Par La Rédaction
À l’heure où les tambours politiques résonnent plus fort que les chants de fraternité, la Côte d’Ivoire vacille à nouveau. Non pas sous le poids d’une crise économique ou d’une pandémie mondiale, mais sous celui plus insidieux d’une parole empoisonnée. Les discours se radicalisent, les camps se figent, les réseaux s’enflamment — et dans ce vacarme, c’est la paix elle-même qui recule.
Il ne s’agit plus de débattre, mais de vaincre. De convaincre, non par la raison, mais par la menace. Chaque mot devient une arme, chaque micro, un fusil chargé. Pourtant, qui donc gagnera cette guerre d’ego et de slogans ? Personne. Car à chaque confrontation verbale, c’est la nation entière qui perd un peu de son âme.
La Côte d’Ivoire a trop pleuré pour redevenir le théâtre d’un conflit programmé. Trop enterré de jeunes espoirs pour tolérer que la haine devienne une loi non écrite. Derrière les provocations, les invectives et les querelles de pouvoir, il y a un peuple. Un peuple fatigué de servir de chair à discours. Un peuple qui rêve d’un lendemain plus doux que la veille.
Aux responsables, aux leaders de tous bords, une vérité s’impose : vos mots ont un poids. Ils peuvent semer ou détruire, rallier ou diviser. Les appels à la mobilisation ne doivent pas être des appels à la rupture. Les meetings ne doivent pas devenir des théâtres de tension. Le pouvoir véritable, celui qui élève, se mesure à la capacité d’unir, non de soumettre.
Il est temps d’écouter ceux qui n’ont ni micro, ni estrade. Ceux qui construisent, enseignent, soignent, cultivent, rêvent. Ceux pour qui la Côte d’Ivoire n’est ni un fief, ni une idéologie, mais un foyer. Ce sont eux, les véritables garants de notre avenir. Ceux qui espèrent, malgré tout, que le pays ne bascule pas une fois de plus.
À la veille d’échéances politiques majeures, que la sagesse l’emporte sur la passion. Que le souvenir des blessures passées ne soit pas ravivé, mais serve de garde-fou. La Côte d’Ivoire mérite mieux que des querelles intestines. Elle mérite des dirigeants à la hauteur de son potentiel, et non des pyromanes de la parole.
Que notre drapeau ne soit plus trempé de larmes. Que le silence des tombes ne soit plus notre seul langage commun. Que la Côte d’Ivoire cesse de pleurer, pour enfin se relever, ensemble.
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