Pourquoi Guillaume Soro est incontournable en Côte d’Ivoire: la bonne foi de Sangafowa!

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L’amnésie est la pire des tares d’une république. Là où cette maladie de la conscience individuelle et collective s’installe, les rechutes dans les tragédies du passé redeviennent possibles. Là où l’oubli mal intentionné prospère, s’installe la chienlit de la prétention, de la jalousie, de la bravade, de la chicanerie et de l’aventurisme sans vision destinale. Dès lors, pour consolider les acquis des luttes politiques égalitaires, les fruits des progrès de la  socioéconomie, des avancées de la sphère de la culture, toute société qui se normalise a besoin de méditer ses déboires récents et passés afin de se bâtir des institutions de prévoyance, inspirées par le « plus-jamais-çà » qui seul offre à l’espérance collective, un temple sacré confiés à de véritables gardiens de la tradition nationale. Où veux-je donc en venir? Lectrice, lecteur de la présente tribune, regardons objectivement l’histoire de la Côte d’Ivoire depuis les années 90. Demandons-nous objectivement quelles personnalités politiques l’ont façonnée, avec monumentalité. Les ayant identifiées, demandons-nous ensuite, de toutes ces personnalités politiques, celle qui est le plus à même après celles qui ont annoncé leur retraite politique dans un proche avenir, d’assurer l’harmonie et la tenue en main du pays. Demandons-nous, en âme et conscience QUI,  en raison de son engagement sacerdotal pour le pays, de son intelligence politique, de son expérience des arcanes de la gestion du pays, de sa connaissance des sucs les plus profonds de la terre ivoirienne, de ses dimensions panafricaine et mondiale indubitables, de son rôle décisif dans le rééquilibrage nouveau et heureux des forces politiques ivoiriennes, pourra continuer et relayer avec force et vigueur  dès 2020, l’oeuvre magistrale entamée depuis 2010 par le président de la république, Son Excellence Alassane Ouattara?

 Dans la présente tribune, je ne ferai durer aucun suspense. Le titre l’annonce d’ailleurs. Je me propose de montrer pourquoi le président de l’Assemblée Nationale, Guillaume Kigbafori Soro,  émerge de la moindre supputation objective du milieu de tous ses pairs, après la génération  tutorale incarnée par les présidents Bédié et Ouattara. Trois arguments seront mobilisés pour établir de façon apodictique, l’incontournable transcendance de la figure de Guillaume Kigbafori Soro, dans une prospective politique ivoirienne, faite sur pièces. I) Un argument historique; 2) Un argument politique; 3) Un argument anthropologique.

IL’argument historique: Guillaume Soro, pourfendeur suprême de l’ivoirité, dès la FESCI.

Dès 1993, deux camps politiques se forment en Côte d’Ivoire: les partisans de la succession paternaliste du pouvoir politique, d’une part, globalement regroupés autour du successeur du président Félix Houphouët-Boigny, Henri Konan Bédié, estiment que la gestion suprême de l’Etat n’a surtout pas à être disputée dans une compétition politique ouverte à toute la diversité ethnopolitique ivoirienne. Cette posture, renforcée par les travaux sectaires de la fameuse cellule CURDIPHE, aboutit au clivage aggravé de 1995, qui voit la naissance, face au PDCI-RDA,  du Front Républicain (RDR et FPI) où Djéni Kobina et Gbagbo remettent sur l’établi leur expérience des mobilisations de masse acquise dans les officines syndicales de la gauche ivoirienne. Pendant ce temps, le mentor naturel du RDR, le premier ministre Alassane Ouattara, s’est retiré dans des fonctions internationales, attendant de mûrir le moment de son retour en scène. On fabrique alors contre lui, croit-on, l’article 35 de la constitution ivoirienne et l’on prévoit que l’éligibilité  à la fonction de président de la république dépendra désormais d’une ascendance ivoirienne de souche multiséculaire…même si la Côte d’Ivoire n’a qu’à peine cent ans d’existence comme territoire étatique…

Où est donc Guillaume Soro en 1995? Il a 23 ans, et sera élu démocratiquement Secrétaire Général du plus puissant syndicat estudiantin ivoirien de l’époque, la FESCI. Tous ses camarades – j’en fus, fraîchement débarqué alors du Cameroun- s’accordent, tel un Navigué Konaté du FPI récemment interviewé sur la chaîne Vox Africa, à reconnaître en Guillaume Soro le plus grand et charismatique leader que la FESCI ait jamais eu: rassembleur, organisateur, éloquent et surtout…courageux et fin stratège. La FESCI, on le sait, est engagée au coeur de la lutte des Ivoiriens pour le pluralisme politique rétabli dès 1990-1991 dans leur pays. Le FPI, puis le RDR, forces de l’opposition politique d’alors, peuvent compter sur ce fer de lance de la jeunesse politique ivoirienne, que le pouvoir ne manque pas de réprimer sévèrement. Par six fois, Guillaume Soro connaîtra la prison sous le régime du PDCI-RDA d’alors, au point de ravir en 1997, la palme d’or de l’homme de l’année, dans la presse ivoirienne. 

La crise de la démocratisation post-Houphouët bat alors son plein. Mais, pis encore, la crise identitaire qui traverse le pays finit par atteindre le coeur du grand syndicat étudiant . Au moment d’en quitter la tête en 1997, Guillaume Soro doit gérer une crise ethnique provoquée par le FPI de Laurent Gbagbo au coeur de la FESCI. Retournant dans les vomissures de l’idéologie de l’ivoirité qu’il n’avait provisoirement quittée en 1995 que pour des raisons purement tactiques, le parti de Gbagbo noyaute ethniquement l’élection de l’après-Soro, lui reprochant au passage de n’avoir pas rejoint ses rangs, et l’accusant par son soutien à la candidature de Yayoro Karamoko- Un Mona de Kounahiri pourtant- , de vouloir donner la FESCI aux Dioula, ces « boyorjan » faits du tout-venant de l’Afrique de l’Ouest, comme on les moque alors. 

L’ivoirité, qui divisait le pays depuis la mort d’Houphouët, pulvérise ainsi la FESCI, pendant que Gbagbo rompt concomitamment l’alliance du Front Républicain, pour faire cavalier seul avec le FPI vers le pouvoir. Retiré en France à la suite de cette déception, Guillaume Soro réapparaît entre 1998 et 1999, pour créer le FUEF (Front Uni des Etudiants Francophones), où il montre d’ores et déjà la dimension panafricaine de son engagement syndical. Le 24 décembre 1999, le Général Guéi est porté à la tête de l’Etat par des jeunes soldats et sous-officiers courageux, qui mettent fin à l’impasse du régime Bédié. Le RDR, le FPI et une bonne partie de l’opinion publique ivoirienne saluent l’avènement d’une ère nouvelle. Il est là, le Père Noël en treillis… Gbagbo revient du Gabon, et soutient qu’il y a des coups d’Etat qui peuvent faire avancer la démocratie. Ado revient de France, où un mandat d’arrêt international lancé par le régime d’Henri Konan Bédié le retenait en exil… Le mentor du RDR salue aussi l’augure que le coup d’Etat représente pour l’ouverture démocratique du pays.

Dès janvier 2000, le débat constitutionnel reprend de plus belle. Le Général Guéi , très vite accro aux fastes du pouvoir, finit par gouverner désormais la Côte d’Ivoire avec le seul FPI pour allié, s’abonnant à la chanson ivoiritaire. Il offre à son peuple une constitution qui aggrave le problème que lui-même Guéi était censé pourtant résoudre par son coup d’Etat. Guillaume Soro et des centaines de soldats ivoiriens doivent s’exiler pour avoir la vie sauve. La constitution de juillet-août 2000 bétonne l’article 35, par un ET négateur du métissage exceptionnel de la Côte d’Ivoire.  Le PDCI et le RDR s’agenouillent alors devant le veau d’or constitutionnel de Guéi, en appelant à voter oui, histoire sans doute de renvoyer sine die la confrontation finale…Telle est l’ironie de l’histoire!

On connaît la suite. Guéi croyait gagner aisément, en demandant à son « frère » Tia Koné d’exclure urbi et orbi de la présidentielle 2000, Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié.  Or, en Octobre 2000, le Général Guéi se fait habilement rouler par Gbagbo dans l’élection la plus calamiteuse de l’après Houphouët d’alors. Une partie de l’armée, et un FPI aguerri par le soutien des militaires pro-Gbagbo, réalise le hold-up électoral et l’insurrection armée qui font fuir Guéi à Gouessesso, pendant que Gbagbo monte sur le trône de Côte d’Ivoire, devant sa femme et camarade Simone en transe. La Côte d’Ivoire devient alors un mouroir géant pour les militants du RDR et du PDCI. On les tue partout.Tout feu, tout flamme, Gbagbo avance en octobre 2000, faisant tomber mille à droite, dix mille à gauche. Guillaume Soro et des centaines de soldats ivoiriens doivent s’exiler pour avoir la vie sauve. C’est le commencement des douleurs pour l’opposition et ses bastions: être PDCI et être RDR, des villes au campagnes, des campements aux bureaux, devient un ticket de voyage vers l’enfer. Les escadrons de la mort ouvrent leur bal funèbre. La Côte d’Ivoire est à feu et à sang. Oser demander la reprise de l’élection 2000? Gbagbo réplique par le charnier de Yopougon. Oser vouloir qu’Ado soit candidat à la députation à Kong et Soro à Port-Bouët, aux côtés d’Henriette  Dagri Diabaté?  C’est niet, disent les frontistes. Ils installent un régime de terreur et d’exception. Gbagbo règne en César, après avoir promis la démocratie à son peuple. Qui se se lèvera donc, pour rendre à Gbagbo la monnaie de sa pièce?

IIL’argument politique: le re-négociateur du pacte républicain ivoirien

A cet instant historique précis, un homme, syndicaliste de renom, trempé de sciences politiques assidûment étudiées dans les cercles de gauche et à Science-Pô Paris, et qui connaît le régime FPI par coeur, conscient d’être désormais,avec des millions d’autres ivoiriens, un paria dans son pays, prend la route de l’exil. C’est le fils de Clément Soro et de Minata Sanogo, le Che Bogota, qui prend l’espérance ivoirienne en main, quand les opposants politiques de Gbagbo rasent tous les murs de Côte d’Ivoire. Au Burkina Faso, à compter de janvier 2001, tel Charles de Gaulle retiré en Angleterre en juin 1940, Guillaume Kigbafori Soro organise la résistance ivoirienne. Le sergent-chef Ibrahim Coulibaly aimerait bien diriger tous les soldats ivoiriens exilés au Faso. Mais ces derniers se rendent vite compte qu’il n’en a pas la carrure. Davantage dans la gouaille que dans la pensée tactique et stratégique, il n’a pas l’étoffe pour affronter le régime de Gbagbo. Le complot piteux dit de la Mercedes Noire montrera vite à tous ses compagnons, les limites de celui que tous les valeureux soldats ivoiriens en exil s’accorderont à nommer « le poltron. » Chef de la rébellion ivoirienne, acte de légitime défense contre le régime criminel de l’ivoirité, Guillaume Soro et ses camarades du MPCI , qui s’emparent après d’âpres combats, des 60% du territoire ivoirien, contraignent le régime FPI de Gbagbo, par la bravoure du 19 septembre 2002, à une renégociation du pacte républicain ivoirien à travers les accords d’Accra, de Lomé, de Rome, de Linas-Marcoussis, de Prétoria et finalement, de Ouagadougou en 2007. Guillaume Soro est ainsi consacré premier ministre de Côte d’Ivoire, à la tête du gouvernement d’union nationale qui organisera en 2010, l’élection présidentielle de l’inclusion démocratique: celle qui donne à Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié, l’occasion de revenir dans le jeu politique ivoirien.

On a donc franchement maintenant, l’occasion de se demander. Qui aurait pu imaginer un pouvoir RHDP, sans une défaite politique, puis militaire du FPI? La politique ivoirienne aurait-elle l’orientation qu’elle a aujourd’hui, si le RDR et le PDCI-RDA s’était contentés d’appliquer la stratégie de lutte civique et gentille qu’ils avaient adoptée au moment de leur exclusion du jeu politique par Guéi et Gbagbo en octobre 2000? Evidemment: non. 

La donne politique change quand les FDS de Gbagbo sont obligées, n’ayant pas gagné la bataille de 2002, face au MPCI, de négocier politiquement avec Guillaume Soro. 

La donne politique change quand à Marcoussis, la France et les principaux Etats africains rassemblés, découvrent en Guillaume Soro, un redoutable baroudeur de la négociation politique. 

La donne politique change, quand Gbagbo, revenant de Linas-Marcoussis en 2003, reconnaît:« Je n’ai pas gagné la guerre. le médicament de Marcoussis est dur à avaler. Mais prenons-le quand même ». Si Gbagbo n’a pas gagné la guerre, cela veut dire, au minimum que Guillaume Soro, à la tête de 60% du sol ivoirien de 2002 à 2007, voire 2010, ne l’a surtout pas perdue. 

Oui, la donne politique change quand le RDR et le PDCI, rassemblés en RHDP depuis 2005, à la suite, entre autres,  de la proposition décisive de Guillaume Soro, dès 2003, de constituer entre les partis de l’opposition issus de Linas-Marcoussis un cadre commun de concertation, comprennent que l’union fait la force. 

Risquant sa vie en 2007 sur le tarmac de Bouaké, pour la paix, Guillaume Soro, au service de l’espérance ivoirienne sera le premier ministre organisateur de l’élection présidentielle 2010, qui voit Alassane Ouattara, grâce à l’alliance du RHDP, battre à plate couture Gbagbo au second tour. les frontistes accourent vers Soro, qu’ils amadouent de mille façons. Le premier ministre Soro résiste souverainement à toutes ces menées et reconnaît la victoire sans bavure du Docteur Alassane Ouattara. Pendant les deux premières années du gouvernement Ouattara, c’est Guillaume Soro, avec la confiance absolue du chef de l’Etat ivoirien, qui assumera cumulativement les fonctions de premier ministre et celles de ministre de la défense, aujourd’hui assumée directement par le chef suprêmes des forces armées ivoiriennes lui-même, Alassane Ouattara. Quand en 2012, Soro est élu à la tête du parlement de son pays, nul ne doute de l’exceptionnelle dimension politique de l’homme. Et cela, de longue date, comme nous allons à présent le rappeler aux amnésiques.

IIIL’argument anthropologique: la valeur reconnue de l’homme politique Soro par les grands de ce monde et par des figures politiques ivoiriennes remarquables

Un individu ingrat et mal famé aurait récemment affirmé devant des militants ivoiriens à Paris:« N’allez plus soumettre vos problèmes à Guillaume Soro. Il n’est plus rien et il ne sera plus rien en Côte d’Ivoire. » Quand on a un CV politique pratiquement vierge comme ce faquin, la pudeur veut qu’on mesure ses audaces envers ceux qui ont accompli des oeuvres grandioses! Cet obscur et risible pourfendeur de la seconde personnalité politique de son propre pays et de sa propre majorité politique devrait à présent méditer le catalogue de témoignages que je m’en vais rappeler dans les lignes qui suivent à l’opinion politique ivoirienne . Je vais citer dans l’ordre, le président Alassane Ouattara, le président Laurent Gbagbo, le président Blaise Compaoré, le président Omar Bongo, les ministres Lobognon, Sangafowa, Hamed Bakayoko, Joël N’guessan, pour ne citer que ceux-là. Et chacun devra se demander: qui peut en dire moins aujourd’hui de Guillaume Soro?

Le 7 juillet 2013 à Ferkéssédougou, il y a seulement trois ans, voici ce qu’a affirmé le président Alassane Ouattara:

« Guillaume Soro a estimé qu’à un moment donné, nous les anciens étions engagés dans une voie qui peut-être allait prendre trop de temps pour faire aboutir notre combat. Il a fait preuve de courage, il a fait preuve de sacrifice. (…) Guillaume Soro s’est battu pour que les populations du Nord puisse recouvrer leur dignité par la nationalité ivoirienne. Je voudrais donc rendre hommage à Guillaume Kigbafori Soro pour le combat qu’il a mené, pour son courage, sa fidélité. (…) Guillaume Soro a pris la parole pour dire qu’au nom de ma foi chrétienne, je dis que c’est Alassane Ouattara qui a gagné les élections présidentielles. (…) C’est donc un acte très fort, au-dessus des religions. C’est un acte de patriotisme. S’il a fait cela, c’est parce qu’il aime la Côte d’Ivoire. Je voudrais te féliciter mon cher Guillaume pour ton courage, ta fidélité et ton patriotisme ».

Ce Guillaume Soro a-t-il en trois ans, changé d’un seul iota, en intelligence stratégique, en courage, en patriotisme et en fidélité? Ô que non! D’où vient donc la superbe de ceux qui, du haut de leurs jarrets de nabots politiques, se dressent pour manquer de respect à celui pour qui le président Alassane Ouattara en personne a eu ces mots forts? Connaît-on en Côte d’Ivoire, un seul homme ou une seule femme dont le chef de l’Etat ait pu dire ce qu’il a ainsi dit de Guillaume Soro? Ado ne dit-il pas, sans fioritures, que le RHDP ne serait pas aujourd’hui au pouvoir, avec Ado à sa tête, si Guillaume Soro n’avait pas fait preuve de courage, de fidélité et d’efficacité?

L’ex-Président de la république, Laurent Gbagbo, en 2010, n’hésite pas à dire, au grand dam de ses camarades frontières renfrognés de jalousie:

« Soro a été mon meilleur premier ministre, celui qui a vraiment mouillé le maillot ».

Qui est mieux placé que votre plus redoutable adversaire, pour savoir apprécier vos qualités?  Où étaient nos prétentieux de tous les bords politiques, pour contredire Laurent Gbagbo quand il  affirmait l’excellence gouvernementale de Guillaume Soro? Au Diable Vauvert, sans doute.

Ainsi, le plus puissant des Ivoiriens, le Chef de l’Etat Alassane Ouattara, et le plus grand opposant ivoirien, Laurent Gbagbo, s’accordent à dire que Guillaume Soro est un homme d’Etat d’indéniable valeur. Qui dira mieux en Côte d’Ivoire que ces deux têtes de proue du pouvoir et de l’opposition?

Continuons donc notre rappel des témoignages sur la valeur anthropologique de Guillaume Soro.

Du 15 au 26 janvier 2003, se tiennent les négociations de Linas-Marcoussis-Kléber. Le président Omar Bongo, devant les redoutables capacités de négociateur de Guillaume Soro, s’exclame devant ses pairs: « Mais, qu’est-ce qu’il est malin, ce petit! Il a de l’avenir! »  Qui connaît ce que valait Omar Bongo en termes d’intelligence tactique et stratégique saura apprécier ces propos à leur juste valeur…

Pendant les négociations de l’Accord de Paix de Ouagadougou en 2007, on demande au président Blaise Compaoré, de dire lequel des Ivoiriens est à son humble avis, le mieux placé pour assumer la fonction de chef du gouvernement, en tandem avec le président de la république d’alors, Laurent Gbagbo. Sans hésiter, le chef de l’Etat burkinabé donnera une réponse digne des annales de la phraséologie politique:

« J’ai trois propositions: Un: Soro Kigbafori Guillaume; Deux: Guillaume Soro Kigbafori; Trois Guillaume Kigbafori Soro »

Qui connaît mieux, dans la sous-région africaine, la classe politique ivoirienne, que le président Blaise Compaoré?

 Au regard des témoignages précédents, comment s’étonner des témoignages convergents des ministres Hamed Bakayoko, Alain Michel Lobognon, Joël Nguessan, et tout récemment encore Mamadou Sangafowa Coulibaly, sur la dette évidente que le pouvoir RHDP a contractée envers la figure étatique de Guillaume Kigbafori Soro?  Citons-les à présent.

Mars 2013, devant la cour royale d’Abengourou, le ministre d’Etat Hamed Bakayoko, connu pour son franc-parler, adresse un vibrant hommage à son aîné politique Guillaume Soro. Cet hommage vaut la peine d’être cité, afin que ceux qui s’esbroufent à attiser une soi-disant guerre successorale Soro-Bakayoko en prennent pour leur grade:

 « Je devais être au Bénin en compagnie du Chef de l’état Son Excellence Alassane Ouattara mais vu l importance de cette visite du Président Guillaume Soro, je suis ici avec vous. Monsieur le président de l’Assemblée Nationale, Vous avez été mon patron! Vous étiez un grand 1er ministre. J’ai toujours été surpris par votre sens élevé de l’Etat. Chères populations d’Abengourou, je suis ici en tant qu’ami et frère du Président Guillaume Soro pour lui témoigner toute mon admiration pour ce qu’il a fait et continue de faire pour la Côte d’Ivoire. Les jaloux veulent nous diviser mon frère Guillaume Soro et moi mais ils ne pourront pas. Le Président Guillaume Soro a été mon Patron pendant plusieurs années et nous avons beaucoup de choses en commun. Monsieur le Président Guillaume Soro, vous êtes un homme d’état, malgré votre jeune âge, vous avez porté à bout de bras la Côte d’Ivoire. Le président Guillaume Soro est un homme d’une grande maturité, un homme d’une grande intelligence, un véritable homme d’état. Devant la cour royale d’Abengourou, je réaffirme mon amitié et ma fraternité avec le Président Guillaume Soro…. Je voudrais saluer, ici, en vous Monsieur le Premier ministre, un homme d’une très très grande maturité. Un homme de courage, un homme intelligent, un homme d’Etat. Monsieur le Premier ministre, Monsieur le Président de l’Assemblée, vous le savez, je vous l’ai souvent dit en privé, je vais le dire en public, j’ai toujours été marqué par votre sens de l’Etat. Quand les intérêts de l’Etat sont en jeu, vous avez fait preuve de grande sagesse, d’une capacité de dépassement qui nous a toujours surpris pour votre jeune âge. D’aucuns l’ont dit, aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années. Monsieur le Premier ministre, Monsieur le Président de l’Assemblée, rares sont les hommes qui ont votre parcours à cet âge. A peine 40 ans révolus, vous avez déjà fait 10 ans dans plusieurs gouvernements. Vous avez été pendant 5 ans Premier ministre dans des conditions que nous savons. Là où en Côte d’Ivoire la moyenne de durée de vie d’un Premier ministre est environ de un (1) à deux (2) ans. (…) Comme dit l’adage populaire, les gens n’aiment pas les gens. Quand vous vous entendez, on veut tout faire pour vous diviser, on va trouver quelque chose pour vous diviser. Alors que musulmans, chrétiens, de quelques obédiences que nous soyons, on a toujours dit aimez-vous les uns les autres. Nous, nous sommes très amusés tous les deux quand nous parcourons la presse. Nous voyons que nous sommes en guerre. Et on s’interroge pour dire qu’est-ce qu’on a pu faire, quel acte on a posé pour que certains voient la guerre. Je voulais réaffirmer en ce moment précis, le témoignage vivant et sincère de notre amitié jamais démentie. Là où vous et moi avions tissé ces liens, comment et dans quelle profondeur nous avons tissé ces liens, j’ai la conviction et avec les bénédictions du Roi, Dieu va nous préserver de la division et de la séparation. Majesté, avec votre permission, ce sont les paroles que je voulais porter, le témoignage du membre de l’exécutif, le témoignage de l’ancien collaborateur du Premier ministre Soro, témoignage d’un frère, d’un ami. Et je pense que le faire ici, en ces moments là, dans cette place de la paix, dans ce royaume porté par la paix, par le symbole fort, je pense que nous aurons la grâce et les bénédictions de nos ancêtres ».

Je crois que le témoignage solennel – devant la cour royale de l’Indigné dont il est un gendre – du Ministre d’Etat Hamed Bakayoko est clair et sans bavure. Il reconnaît en Guillaume Soro, un homme d’Etat accompli, un « Patron », un « Grand premier ministre »,  et salue sa carrure comme sa carrière incomparables d’exception en Côte d’Ivoire.

Qu’a donc dit de si exceptionnel, le ministre et député Alain Michel Lobognon, le dimanche 28 février 2016 à Abidjan, devant le MERCI,  un mouvement de jeunes amis du président Guillaume Soro? Citons-le simplement:

« A chaque époque ses hommes. En 1960 grâce à Houphouët-Boigny, nous sommes devenus indépendants. C’est grâce à Guillaume Soro qu’on a organisé des élections transparentes en Côte d’Ivoire en 2010. (…) Il a défendu au péril de sa vie les droits des étudiants et élèves quand il était Secrétaire Général de la FESCI. Si on veut parler de Guillaume Soro, qu’on dise ce qui est vrai sur lui. (…) Guillaume Soro s’est engagé pour qu’en Côte d’Ivoire aucun candidat ne soit exclu. Il s’est dressé contre les armes. Il a mis sa vie en péril pour faire respecter le choix des Ivoiriens. (…) Nous ne disons pas que Guillaume Soro est candidat. Il serait l’homme idéal, le candidat idéal de la jeunesse de Côte d’Ivoire. Vous avez choisi Guillaume Soro peu importe ce qui sera dit sur lui. Forgez-vous des convictions en ayant vos convictions propres. (…) N’est pas Guillaume Kigbafori Soro, qui veut! »

Ne sont-ce pas simplement des mots qui sont une suite logique de l’ensemble des arguments anthropologiques qui précèdent à propos de la haute stature politique de Guillaume Soro?

Quand le ministre Joël N’guessan, porte-parole du RDR, affirme sur Vox Africa TV le 10 mars 2016: « Guillaume Soro est un homme d’Etat accompli, il va falloir compter avec lui en Côte d’Ivoire », qui sérieusement peut s’en étonner sans être tout simplement en déphasage avec l’histoire ivoirienne? 

Concluons notre analyse.

On ne comprend donc pas l’excitation tumultueuse de certains plumitifs dilettantes dans la presse à sensations depuis quelques jours. Ils se sont jetés à bras raccourcis contre un ministre de la république, parce qu’il leur a rappelé de simples évidences. Qu’a donc dit de si exceptionnel, le ministre Mamadou Coulibaly Sangafowa, en ce mois de mars 2016 à Ferkéssédougou, lors qu’il constatait tout simplement:

« Il est temps que le RHDP songe à honorer sa dette de reconnaissance envers celui-là même qui a su, par sa force de caractère, ses convictions foncières, mener à bien le processus de sortie de crise, sanctionné par des élections ouvertes à tout le monde (…) Guillaume Soro et les Forces Nouvelles doivent tirer parti d’une dette de reconnaissance du RHDP » ? 

Le ministre Sangafowa n’a fait que rappeler à tous une évidence politique, historique et anthropologique d’une valeur apodictique. Est apodictique, du grec apodiktikè, ce qui ne peut pas ne pas être. Ce qui ne souffre en rien de l’ombre du moindre doute. C’est donc une vérité apodictique. Le RHDP ne serait jamais arrivé au pouvoir en 2010 sans le rééquilibrage du rapport de forces politiques engagé dès 2002 par Guillaume Soro contre le régime ostracisant de Laurent Gbagbo. Le RHDP n’a pris la mesure de la situation que quand les Forces Nouvelles ont contraint Gbagbo à renégocier le pacte républicain ivoirien et à se soumettre, bon an mal an, au verdict souverain exprimé par le peuple de Côte d’Ivoire dans les urnes de 2010. Dès lors, oser une seule seconde penser un avenir fécond du RHDP sans le leadership convaincant de Guillaume Soro, c’est comme demander à un manchot de prendre son courage à deux mains. Ou, mieux encore: fuir la pluie pour aller s’abriter dans une rivière…

Une tribune internationale du Professeur Franklin Nyamsi

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