Par La Rédaction – Dohtani Yeo
Le bras de fer engagé depuis plusieurs mois au sein du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI-RDA) a connu un tournant décisif ce jeudi 22 mai 2025. Le tribunal, saisi par l’ancienne déléguée départementale Yapo Valérie, a rejeté l’ensemble de ses requêtes, mettant un terme provisoire à une série de contestations internes ayant visé la légitimité de Tidjane Thiam à la tête du parti.
Une contestation juridique vite rattrapée par les faits
À l’origine du contentieux : des plaintes formulées en février dernier par Mme Yapo, dénonçant selon elle des irrégularités dans le processus de désignation de Tidjane Thiam comme président du PDCI-RDA. Elle demandait notamment la suspension des organes dirigeants du parti et la désignation d’un administrateur provisoire. Des recours audacieux, censés ébranler l’édifice directionnel du plus vieux parti politique du pays.
Mais la décision judiciaire rendue ce 22 mai est sans appel : « les demandes sont devenues sans objet », a tranché le tribunal, en référence à la démission volontaire de Tidjane Thiam dans la nuit du 11 au 12 mai, suivie d’un 9ᵉ congrès extraordinaire convoqué dès le 14 mai pour renouveler les instances du parti.
La démission surprise qui a changé la donne
Ce fut un coup de théâtre. Depuis l’étranger où il séjournait depuis plusieurs semaines, Tidjane Thiam annonçait le 12 mai au petit matin sa démission, dans une déclaration vidéo adressée aux militants. Un geste interprété par certains comme une manœuvre d’anticipation face à une issue judiciaire potentiellement défavorable, par d’autres comme un acte d’apaisement pour préserver l’unité du parti.
« Dans l’intérêt supérieur du PDCI-RDA, j’ai décidé de remettre mon mandat entre les mains des militants », affirmait alors M. Thiam. Un message clair, mais aux implications complexes.
Un congrès express pour refermer la parenthèse
Moins de 72 heures plus tard, le 14 mai, le PDCI-RDA organisait un congrès extraordinaire. Au terme d’un processus accéléré mais validé par les organes statutaires, Tidjane Thiam était reconduit à la présidence du parti. Une manière de restaurer formellement sa légitimité, cette fois sans contestation ouverte au sein des instances.
L’avocat du parti, Me Suy Bi, s’est félicité de l’issue du dossier : « La justice a tranché avec clarté. Il n’y avait plus d’objet à contester une organisation qui venait d’être renouvelée. »
Une affaire politique avant d’être judiciaire ?
Dans les cercles du PDCI, cette séquence a laissé des traces. Si certains cadres saluent la clarification apportée par la justice et le congrès, d’autres dénoncent en privé une gestion précipitée et des fractures mal refermées. Pour beaucoup, les recours engagés par Yapo Valérie étaient davantage motivés par une volonté de repositionnement politique que par de réels vices de forme.
La question de la nationalité française supposée de Tidjane Thiam – l’un des arguments clés de la contestation – n’a finalement pas trouvé d’écho judiciaire, le concerné ayant officiellement renoncé à cette nationalité selon ses propres déclarations.
Et maintenant ?
Si l’épisode judiciaire semble clos, le débat politique, lui, reste ouvert. Tidjane Thiam, désormais reconfirmé à la tête du parti, devra convaincre les sceptiques, renforcer les bases et surtout préparer le PDCI à l’échéance cruciale d’octobre 2025.
Quant à Yapo Valérie, dont les recours n’ont pas été entendus, elle quitte cette bataille affaiblie sur le plan institutionnel, mais pourrait rebondir sur le terrain militant, dans une formation où les ambitions personnelles s’expriment souvent avec vigueur… et parfois avec éclat.
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