Par AN | Lementor.net
À quelques semaines des législatives du 27 décembre, le Parti des Peuples Africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI) renforce encore sa ligne disciplinaire. Après la révocation récente de vingt-deux cadres ayant contesté la stratégie de boycott, la direction du parti poursuit son opération de nettoyage interne avec une nouvelle série de suspensions visant cette fois la base militante.
Un communiqué signé de la porte-parole, Me Habiba Touré, annonce ce lundi 24 novembre 2025 la mise à l’écart, à titre conservatoire, de dix-neuf membres du parti. Ces décisions, prises par le Conseil de discipline, s’appuient sur la résolution du Comité central du 6 novembre 2025, qui exigeait le non-alignement total du parti sur les législatives. La direction accuse les concernés d’avoir délibérément enfreint cette orientation en soutenant ou en préparant des initiatives électorales locales.
Cette deuxième vague de sanctions élargit nettement le périmètre de la répression interne. Alors que les révocations du 19 novembre avaient frappé plusieurs figures nationales nommées par Laurent Gbagbo, les nouvelles mesures touchent désormais des responsables implantés dans les fédérations, aux postes stratégiques au sein de leurs localités. L’objectif affiché est clair : barrer la route à toutes les velléités de participation, qu’elles viennent de la direction intermédiaire ou du militantisme de terrain.
La sanction la plus marquante concerne Séri Louma Hortense, présidente de la Ligue des Femmes du parti. Sa suspension entraîne immédiatement la dissolution de tout le Bureau exécutif de la Ligue, un geste interprété comme une reprise en main directe des structures de mobilisation féminine. Des directions intérimaires pour les Ligues des Jeunes et des Femmes seront prochainement installées, annonce le communiqué.
Parmi les militants suspendus figurent également des noms bien connus dans les fédérations : Ahipeaud Jean-André, Boka Boka Maurice, Digbeu Toh Lambert, Djédjé Eugène, Poly Nemlin Rodrigue ou encore Yoh Sonezéré Mathias, membre du Comité central. Une liste diverse, mais un message unique : aucune entorse à la ligne du boycott ne sera tolérée.
Officiellement, la direction invoque l’article 101 des statuts qui encadre les poursuites disciplinaires. Mais en toile de fond, cette séquence confirme un affrontement stratégique qui divise le parti depuis des mois : faut-il rester dans une posture de boycott tant que les revendications de Laurent Gbagbo ne sont pas satisfaites, ou réintégrer progressivement les joutes électorales ?
Laurent Gbagbo et ses proches ont tranché : la stratégie de retrait demeure non-négociable. Et les sanctions en cascade visent à rappeler qu’aucune dissidence, ouverte ou discrète, ne sera tolérée dans cette phase.
Cette fermeté intervient alors que la campagne s’organise ailleurs dans le pays. Si la plupart des militants sanctionnés n’étaient pas candidats, plusieurs soutenaient localement des projets perçus comme contraires à la ligne officielle. À l’approche du scrutin, le PPA-CI semble déterminé à empêcher toute tentative interne de participation indirecte
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