Par AN | Lementor.net
Trente-deux manifestants opposés à un nouveau mandat du président sortant Alassane Ouattara ont été condamnés mardi à trois ans de prison ferme par le tribunal de première instance d’Abidjan. Ce verdict intervient à quatre jours du scrutin présidentiel du 25 octobre, dans un climat de forte tension politique.
Les prévenus, membres du Front commun de l’opposition, étaient jugés pour troubles à l’ordre public, attroupement non autorisé et participation à une manifestation interdite. Ils avaient été arrêtés le 11 octobre à Cocody, lors d’une marche visant à protester contre l’exclusion de plusieurs figures de l’opposition, dont Laurent Gbagbo, Tidjane Thiam et Pascal Affi N’Guessan, de la course à la magistrature suprême.
Le tribunal a estimé que les accusés avaient pris part à un attroupement interdit, écartant les arguments de la défense selon lesquels il s’agissait d’un rassemblement pacifique. Huit personnes ont bénéficié d’une mesure de clémence, tandis que les 32 autres ont été condamnées à 36 mois de prison ferme, assortis de cinq ans de privation de droits civiques et de trois ans d’interdiction de séjour dans le district d’Abidjan. Les avocats disposent d’un délai de vingt jours pour faire appel.
Cette nouvelle condamnation intervient après une première vague de peines similaires prononcées le 16 octobre contre d’autres manifestants. Elle s’ajoute à une série d’arrestations qui ont marqué la période préélectorale, alimentant les critiques d’organisations de défense des droits humains dénonçant une répression jugée disproportionnée.
Sur le terrain, plusieurs localités de l’intérieur du pays, dont Agboville, Daloa, Yamoussoukro, Oumé et Gagnoa, ont connu ces derniers jours des tensions entre manifestants et forces de sécurité. Selon des sources concordantes, les heurts du lundi 20 octobre ont fait deux morts, dont un gendarme tué à Agboville et un civil décédé à Daloa dans des circonstances encore floues.
Alors que les autorités invoquent la nécessité de préserver l’ordre public à l’approche du vote, la question des libertés publiques continue de nourrir les débats politiques. Les candidats encore en lice, parmi lesquels Jean-Louis Billon, Simone Gbagbo, Henriette Lagou et Ahoua Don Mello, poursuivent leurs campagnes à travers le pays avant la clôture officielle prévue jeudi à minuit.
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