Par Dohotani Yeo
La Fédération ivoirienne de football (FIF) a débloqué une enveloppe de 115 millions de FCFA à destination des quatre clubs ivoiriens engagés dans les compétitions continentales 2025–2026. Une initiative saluée, à l’heure où le football local peine à rivaliser avec ses homologues maghrébins ou nigérians, faute de moyens structurants. Ce soutien, bien que ponctuel, révèle une volonté politique de redonner à la Côte d’Ivoire une place de choix sur la scène africaine.
Le Stade d’Abidjan, champion national en titre, bénéficie du soutien le plus conséquent avec 50 millions de FCFA, suivi de l’ASEC Mimosas (25 millions), de l’AFAD (15 millions) et du FC San Pedro (10 millions). Cette répartition, qui suscite déjà quelques débats au sein de la Ligue 1 ivoirienne, repose selon la FIF sur des critères tenant à la performance, à l’expérience continentale et aux exigences logistiques de chaque club.
Depuis son arrivée à la tête de la fédération, Yacine Idriss Diallo multiplie les gestes forts. Après la CAN 2023 réussie sur le plan organisationnel, ce soutien financier aux clubs reflète une stratégie plus globale de consolidation du football ivoirien. Il s’agit de dépasser la simple gestion administrative pour accompagner concrètement les acteurs du terrain. Les dirigeants de clubs, souvent confrontés à des coûts exorbitants pour les déplacements, l’hébergement ou les primes de match, voient ici un appui bienvenu.
Pour autant, ce financement ne saurait masquer la réalité des écarts structurels. Face à des clubs marocains, égyptiens ou sud-africains dotés de centres de performance, de budgets multimillionnaires et de stratégies marketing agressives, les équipes ivoiriennes apparaissent sous-équipées. Le Stade d’Abidjan, de retour sur la scène continentale, devra affronter des adversaires mieux préparés, tandis que l’ASEC Mimosas peine à retrouver son lustre d’antan. L’AFAD et le FC San Pedro, quant à eux, disposent de projets intéressants mais manquent encore d’expérience au haut niveau.
Au-delà de cette aide ponctuelle, la situation met en lumière un impératif : repenser le modèle économique des clubs ivoiriens. Le financement dépend largement des subventions publiques ou de sponsors fragiles. La billetterie reste sous-exploitée, les centres de formation souffrent d’un encadrement irrégulier, et les talents fuient dès les premières offres venues de l’étranger. La CAF, de son côté, impose des standards de plus en plus élevés en matière de gouvernance, d’audit financier et d’infrastructures.
Dans ce contexte, l’appui de la FIF doit être compris comme un contrat moral. Un appel à la rigueur, à la structuration et à la professionnalisation. Les clubs bénéficiaires devront rendre des comptes, non seulement en termes de résultats sportifs, mais aussi en matière de transparence de gestion et de vision à long terme. Il ne s’agit plus simplement de participer, mais de représenter dignement la Côte d’Ivoire, avec des équipes solides, ambitieuses et respectées.
Cette saison continentale s’annonce comme un test grandeur nature. Une opportunité pour les clubs ivoiriens de démontrer que, malgré les contraintes, le football local peut encore briller en Afrique. Et si ce soutien de 115 millions ne résout pas tous les problèmes, il pose au moins une pierre vers une reconstruction nécessaire. Car derrière chaque victoire africaine, c’est toute une nation qui se redresse, fière et debout.
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