Ouattara faiblit-il dans sa lutte contre la corruption ?

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Depuis son arrivée au pouvoir en 2011, le président ivoirien Alassane Ouattara a fait de la lutte contre la corruption l’une de ses priorités. Il a créé la Haute Autorité pour la bonne gouvernance, un ministère dédié à ce combat, et lancé plusieurs audits des entreprises publiques. Mais ces efforts sont-ils suffisants pour éradiquer ce fléau qui gangrène le pays ?

Un bilan mitigé

Selon le rapport de Transparency International, la Côte d’Ivoire a progressé de 9 points dans le classement de l’indice de perception de la corruption entre 2011 et 2020, passant de la 154e à la 104e place sur 180 pays. Ce résultat témoigne des réformes engagées par le régime Ouattara pour assainir les finances publiques, renforcer la transparence et sanctionner les auteurs d’actes de corruption.

Toutefois, la situation reste préoccupante, car le pays se situe toujours en dessous de la moyenne mondiale (43/100) et africaine (32/100), avec un score de 25/100. La corruption affecte de nombreux secteurs, tels que la santé, l’éducation, la justice, la sécurité, les marchés publics, les douanes, ou encore le contrôle technique des véhicules. Elle entrave le développement économique et social, et nourrit le mécontentement de la population.

Une volonté politique affichée, mais contestée

Face à ce défi, le président Ouattara a réaffirmé sa détermination à lutter contre la corruption lors de son discours d’investiture en décembre 2020, après sa réélection controversée pour un troisième mandat. Il a annoncé que les cas de corruption seraient sévèrement réprimés, aussi bien dans l’administration que dans le secteur privé.

Pour concrétiser cette promesse, il a nommé en avril 2021 un nouveau ministre de la Promotion de la bonne gouvernance, du renforcement des capacités et de la lutte contre la corruption, Epiphane Ballo Zoro, un ancien magistrat. Celui-ci a lancé plusieurs opérations « coups de poing » pour débusquer et sanctionner les agents véreux, notamment au sein de la Société ivoirienne de contrôles techniques automobiles et industriels (Sicta), où de nombreux pots-de-vin ont été versés.

Cependant, ces actions sont critiquées par l’opposition et la société civile, qui les jugent sélectives et partiales. Elles accusent le pouvoir de se livrer à une « justice des vainqueurs », en ciblant uniquement les proches de l’ancien président Laurent Gbagbo, qui a été acquitté par la Cour pénale internationale en 2019, et qui a effectué son retour en Côte d’Ivoire en juin 2021. Elles dénoncent également l’impunité dont bénéficient certains cadres du régime Ouattara, soupçonnés de corruption ou d’enrichissement illicite.

Quelles perspectives pour l’avenir ?

La lutte contre la corruption en Côte d’Ivoire est donc loin d’être achevée. Elle nécessite une volonté politique forte et constante, mais aussi une implication de tous les acteurs de la société, y compris les citoyens, les médias, les organisations non gouvernementales, les syndicats, les entreprises, les autorités religieuses et coutumières. Elle implique également une réforme en profondeur du système judiciaire, pour garantir son indépendance, son impartialité et son efficacité.

La Côte d’Ivoire, qui ambitionne de devenir un pays émergent à l’horizon 2030, ne peut se permettre de laisser la corruption entraver sa marche vers le progrès. Elle doit s’inspirer des bonnes pratiques internationales, et s’appuyer sur les recommandations des institutions régionales et continentales, telles que la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et l’Union africaine, qui ont fait de ce combat une de leurs priorités

Auteur : CB

Source : Lementor.net

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