La colère des habitants face aux démolitions de leurs quartiers.

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Depuis plusieurs années, la capitale économique de la Côte d’Ivoire connaît une profonde transformation urbaine, visant à moderniser ses infrastructures et à améliorer son attractivité. Mais cette rénovation s’accompagne aussi d’évacuations forcées de certaines zones jugées insalubres ou dangereuses, provoquant la détresse et la révolte des habitants concernés.

C’est le cas du quartier de Boribana, situé au bord de la lagune Ébrié, où plus de 10 000 personnes ont été sommées de quitter leurs habitations en février 2024, sans compensation ni solution de relogement. Les autorités ont justifié cette opération par la nécessité de protéger les populations des risques d’inondation et de libérer l’espace pour la construction d’un pont autoroutier.

Mais les habitants de Boribana ne l’entendent pas de cette oreille. Ils dénoncent une violation de leurs droits et une spoliation de leurs terres. Certains ont même tenté de résister aux bulldozers, en vain. Ils ont reçu le soutien de plusieurs associations de défense des droits de l’homme, qui ont saisi la justice pour faire annuler la décision préfectorale.

Le cas de Boribana n’est pas isolé. D’autres quartiers précaires, comme Abobo, Yopougon ou Port-Bouët, ont subi le même sort ces dernières années, dans le cadre du projet « Abidjan 2025 », qui vise à faire de la ville une métropole moderne et compétitive. Selon l’ONG Amnesty International, plus de 100 000 personnes ont été déplacées de force depuis 2011, sans consultation ni indemnisation adéquate.

Ces destructions de quartiers précaires ont aussi des répercussions politiques. Elles sont perçues par une partie de l’opposition comme une stratégie du pouvoir pour affaiblir ses adversaires, en déplaçant des électeurs potentiels ou en favorisant des projets immobiliers au profit de ses alliés. Elles alimentent aussi le sentiment d’exclusion et d’injustice sociale chez les populations les plus démunies, qui se sentent abandonnées par l’État.

Face à cette situation, le gouvernement se défend de toute intention malveillante. Il affirme que les destructions de quartiers précaires répondent à des impératifs de sécurité, de salubrité et de développement. Il promet aussi de mettre en place des programmes de relogement et de réinsertion pour les personnes affectées. Mais ces promesses peinent à convaincre les habitants, qui réclament plus de respect et de dignité.

Auteur : CB

Source : Lementor.net

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