Par AN | Lementor.net
Les coups d’État applaudis, les discours extrêmes et les appels à une rupture totale gagnent du terrain. Des figures comme Kémi Seba ou Nathalie Yamb se présentent comme de nouveaux Robespierre, sans réaliser qu’elles répètent les mêmes erreurs. En prétendant détenir la vérité, elles finissent surtout par induire leur public en erreur.
Une légitimation dangereuse des putschs
Depuis quelques années, une partie des figures médiatiques panafricanistes défend ouvertement les régimes militaires, au nom d’un idéal prétendument souverainiste. Les vidéos de Kémi Seba ou les déclarations de Nathalie Yamb s’inscrivent dans cette logique : présenter les coups d’État comme le seul remède face aux gouvernements civils, accusés sans nuance d’être des « dictatures ».
Mais aucun d’eux ne démontre en quoi la prise de pouvoir par la force réglerait les problèmes structurels du continent.
L’argumentaire est bien huilé : nettoyer la classe politique, restaurer la justice, sauver la Nation. Dans la pratique, les juntes se heurtent aux mêmes blocages : administrations paralysées, défi sécuritaire inchangé, économie fragilisée et isolement diplomatique. Pendant ce temps, les pays misant sur la stabilité institutionnelle et les réformes progressives montrent davantage de résultats tangibles.
Une radicalité qui rejette toute nuance
À l’image d’un Robespierre persuadé d’incarner seul la vertu républicaine, ces nouveaux chantres de la rupture s’opposent frontalement à la contradiction. Toute nuance devient suspecte, toute analyse différente est assimilée à une trahison.
Ce n’est plus un débat d’idées : c’est une bataille symbolique où l’on se range du côté du « pouvoir vertueux » dès lors qu’il brandit un discours anti-système, même s’il s’agit d’une junte militaire.
L’écosystème numérique : carburant de la radicalisation
La puissance des réseaux sociaux amplifie cette dynamique. Cyberactivistes, pages anonymes, micro-influenceurs et « patriotes numériques » se mobilisent pour transformer chaque putsch en épopée héroïque.
D’anciennes vidéos remontent soudain, des images sont détournées, des citations inventées circulent comme des preuves irréfutables. L’objectif est simple : provoquer une décharge émotionnelle favorable aux militaires.
Dans ce brouhaha, l’émotion écrase les faits. Les contenus les plus choquants deviennent viraux parce qu’ils divisent, non parce qu’ils informent. Résultat : une perception déformée où la rupture brutale apparaît comme une évidence historique.
La leçon oubliée de l’Histoire
Robespierre fut victime de la spirale d’exception qu’il avait créée. Les putschs africains reproduisent ce schéma : promettre une renaissance nationale et installer en réalité une nouvelle incertitude.
Aucune nation moderne ne prospère durablement sur l’arbitraire. Ce qui assure la cohésion et le progrès, ce n’est pas la force, mais la continuité institutionnelle, la prévisibilité, l’État de droit.
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