Par La Rédaction | Lementor.net
À mesure que l’échéance électorale approche, les voix politiques s’élèvent, parfois dans la fermeté, parfois dans l’émotion. Le récent discours de Laurent Gbagbo à Yopougon en témoigne : la scène politique ivoirienne reste animée par des convictions fortes, mais aussi par de vieilles blessures qui peinent à cicatriser.
Depuis les années 1990, la Côte d’Ivoire avance dans un contexte politique marqué par des transformations profondes. La fin du parti unique, l’ouverture au multipartisme, les crises successives et les transitions institutionnelles ont laissé des traces durables. Alassane Ouattara, déjà sollicité à l’époque par Félix Houphouët-Boigny pour apaiser les tensions sociales et économiques, occupe aujourd’hui une place centrale comme président en exercice. Ses résultats économiques et diplomatiques sont reconnus, mais il continue de faire face à des oppositions déterminées.
L’opinion publique se retrouve ainsi au carrefour de deux dynamiques : d’un côté, la stabilité et la continuité recherchées par le pouvoir en place ; de l’autre, la volonté d’une partie de la classe politique de rouvrir le débat sur l’alternance, la gouvernance et l’avenir institutionnel. Ces antagonismes ne sont pas nouveaux, ils traversent notre histoire récente et rappellent combien la construction démocratique est un chemin encore fragile.
La Constitution de 2016, adoptée après un référendum, a posé les bases de la Troisième République. Elle a offert un cadre renouvelé, élargi, pour la compétition politique. Pourtant, à chaque cycle électoral, des contestations ressurgissent, comme si la mémoire des débats passés ne suffisait pas à apaiser les craintes du présent. C’est un défi collectif : accepter le jeu démocratique tel qu’il est défini par les lois, tout en œuvrant à renforcer la confiance dans les institutions.
L’enjeu aujourd’hui dépasse les personnes. Il concerne la nation tout entière. La Côte d’Ivoire ne peut plus se permettre de retomber dans les logiques de division et de suspicion mutuelle qui ont, par le passé, conduit à des tensions dramatiques. La responsabilité incombe autant aux dirigeants qu’aux opposants, mais aussi à chaque citoyen, de privilégier le dialogue sur la confrontation, l’argument sur l’invective, et la paix sur la rupture.
L’heure n’est plus aux postures figées ni aux procès d’intention. Elle est à la lucidité : construire un avenir politique inclusif, capable de transcender les querelles d’hier pour répondre aux aspirations d’une jeunesse nombreuse, exigeante et tournée vers le monde.
L’histoire nous rappelle ce que coûte la division. L’avenir exige, au contraire, de transformer la diversité politique en richesse démocratique. Que chacun s’exprime, que chacun défende sa vision, mais que la Côte d’Ivoire reste unie autour d’un socle intangible : la paix et l’État de droit.
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