La Centrafrique, le grand malade de l’Afrique centrale, va légèrement mieux. La thérapie de cheval administrée par les forces françaises et africaines a fait baisser d’un cran la fièvre à Bangui, qui connaît en ce moment une embellie.
Mais ce n’est pas parce que l’état de santé du pays de Barthélemy Boganda s’améliore que les médecins réunis à son chevet doivent baisser la garde ; bien au contraire la surveillance doit être accrue pour éviter une rechute.
En effet, même si on constate une accalmie sur le terrain, les milices chrétiennes anti-balaka et les éléments de la Seleka n’ont sans doute pas désarmé et rien n’exclut qu’ils puissent ressurgir pour perpétrer des actes de violence et de vandalisme dans lesquels ils sont passés maîtres.
Autant donc saisir cette opportunité pour renforcer le dispositif sécuritaire afin de contenir ces «ennemis de la paix», pour reprendre l’expression de la présidente par intérim, Catherine Panza-Samba, en les empêchant de se réorganiser, à défaut de les neutraliser ou de les anéantir. Un impératif partagé par la communauté internationale.
En effet, l’organisation des Nations unies (ONU) vient de recommander l’envoi de 12 000 Casques bleus dans l’ex-Oubangui-chari. Son secrétaire général, Ban Ki-moon, est on ne peut plus clair sur la question : « Il n’y a pas de remède miracle en République centrafricaine » pour venir à bout des dernières poches de résistance.
C’est en principe en fin mars que le Conseil de sécurité devra voter la résolution de l’envoi des forces onusiennes. En tout cas si cette mesure venait à être effective, elle serait salvatrice pour la Centrafrique, au bord du gouffre.
Cependant, il faut craindre que les lourdeurs administratives qui caractérisent les organisations internationales comme l’ONU ne retardent le processus de déploiement des soldats à un moment où le besoin en renfort est réel sur le théâtre des opérations.
En effet, il y a urgence et il ne faut surtout pas que les 12 000 soldats de la paix arrivent trop tard dans ce «Sarajevo africain». Sinon, ce serait pour jouer aux croque-morts dans un cimetière à ciel ouvert.
Déjà, les Etats-Unis rechignent sur le coût de la mission, estimée à 800 millions de dollars, soit 400 milliards de F CFA, par an. Une note très salée mais une goutte d’eau dans la mer pour les Américains, qui débloquent des sommes qui donnent le tournis dans le cadre de leurs interventions en Afghanistan et en Iraq. Mais là c’est une autre histoire, diront les « Gendarmes du monde », car dans ces Etats l’Oncle Sam a des intérêts économiques et stratégiques à défendre.
Par ailleurs, il faut espérer que la situation en Ukraine ne s’envenime pas au point d’éclipser le dossier centrafricain de l’agenda de la communauté internationale.
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