À Bamako, les tensions montent au sein des cercles du pouvoir. Le discours incendiaire prononcé le 16 novembre par le Premier ministre de la transition, Choguel Kokalla Maïga, a déclenché une onde de choc. Dans un contexte politique déjà fragile, cette déclaration publique, perçue comme un dernier effort pour conserver son poste, a suscité une réaction ferme des autorités militaires. Le bras politique des putschistes, proche des services de sécurité, a rapidement réagi, marquant un tournant décisif dans cette crise institutionnelle.
Une éviction imminente
Selon plusieurs sources, le départ de Choguel pourrait être officialisé dans les prochains jours, potentiellement dès le 20 novembre. Mais au sommet de l’État, le chef de la transition, Assimi Goïta, semble réticent à une confrontation directe. Préférant agir en coulisses, il aurait chargé des figures influentes de la sécurité d’organiser la destitution de Choguel. Ce dernier, pressentant sa chute, explore des alliances de circonstance pour tenter de sauver sa position.
Un remaniement controversé
La crise politique ouvre la voie à un éventuel remaniement. Des informations évoquent la nomination prochaine d’Alfousseyni Sanou au poste de Premier ministre. Figure controversée, Sanou est déjà critiqué pour sa gestion des finances publiques et son manque de vision stratégique. Si cette nomination se confirme, elle symboliserait une consolidation du pouvoir autour d’Assimi Goïta, mais au prix d’un mécontentement croissant au sein de la classe politique et militaire.
L’équilibre délicat de la transition est également menacé par les tensions avec le ministre de la Défense, Sadio Camara, une figure influente du régime. Certains voient dans cette rivalité un parallèle avec les événements de 2021, qui avaient conduit à un bouleversement politique majeur. Une confrontation avec Camara pourrait non seulement affaiblir l’autorité de Goïta, mais aussi créer des divisions profondes au sein de l’armée.
Une situation sécuritaire hors de contrôle
Alors que le pouvoir vacille à Bamako, la situation sécuritaire dans le reste du pays se détériore. Les régions du Nord et du Centre sont le théâtre d’attaques meurtrières et de déplacements massifs de populations. La Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA) menace de reprendre le contrôle de Kidal, un symbole stratégique que le gouvernement avait récemment présenté comme une victoire militaire. Les promesses de stabilisation semblent désormais hors d’atteinte, laissant place à une crise humanitaire et sécuritaire alarmante.
Le Mali à la croisée des chemins
La transition malienne traverse une phase critique, où les luttes internes risquent de compromettre tout espoir de stabilité. Alors que les acteurs politiques s’affrontent pour le pouvoir, le peuple malien endure une insécurité croissante et des promesses non tenues. La perte de confiance envers le régime actuel s’intensifie, laissant entrevoir la possibilité d’un effondrement total du processus de transition.
L’avenir du Mali dépendra de la capacité des dirigeants à mettre de côté leurs différends et à se recentrer sur les priorités nationales. Mais dans un climat de méfiance et de rivalités exacerbées, l’espoir d’une issue favorable semble de plus en plus lointain. Le pays est à un tournant, et les décisions prises dans les semaines à venir pourraient sceller son destin.
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