L’heure est à la réconciliation au sein de l’opposition ivoirienne, du moins selon Affi N’Guessan, président du Front Populaire Ivoirien (FPI). Après avoir rompu avec le RHDP, Affi tend la main au PPA-CI de Laurent Gbagbo, affirmant que les deux partis ne sont plus en situation d’hostilité. Mais derrière ce discours de pacification se cache une question cruciale : ce rapprochement n’est-il qu’une manœuvre désespérée pour dissimuler la faiblesse structurelle de l’opposition ivoirienne ?
En réalité, ni le FPI, ni le PPA-CI ne sont en position de force aujourd’hui. Leurs querelles internes, leurs divisions historiques et leurs échecs électoraux successifs ont affaibli leur capacité à se poser en véritables alternatives face au RHDP. Affi N’Guessan l’admet implicitement en soulignant que la cartographie électorale ne permet à aucun parti de triompher seul. Un aveu qui dévoile la fragilité de ces formations politiques, obligées de se tourner vers des alliances comme ultime stratégie de survie politique.
Affi parle de « décrispation » des relations avec le PPA-CI, prônant l’importance d’une coexistence pacifique. Mais est-ce une stratégie gagnante ou simplement une tentative de retarder l’inévitable déclin des deux partis ? Pendant que le RHDP consolide son électorat, l’opposition semble s’enliser dans ses divisions, rêvant d’une unité illusoire. Cette main tendue à Laurent Gbagbo et à son parti semble plus être une réponse tactique à une crise existentielle profonde qu’un véritable projet politique.
Les militants du PPA-CI et du FPI, longtemps rivaux, pourraient-ils désormais « s’entendre sur le terrain », comme le suggère Affi ? Rien n’est moins sûr. Les cicatrices laissées par des années de rivalités internes ne s’effaceront pas du jour au lendemain, et un simple appel à la pacification semble insuffisant pour gommer tant d’animosité.
Affi N’Guessan semble également tabler sur une élimination hypothétique du PPA-CI dès le premier tour de l’élection présidentielle pour ensuite forger un accord avec ce parti. Cette approche montre bien l’ampleur de la crise de confiance au sein de l’opposition. Au lieu de bâtir une coalition solide dès le départ, le FPI s’appuie sur des stratégies à court terme, espérant ramasser les miettes après l’éventuelle élimination d’autres partis.
En fin de compte, ce discours de paix entre le PPA-CI et le FPI ressemble davantage à une manœuvre de survie qu’à un véritable projet politique cohérent. La question qui demeure : l’opposition est-elle encore capable de proposer une alternative crédible à Alassane Ouattara et au RHDP, ou se contente-t-elle d’unir ses faiblesses pour ne pas disparaître totalement de l’échiquier politique ? Si l’avenir reste incertain, cette pseudo-réconciliation ressemble pour l’instant plus à un aveu d’impuissance qu’à une stratégie de conquête du pouvoir.
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