Irons-nous vraiment à la CAN avec ça !?

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La CAN c’est dans moins de 6 mois. La compétition se déroulera du 13 janvier au 11 février 2024 dans notre pays. Plusieurs milliers de supporters vont débarquer en Côte d’Ivoire pour cet événement continental qui cristallisera l’attention de millions d’amoureux du football.

L’Aéroport International d’Abidjan (AERIA) a anticipé les choses en vue de contenir le flot de supporters qui vont chaque jour, dans cette période, se déverser par milliers en Côte d’Ivoire.

AERIA, pour l’occasion, leur a consacré exclusivement un nouvel terminal flambant neuf, qui jouxte l’actuelle aérogare. Un terminal dimensionné pour absorber sans contrainte les équipes, les délégations officielles, les VIP de la CAF, les arbitres, les journalistes (2000 attendus) et une partie des supporters.

Une idée de génie qui garantira un traitement personnalisé des voyageurs concernés, d’une part, et qui leur assurera un parcours fluide, dès l’atterrissage jusque à la récupération de leurs bagages, en passant par les contrôles de police et des douanes notamment, d’autre part. Félicitations pour ce coup de maître !

Le sens de l’anticipation des gestionnaires privés de l’aéroport d’Abidjan est à saluer, d’autant qu’après la CAN, ce Terminal qui traite déjà les pèlerins du Hadj dans le cadre de l’initiative Saoudienne ‘’la route de la Mecque’’ pourra recevoir des compagnies low-cost. L’investissement ne sera dans tous les cas pas perdu.

Il ne fait l’ombre d’aucun doute que le voyageur étranger qui atterrira pour la 1ere fois ou qui revient, après une dizaine d’années, dans notre pays, sera émerveillé par la qualité des infrastructures et superstructures qu’il découvrira un peu partout dans Abidjan ; une ville en chantier.

Là où les choses risquent de se gâter, c’est lorsqu’ils voudront, après les matchs qui se joueront à Abidjan, se rendre par la route dans les stades de l’intérieur, en empruntant un car à la gare routière. La magie de la baie de Cocody réhabilitée, du pont à Haubans, de la cathédrale et des buildings du Plateau opérera fatalement beaucoup moins.

S’ils doivent se rendre par exemple à Yamoussoukro, où Air Côte d’Ivoire n’y va pas, ce sera assurément la douche froide, lorsqu’ils devront affronter la jungle urbaine d’Adjamé pour rallier la gare routière en effectuant un véritable chemin de croix pour en ressortir. Croisons les doigts qu’il ne pleuve pas dans cette période. N’est-ce pas que les effets du changement climatique ont leurs caprices que la météorologie ignore ?!

Nos étrangers découvrirons alors, qu’il n’y a aucune signalisation qui les renseigne et les guide sur l’emplacement de la gare routière internationale d’Abidjan et, pire, le plan de circulation pour s’extraire d’Adjamé est aussi chronophage qu’un reportage de Joseph Diomandé.

Comment avons-nous pu, pour l’occasion, réhabiliter nos stades, en construire de nouveaux, sans penser à doter notre pays, une bonne fois pour toute, d’une gare routière à la dimension de ses ambitions et des nombreux investissements réalisés ces 10 dernières années en vue de redorer le visage de notre capitale économique !?

Cet oubli est une faute lourde de conséquences. En effet, force est de constater que malgré les investissements importants dans la réhabilitation et la construction de stades, il est étonnant qu’aucun effort similaire n’ait été fait pour construire des gares routières adéquates.
L’absence d’au moins une gare routière internationale moderne, à l’image de notre aéroport, sonne comme une symphonie inachevée.

À qui la faute ? Au ministère des Transports, à celui de l’Équipement, de l’Interieur où au District Autonome d’Abidjan ? Je n’en sais rien. Dans tous les cas, en raison de la taille de l’événement et de l’afflux prévisible de visiteurs étrangers, il est indéniable que le gouvernement a manqué de planification et d’anticipation.

Le peu de temps qui reste, ne permettra hélas pas de construire une nouvelle gare routière pour accueillir le torrent d’étrangers attendus. La solution pourrait venir de la construction, à proximité du domaine aéroportuaire (je peux fournir 15 Ha), d’une gare en préfabriquée, dotée de cars modernes, pour convoyer vers les stades de l’intérieur les équipes et ou les supporters concernés.

Pour autant, revoir le plan de circulation à Adjamé et mettre en place la signalétique nécessaire, en anglais également, pour orienter les voyageurs étrangers, sur l’emplacement de la gare routière, reste encore jouable si les Administrations concernées s’y mettent maintenant.

De même, au moins tout au long de l’Autoroute à péage, il serait opportun qu’il y ait des aires de repos et, mieux, des toilettes publiques sur les voies menant aux villes où se trouvent les stades. À défaut, les voyageurs n’auront pas d’autres choix que de faire des pauses pipi en pleine nature. La nature et le ministère de l’Environnement devraient passablement apprécier une telle agression de l’environnement.

Le manque de toilettes publiques dans notre pays est désolant. Il n’est pas rare de voire sur l’autoroute du Nord ce spectacle simiesque de gens obligés de se soulager en pleine nature. Pour les femmes en pantalon, le spectacle est affligeant, vu que tout le long de cet autoroute, d’Abidjan à Bouaké, point de toilettes publiques. Est ce si compliqué de prévoir et de construire des toilettes publiques ? Devons-nous nous résigner à trouver cela normal ?

Cette situation est désastreuse pour vendre notre pays comme une destination touristique. Il urge qu’une véritable politique de construction de toilettes publiques propres soit lancée dans nos villes et quartiers, sur nos routes, dans nos villages, dans nos écoles et marchés. Bref, une façon pour nous de refuser cette fatalité et de promouvoir les bonnes pratiques.

En ce qui concerne les aires de repos sur les autoroutes et leurs toilettes, c’est indubitablement la responsabilité du Fonds d’Entretien Routier (FER) qui est engagée. C’est elle la gestionnaire des autoroutes à péages. À ce titre c’est elle qui collecte quotidiennement le montant des péages, dont d’ailleurs nul ne sait combien ils rapportent mensuellement et annuellement. C’est l’Omerta totale et ce n’est pas un bon signal envoyé de transparence et de bonne gouvernance. Désherber de temps en temps les routes c’est bien. Y construire des aires de repos c’est mieux.

En 1997, lorsque j’étais Conseiller juridique et fiscal du Bnetd, sous Tidjane Thiam, j’avais élaboré les projets de convention de concession et de cahier des charges de la Gare Routière Internationale d’Abidjan (GRIA) qui devait être réalisée en BOT. Ces documents sont disponibles au BNETD. J’en ai gardé une copie.

De même, avec l’équipe des architectes et des ingénieurs du BNETD, nous avions déjà conçu une maquette et un projet révolutionnaire d’une gare routière internationale qui fonctionnerait tel un aéroport. Les plans devraient eux aussi être disponibles au BNETD. À défaut, j’ai gardé le détail de cette maquette et les composantes de cette gare multimodale en tête.

Notre pays, avec le niveau infrastructurel qu’il a atteint, ne peut pas s’offrir le luxe de ne pas avoir au moins une gare routière internationale moderne. C’est une tâche noire dans le développement de la capitale ivoirienne qu’il urge de corriger. Cela, d’autant que d’ici 2025 nous aurons un métro flambant neuf avec ses 18 nouvelles gares/stations.

Je me tiens à la disposition des Autorités pour relancer le projet GRIA, et si nécessaire trouver un nouvel emplacement pour la gare en connexion avec la ligne du métro. De même, je suis en mesure, actuellement, de trouver un investisseur local pour boucler le financement de ce projet et des partenaires techniques pour le réaliser.

La balle est donc dans le camp de nos Autorités.

Auteur : Jean Bonin KOUADIO

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