A l’école De Nos Sachets Plastiques

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Avez-vous déjà vu nos marchés le soir, avant que la nuit ne descende ? Vous n’avez, sous vos yeux, qu’un océan de sachets plastiques dont les vagues agressent toutes les allées, prennent d’assaut tous les couloirs et toutes les voies adjacentes. D’innombrables sachets dont les envolées encombrent les bouches des caniveaux. Le même spectacle s’observe à degré divers sur toute l’étendue du territoire national. Après usage des sachets plastiques, nous ne savons quoi en faire. Ils nous encombrent. Ils nous débordent. Alors, de guerre lasse et n’en pouvant plus, nous les convoyons où bon nous semble. Nous les jetons dans les bacs à ordures, sur les terre-pleins. Nous les entassons le long des artères. Nous les abandonnons dans les jardins publics.

Les sachets plastiques sont longtemps restés, dans l’imaginaire collectif, comme des déchets bons pour une décharge ou un dépotoir. Et pourtant, Lavoisier avait déjà tout dit : « Rien ne se perd, rien ne se crée, mais tout se transforme ». Derrière les ordures, qui sont censées symboliser tout ce dont nous nous débarrassons, on a découvert de « l’or dur » ou de « l’or qui dure ». Les sachets plastiques recyclés apportent leur part contributive au développement de l’artisanat. A partir des sachets plastiques, nous avons eu droit à la fabrication d’objets usuels tels que sacs, porte-clés, bracelets, ceintures…etc. Ailleurs, grâce à une politique rationnelle de destruction des sachets, on en fait même des pavés. Ce sont des initiatives qui doivent nous inspirer. Une démarche qui vise à anoblir nos déchets plastiques, pour tirer de leur recyclage des emplois, apportant ainsi une valeur ajoutée à l’économie nationale. L’approche de ces déchets s’est donc systématisée, formalisée et professionnalisée. Avec comme résultat, des gisements d’emplois qui sont ouverts, des milliers de bras qui sont au travail.

Au-delà de cette dynamique, on se rend bien compte que le sachet plastique est tout de même l’un des rares déchets qui, quand ils sont en fin de vie, ne sont pas biodégradables. Selon les spécialistes, un sachet, avant de se détruire, doit faire au moins 100 ans. Quand les gens brûlent les sachets, on voit bien qu’ils dégagent une fumée noirâtre. Les composantes chimiques de ces sachets sont issues pour la plupart des déchets de pétrole. Après incinération, tout ce qui sort comme odeur est toxique. Et de plus en plus dans nos maisons, il y a des femmes qui se servent du sachet pour faire le feu. C’est incontestablement un déchet qui a besoin d’un traitement particulier relevant d’une volonté politique. En effet, la solution la plus idoine et la plus rationnelle est d’interdire carrément la production, l’importation et la commercialisation de ces sachets en Côte d’Ivoire. Et c’est heureux de constater que les lignes ont véritablement bougé avec l’historique décision prise par le gouvernement ivoirien. Malgré les grincements de dents de certaines parties prenantes de ce secteur d’activité. « Ce n’est pas une décision pour faire plaisir à qui que ce soit, il s’agit d’une mesure de protection de nos populations » a déclaré récemment le porte-parole du gouvernement. L’heure est à la promotion d’une nouvelle culture de gestion des sachets plastiques, dans une perspective de sauvegarde et de protection environnementale. L’approche nouvelle en cette matière est une question d’éducation. Elle passe par l’information, la communication, la sensibilisation et la répression pour une appropriation et une internalisation d’un certain nombre de principes.

Le sachet plastique disparaîtra certainement, mais quelle alternative avons-nous prévue ? C’est Napoléon III qui l’a dit: « on ne détruit réellement que ce qu’on remplace ». Tous les pays qui l’ont fait ont remplacé les sachets par d’autres matières. Les autorités compétentes devront donc favoriser des centres de recherche, d’invention, d’innovation, d’appel au génie créateur de nos populations. Nos industries doivent sortir des sentiers battus. En attendant, nos femmes habituées à acheter dans des sachets, ont l’impérieuse obligation de retourner à l’ancien système où quand on va au marché, on a son petit panier. A défaut, qu’elles se procurent les nouveaux sacs homologués. Pour le bonheur des générations présentes et futures.

Par le Dr ALEXIS GEORGES KOUNOUHO
georexk@gmail.com

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