Par la rédaction | Lementor.net
Au Sénégal, un vent de tension souffle sur les plus hautes sphères du pouvoir. Le Premier ministre Ousmane Sonko, figure charismatique du PASTEF, a décidé de s’accorder un congé « indéterminé », laissant la gestion de la Primature à Yassine Fall, ministre de la Justice. Une décision aussi inattendue que lourde de sens, dans un contexte politique où les signes de désaccord entre Sonko et le président Bassirou Diomaye Faye deviennent de plus en plus visibles.
Une absence qui interroge
Ce mercredi 12 novembre, l’absence remarquée d’Ousmane Sonko au Conseil des ministres a confirmé les rumeurs persistantes : le Premier ministre s’éloigne temporairement du pouvoir. Officiellement, il s’agit d’un congé pour « réorganisation politique ». Officieusement, nombreux y voient un geste de défiance ou une tentative de repositionnement face à la montée en puissance de certaines figures du régime.
Yassine Fall, désignée pour assurer l’intérim, s’installe ainsi provisoirement à la tête de la Primature. Son profil, respecté dans le gouvernement, traduit une volonté d’équilibre institutionnel, mais ne dissipe pas les doutes sur l’avenir de la cohabitation entre Sonko et Diomaye Faye.
Le retour du tribun politique
À peine en congé, Ousmane Sonko a tenu un gigantesque meeting à Dakar. Une démonstration de force qui a rappelé à tous qu’il reste le leader incontesté de son mouvement et un acteur central de la vie politique sénégalaise. Devant une foule acquise à sa cause, il a dénoncé les « destructeurs » qui tentent, selon lui, de semer la discorde entre lui et le président Faye.
« Une dissension ne viendra pas de moi, je le pense, elle ne viendra pas de lui non plus. Nous avons toujours cheminé ensemble, avec nos divergences », a-t-il affirmé, dans une déclaration à la fois apaisante et stratégique.
La coalition Diomaye en zone de turbulences
Mais derrière les mots de conciliation se cache une véritable bataille d’influence autour de la Coalition Diomaye Président. La récente décision du chef de l’État de nommer Aminata Touré à la tête de cette coalition a mis le feu aux poudres. Le PASTEF, par la voix de ses instances, a immédiatement contesté cette nomination, rappelant que Bassirou Diomaye Faye « n’a jamais été président de la coalition, mais seulement candidat ».
Le parti a aussi réaffirmé son soutien à Aïda Mbodj, récemment écartée de la coordination, qu’il considère comme la véritable figure légitime de la coalition. Dans un communiqué ferme, le PASTEF a rejeté « toute initiative menée par Aminata Touré », la jugeant étrangère à ses valeurs et à son projet politique.
Un divorce politique en préparation ?
Deux mois après les premières tensions, la léthargie et la désorganisation persistent au sein de la coalition au pouvoir. Malgré un fort intérêt populaire et de nombreuses adhésions annoncées, la fracture politique semble s’élargir. En coulisses, les partisans de Sonko dénoncent une tentative d’affaiblissement du PASTEF, tandis que le camp présidentiel plaide pour une clarification des rôles.
Entre congé indéterminé, démonstrations de force et querelles de leadership, Ousmane Sonko semble engagé dans une nouvelle bataille : celle du contrôle de l’appareil politique qu’il a contribué à bâtir. Reste à savoir si ce retrait momentané sera un simple épisode de tension… ou le début d’un véritable tournant dans la relation entre le Premier ministre et le président Bassirou Diomaye Faye.
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