Par AN | Lementor.net
La Tanzanie sort à peine du silence numérique qui l’a plongée dans l’obscurité depuis près d’une semaine. L’accès à Internet, coupé le 29 octobre après l’élection présidentielle émaillée de violences meurtrières, a été rétabli lundi 3 novembre. Depuis, le pays découvre avec effroi l’ampleur du drame.
Sur les réseaux sociaux, des centaines de vidéos montrent des scènes de chaos : coups de feu, rafales de gaz lacrymogène, manifestants ensanglantés, forces de sécurité tirant à bout portant. Les témoignages affluent, dessinant le portrait d’une répression d’une brutalité inédite depuis des décennies.
Réélue avec 97,66 % des voix, la présidente Samia Suluhu Hassan fait désormais face à une vague d’indignation. Dans les rues de Dar es Salaam, rares sont ceux qui n’ont pas entendu les détonations ou aperçu des corps sans vie. Plusieurs habitants affirment, sous anonymat, avoir assisté à des scènes d’exécutions sommaires.
Aucune source officielle n’a encore donné de chiffres, mais des estimations crédibles évoquent plus d’un millier de morts, certaines parlant de plusieurs milliers. Les morgues déborderaient, selon des témoins contactés sur place.
Face à cette situation, la société civile tente de briser l’omerta. Le principal parti d’opposition, Chadema, a mis en place une ligne téléphonique d’urgence pour recenser les morts et blessés. Un travail de mémoire difficile, dans un climat de peur où la parole reste dangereuse.
La Tanzanie, encore sous le choc, cherche à comprendre comment un scrutin présidentiel a pu se transformer en cauchemar national.
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