Tiémoko Assalé, le trublion de l’Assemblée nationale ivoirienne.

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Député-maire sans étiquette depuis deux ans, le fondateur de « L’Éléphant déchaîné » a pris la tête d’une fronde populaire contre les opérateurs téléphoniques en Côte d’Ivoire. En patron de presse engagé, c’est un habitué des coups d’éclat.

Il est très certainement le parlementaire ivoirien qui maîtrise le mieux la communication et les réseaux sociaux – sans jamais avoir recours à de coûteux communicants. Il est aussi l’un des rares à siéger sans étiquette à l’Assemblée nationale ivoirienne, refusant toutes les offres des grands blocs politiques émises jusque-là par la majorité et par le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI). Son indépendance, il y tient.

Tiémoko Assalé, député-maire de Tiassalé, à une centaine de kilomètres au nord-ouest d’Abidjan, veut parler à tous les Ivoiriens. C’est ce qu’il
a fait dans une vidéo publiée sur son compte Facebook en « n de semaine dernière. Les trois principaux opérateurs téléphoniques du pays – Orange, MTN et Moov – viennent alors de subitement diminuer le nombre de données incluses dans leurs forfaits 4G sans pour autant baisser leur prix. Les Ivoiriens font rapidement bloc, signent en masse une pétition, multiplient les groupes WhatsApp et Telegram pour
protester contre la mesure.

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« Boycott citoyen »

Le quadragénaire prend la tête de la fronde. Il propose un « boycott citoyen » de trois jours pour faire plier les opérateurs téléphoniques et tance l’Autorité de régulation des télécommunications de Côte d’Ivoire (ARTCI). « Fermez votre portable, mettez-les en mode avion entre 12 heures et 14 heures », lance-t-il. Sous la vidéo, vue plus de 26 000 fois et partagée 22 000 fois au 12 avril, les commentaires se multiplient pour le remercier de son implication.
Le lundi 10 avril, le gouvernement annonce « nalement mettre la mesure en pause et poursuivre les discussions avec les opérateurs. Le ministre de la Communication et de l’Économie numérique, Amadou Coulibaly, met en avant un « un vice de forme » dans la procédure.

Sur Facebook toujours, Antoine Tiémoko Assalé prend acte mais arme rester vigilant. « Ces sociétés piétinent nos lois, elles méprisent les consommateurs Ivoiriens. Elles sont capables, par leur puissance « nancière, de neutraliser toutes les initiatives y compris étatiques qui vont dans le sens de l’avènement d’une libre concurrence pro »table aux consommateurs. Depuis 2021, je n’ai eu de cesse, en tant que député de
la nation, de dénoncer ces pratiques commises contre les Ivoiriens », écrit-il. Encore une fois, son post va susciter de très nombreux commentaires – plus de 1 500 –, principalement des remerciements et des encouragements. Scandales et malversations
En Côte d’Ivoire, Antoine Tiémoko Assalé est connu pour avoir fondé, en 2011, L’Éléphant déchaîné, un journal d’investigation qu’il dirige toujours. La crise de la presse papier l’a contrait à revoir son modèle économique. Le journal, qui a suspendu sa diffusion papier en avril 2022, sera bientôt disponible en ligne, sur le modèle d’un Mediapart français dont il admire le travail et le fondateur, Edwy Plenel.
Après des années à enquêter sur les dérives du monde politique et à exhumer scandales et malversations qui lui valent de nombreuses inimitiés et critiques, il décide à son tour de se lancer. Candidat malheureux aux législatives de 2016 à Tiassalé, il est élu maire de la
commune en 2018, en candidat indépendant. En 2021, il devient député de la circonscription. L’année suivante, il déposera deux propositions de loi qui, aujourd’hui encore, continuent d’en%ammer les débats en Côte d’Ivoire.

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Propositions de loi controversées


La première entend restaurer l’âge plafond de 75 ans pour les candidats à la présidentielle – ce qui mettrait sur la touche le président Alassane Ouattara et ses deux principaux opposants, Henri Konan Bédié et Laurent Gbagbo – et supprimer le poste de vice-président. La seconde propose de réduire le cautionnement pour la présidentielle à 20 millions de francs CFA contre 50 millions aujourd’hui, pour
permettre l’émergence de davantage de candidatures et d’interdire la transhumance politique. Aucune n’a encore été débattue à l’Assemblée nationale. « Il n’y a aucune raison juridique qui empêche cela. C’est incompréhensible », déplore-t-il. Antoine Tiémoko Assalé n’entend pourtant pas en rester là. Il va faire ce qu’il sait faire de mieux : prendre la plume et écrire au
président de l’hémicycle, Adama Bictogo, dont il dit apprécier « le dynamisme ».
La session parlementaire de 2023 s’est ouverte début avril pour une durée de neuf mois. Le député-maire de Tiassalé portera deux nouvelles
propositions de loi : une pour la suppression de la TVA sur les conservations de corps en Côte d’Ivoire et et une autre sur le prolongement de
la durée du congé de paternité en Côte d’Ivoire.
En septembre, Tiémoko Assalé aura un autre combat à mener, sur le terrain cette fois : loin d’être déçu par son expérience politique, et même plutôt enthousiaste, il sera candidat à sa réélection à Tiassalé lors des prochaines municipales.

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Auteur : Florence Richard

Source : Jeune Afrique

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