FPI : Ils N’ont Donc Pas Encore Fait Le Deuil De L’ivoirité

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La réconciliation aura-t-elle lieu un jour au pays d’Houphouët-Boigny ? La question mérite d’être posée quand on sait que les acteurs de la scène politique ivoirienne semblent  s’ingénier à remettre en cause les maigres acquis de l’après-guerre, laquelle a fait quelque trois mille morts.. Dernier épisode en date de cette incurie, c’est la sortie d’Affi N’Guessan,  président du Front populaire ivoirien (FPI), lors de la présentation des vœux au siège du parti à la Riviera Attoban le 8 janvier.

 En effet à la stupéfaction générale et sans sourciller, il s’est permis une déclaration qui a certainement écorché le tympan de bien de ses compatriotes : «Il faut qu’Alassane Ouattara se détermine parce qu’il ne peut pas faire ce qu’il veut. Il parle de bavardages mais il était chaud pour faire ces bavardages quand il voulait être candidat. Alassane Ouattara n’est pas éligible, il y a bavardages devant. Laurent Gbagbo n’est plus là et c’est la Constitution qui va s’appliquer. Comment il va faire pour être candidat ? Il peut le proclamer mais il n’est pas éligible». Effet d’un coup de rouge quand on sait que le vin coule  souvent à flots lors des présentations de vœux ou expression d’un goût de la provocation?. Pour faire dans le  jargon nouchi, disons-le tout de suite : « Affi N’guessan, quitte dans ça ».

On pourrait y voir une espèce de boutade, mais cet inconditionnel de Gbagbo est bien payé pour savoir que s’il y a bien un  sujet avec lequel on ne badine pas en Côte d’Ivoire c’est le concept de l’ivoirité,  dont les querelles des «et» et  «ou» ont été à l’origine de tous les malheurs qui ont frappé la nation de 1994 à 2010.

Le point d’orgue de  ce vieux et destructeur débat a été, on le sait, cette crise postélectorale avec ses trois mille morts et des divisions encore saisissantes entre le nord et le sud du pays. C’est justement par suite de cette crise qu’Affi N’Guessan est allé croupir derrière les barreaux, et son statut de prisonnier de guerre en liberté provisoire lui pend toujours au nez.

Ce coup de couteau dans la plaie ivoirienne  est d’autant plus inopportun qu’il intervient alors même que le pouvoir en place s’est inscrit dans une dynamique de dialogue avec le parti de son prédécesseur et compte, dans les jours à venir, libérer ses partisans toujours sous les verrous. Cela, à l’effet  de décrisper davantage les relations entre les acteurs de la faune politique et de poser plus de jalons pour la réconciliation, sans laquelle la Côte d’Ivoire ne retrouvera pas son lustre d’antan.

De plus, nombre d’observateurs s’étonnent de cette provocation sur un sujet réglé sur le plan légal et qui, au départ, ne fut pas le fond de commerce du Front populaire ivoirien. Gbagbo et ses hommes n’ont fait que surfer opportunement sur les vagues dangereuses de l’ivoirité, une funeste trouvaille issue des forges du PDCI, aujourd’hui allié de sa « bête noire« , Alassane Dramane Ouattara.

L’histoire retiendra même que c’est Laurent Gbagbo, que les Refondateurs  défendent bec et ongles, qui a permis de réhabiliter l’actuel locataire du palais de Cocody dans ses droits. Ce combat d’arrière-garde ne va certainement pas servir ce nostalgique des périodes troubles de la lagune Ebrié  ni ceux pour qui il se bat.

Et Affi N’Guessan a encore un peu de dignité, de discernement ou encore de lucidité,  il ne lui reste plus qu’à présenter ses excuses à son président qui, quoi qu’on dise, a été  élu au suffrage universel. Des excuses aussi et surtout à ses compatriotes dont le douloureux souvenir des conséquences désastreuses des concepts et théories aussi abscons qu’éculés est toujours vivace et ce, pour encore longtemps. Un acte de contrition ne peut que le grandir.

 

 

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