Par AN | Lementor.net
Un nouvel incident meurtrier a été enregistré dans le cadre des manifestations qui secouent la Côte d’Ivoire à l’approche de l’élection présidentielle du 25 octobre. Le parquet du tribunal de Toumodi a annoncé mercredi la mort d’un homme survenue la veille dans le village de Kami, situé dans la commune de Yamoussoukro.
Selon les informations du procureur, des habitants avaient érigé des barricades sur la voie publique le mardi 21 octobre pour protester contre la tenue du scrutin. Les forces de l’ordre dépêchées sur les lieux ont entrepris de dégager la route. Durant l’opération, un homme qui aidait les gendarmes aurait été touché à la tête par un projectile. Transporté d’urgence au centre médical de la 6ᵉ légion de gendarmerie, il a succombé à ses blessures.
La victime a été identifiée comme Konan Paul Kacou, âgé de 46 ans. Le rapport médical fait état d’un traumatisme crânien provoqué par un objet contondant. Une enquête judiciaire a été ouverte afin d’éclaircir les circonstances du drame et de retrouver les auteurs.
Ce décès porte à trois le nombre de morts liés aux affrontements entre manifestants et forces de sécurité depuis la mi-octobre. Le lundi 20 octobre, un civil avait perdu la vie à Daloa lors du démantèlement d’un barrage, tandis qu’un sous-lieutenant de gendarmerie avait été tué à Agboville dans une opération de dispersion.
Ces violences surviennent alors que la tension politique s’intensifie à quelques jours du scrutin présidentiel. Plusieurs villes de l’intérieur du pays, dont Daloa, Yamoussoukro, Agboville et Ouragahio, ont connu ces derniers jours des heurts sporadiques, marqués par des routes bloquées, des pneus brûlés et des interventions musclées des forces de l’ordre.
Le gouvernement justifie ces opérations par la nécessité de préserver la sécurité publique et la libre circulation, tandis que l’opposition dénonce ce qu’elle qualifie de répression excessive contre des citoyens exerçant leur droit de manifester.
La contestation trouve son origine dans la validation controversée de la candidature du président sortant Alassane Ouattara, âgé de 83 ans, pour un quatrième mandat. Le Conseil constitutionnel a en effet rejeté plusieurs candidatures d’opposition, notamment celles de Laurent Gbagbo pour cause de condamnation judiciaire, et de Tidjane Thiam pour double nationalité. Les dossiers de Pascal Affi N’Guessan et d’autres personnalités ont également été invalidés pour irrégularités administratives.
L’opposition réunie au sein du Front commun PPA-CI–PDCI dénonce une « violation manifeste » de la Constitution de 2016, qui limite à deux le nombre de mandats présidentiels. Le camp présidentiel, de son côté, soutient que la réforme constitutionnelle de 2020 a ouvert un nouveau cycle institutionnel.
Alors que la campagne électorale s’achève ce jeudi à minuit, les appels au calme se multiplient. Le pouvoir promet un scrutin « transparent et sécurisé », tandis que les partis d’opposition maintiennent leurs mots d’ordre de mobilisation pacifique en faveur d’une alternance démocratique.
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