Libération En Cascade Des Pro-Gbagbo : Tapis Rouge Pour Les Bourreaux D’hier Au Grand Dam Des Victimes, Vers Une Justice Des Vaincus ?

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Liberté provisoire par-ci, liberté provisoire par-là. Ce sont ainsi des centaines de personnes arrêtées et poursuivies pour meurtres, assassinats et autres crimes violents perpétrés pendant la crise postélectorale qui recouvrent la liberté sans autre forme de procès. Nous connaissant en ‘’ détail en Côte d’Ivoire’’, le plus souvent, le provisoire devient définitif. En son temps, des voix s’étaient élevées contre une ‘’justice des vainqueurs’’. N’est-on pas entrain d’aller vers la ‘’justice des vaincus’’ tant souhaitée en Côte d’Ivoire ? Les ‘’libérés provisoires’’, leurs familles, leur famille politique et leurs amis sont heureux et font la fête au grand désarroi des victimes qui attendaient plus de la justice. Elles ravalent leur surprise, leur déception et leur colère, regardant ébahies, leurs bourreaux d’hier, à qui la justice déroule le tapis rouge. S’il est vrai que les autorités judiciaires voudraient par cet acte, participer à la décrispation du climat social et apporter leur pierre au processus de réconciliation et de paix, ne mettent-elles pas la charrue avant les bœufs ? N’aurait-il pas mieux valu que les autorités judiciaires accélèrent plutôt le jugement des présumés coupables ? Libérer ceux contre qui, elles n’auraient pas de preuves et condamner ceux contre qui, les charges sont incontestables. Ainsi, les populations y compris les victimes, auraient été fixées sur le ‘’Qui a fait quoi ?’’. Surtout que chaque camp se rejette les fautes, s’accusant mutuellement. Malgré les nombreux morts, personne n’est coupable de rien. Qui sont donc ceux qui ont bombardé des villes et des quartiers en Côte d’Ivoire ? Qui sont ceux qui ont brûlé vivants, leurs semblables. Viennent-ils d’ailleurs ou sont-ils parmi nous ? Le saura-t-on jamais ? Il aurait fallu que la justice trouve les coupables et les condamne. Et par la suite, le Président de la République, toujours dans le souci de l’apaisement du climat social, de par les pouvoirs que lui confère sa haute fonction, pourrait alors prendre la décision d’une amnistie générale pour tous les condamnés. La pilule, bien qu’amer, serait moins difficile à avaler. Le scénario ayant été conçu autrement, a-t-on pensé à l’état d’esprit des victimes ? La CDVR qui vient de voir son mandat renouvelé d’un an, aura du mal à réconcilier les cœurs des nouveaux frustrés. Ce sont toutes ces personnes, victimes et familles de victimes, qui s’étaient remises à la justice qui vient de leur couper l’herbe sous les pieds. Le sage n’a-t-il pas dit : « L’homme n’est ni ange ni bête. Mais le malheur veut que qui veut faire l’ange, fait la bête ». L’homme étant donc ce qu’il est, si demain une victime croise le bourreau de son père, de son fils ou de son frère, qu’adviendrait-il ? S’il se fait justice, que ferait la justice ? Va-t-elle condamner la victime devenue bourreau par dépit ou va-t-elle regarder faire ? Quelle serait donc le nouveau visage de la justice ivoirienne ? Après leur libération, les ‘’libérés provisoires’’, ces bourreaux d’hier, retournés dans leurs quartiers, pourront-ils garder le profil bas sans se bomber la poitrine pour narguer leurs victimes ou parents de ces victimes ? La quiétude de demain reposera sur le bon comportement, le bon ton et non la provocation et le mépris à l’endroit des victimes. Toute autre attitude soulèverait le courroux de ceux qui réclament la justice depuis la fin de la crise et qui n’ont eu que leurs yeux pour pleurer. Les autorités politiques et judiciaires ont-elles sacrifié la JUSTICE sur l’autel de la réconciliation ? Quelle réconciliation ? La réconciliation orientée vers un camp ? Le camp des bourreaux qui, à force de crier et d’appeler ‘’une justice des vaincus’’, ont fini par l’obtenir. Le devoir de mémoire commande que l’on n’oublie pas les anonymes des charniers dont celui de Yopougon, les femmes et les morts d’Abobo et de toutes les régions du pays dont le compte macabre donne 3000 morts pour rien. 3000 morts qui continuent de se retourner dans leurs tombes, attendant une justice des hommes. Ah réconciliation, quand tu nous tiens !

 

 

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