Par Adama Ouédraogo Damiss | Lementor.net
Ce qui se déroule actuellement au Mali, avec le blocus d’axes routiers imposé par des groupes armés, constitue une illustration éclatante de l’impuissance et de l’imposture de ceux qui prétendent gouverner au nom de la sécurité et de la dignité retrouvée. Ces militaires qui se drapent de l’étiquette de sauveurs de la Nation ne sont, en réalité, que de bruyants orateurs, prompts à lancer des anathèmes contre la France, l’impérialisme, les ONG ou toute voix discordante, mais incapables d’assurer la mission première de l’armée : protéger leurs concitoyens.
Les groupes terroristes, eux, ne se contentent pas de discours. Ils annoncent leurs actions, puis les exécutent, implacables, foulant aux pieds l’autorité d’un État réduit à l’ombre de lui-même. Et ce, en dépit des armadas d’équipements dont on se vante, des proclamations répétées sur une prétendue montée en puissance, du soutien russe exhibé comme une assurance tous risques, et de la présence de milliers de mercenaires supposément aguerris. À l’épreuve du terrain, tout cela se révèle n’être qu’un mirage.
Ces dirigeants militaires, au lieu de se consacrer à la sécurisation des villages martyrisés et des routes livrées aux coupe-gorge, préfèrent bomber le torse dans les capitales, jouer les justiciers de pacotille contre leurs propres citoyens et s’ériger en inquisiteurs de l’opinion. Ils se délectent des mises en scène guerrières alors qu’ils s’avèrent démunis, voire absents, là où la patrie les attend : au front, face à ceux qui menacent réellement l’intégrité nationale.
Le militaire, dans l’imaginaire et dans l’honneur des peuples, incarne la protection, le courage et le sacrifice. Or, les hommes qui se sont arrogé la direction de l’AES défigurent cette noble vocation. Ils ont fait de la khaki une carapace pour opprimer au lieu de défendre, pour intimider au lieu de protéger. Ils déshonorent la mémoire des soldats tombés et trahissent la confiance des peuples qui, un temps, avaient placé en eux leur espoir de salut.
Ils sont, hélas, l’incarnation d’une caste arrogante et vaine, une honte pour le Mali, une honte pour l’AES, une honte pour la tradition militaire elle-même. L’histoire, implacable, retiendra moins leurs discours flamboyants que leur faillite face à l’essentiel : sauver leurs nations de la prédation terroriste et redonner à leurs peuples le droit élémentaire de vivre libres et en sécurité.
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