutenus par les trois autres poids lourds du Denguélé mordent donc la poussière. La ministre de la Femme et maire d’Odienné-Nassénéba Touré, le ministre gouverneur – Gaoussou Touré et l’ex-DG du fer -Diaby Lanciné- sortent donc de ce scrutin très affaiblis, leur candidat n’ayant même pas pu rassembler 5% de l’électorat.

Sur la base de mes investigations, les perturbations ont concerné moins de 10% des circonscriptions. Tout cela reste donc marginal, et on pourrait plus parler d’apprentissage laborieux, que d’illustrations de profondes divergences. L’expérience d’une démocratie interne à la base est d’ailleurs inédite en Côte d’Ivoire. Les autres grands partis, le ppa-ci de gbagbo ou le pdci de bédié, ont préféré procéder par des nominations imposées par la direction du parti à la place d’un processus transparent et démocratique dont ils craignaient que cela ne provoque l’implosion du parti.
Malgré les incidents enregistrés çà et là, c’est donc finalement une belle leçon de démocratie que le parti présidentiel a donné ce samedi aux autres formations politiques de Côte d’Ivoire.
Passée la consultation électorale, les vainqueurs devraient cependant avoir le triomphe modeste et travailler à rassembler autour d’eux tous les militants, et les perdants gagneraient à se montrer fair-play, en sachant préserver l’essentiel : la cohésion au sein de leur parti.
Ce qui est vrai, est vrai !
Par Saïd Penda/ Journaliste d’investigation et analyste politique.

Auteur : Saïd Penda

Source : La rédaction

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