Par AN-Lementor.net
Le président béninois Patrice Talon a choisi de désamorcer politiquement l’attaque armée survenue le 7 décembre, qu’il refuse de qualifier de tentative de coup d’État. Face à la presse nationale et internationale, jeudi, le chef de l’État a évoqué un simple « incident sécuritaire », imputé à des individus isolés, tout en affirmant que les institutions et les forces de défense avaient fait preuve d’une loyauté sans faille.
Selon lui, les faits ne répondaient pas aux critères d’un renversement de régime. « Il faut bien davantage qu’un groupe désorganisé pour faire tomber un État », a-t-il martelé, estimant que l’épisode, bien que regrettable pour l’image du pays, ne remettait nullement en cause la stabilité du Bénin. S’il reconnaît un choc moral, Patrice Talon assure que l’appareil étatique est resté pleinement opérationnel.
Forces armées soudées, Garde nationale dédouanée
Revenant sur les responsabilités présumées, le président a tenu à dissocier la Garde nationale de l’attaque, bien que son ancien commandant, le lieutenant-colonel Pascal Tigri, soit désigné comme cerveau du complot. D’après lui, les assaillants n’étaient pas majoritairement issus de ce corps.
Il a salué la réactivité de l’ensemble de l’armée béninoise, soulignant que toutes les unités avaient spontanément sollicité la hiérarchie pour recevoir des instructions, illustrant, selon lui, une discipline républicaine exemplaire. Des unités venues d’Allada et de Ouidah étaient même prêtes à neutraliser le camp de Togbin, où s’étaient retranchés les mutins.
Des auteurs présentés comme des exécutants manipulés
Patrice Talon a décrit les auteurs de l’attaque comme des individus marginaux, instrumentalisés par des acteurs politiques périphériques, avec des appuis extérieurs non précisés. Sans citer de noms, il a indiqué que les investigations judiciaires étaient en cours et que toute tentative de récupération politique serait sanctionnée.
Le chef de l’État a par ailleurs dénoncé les réactions de satisfaction observées sur certains canaux publics et numériques, estimant qu’aucune complaisance ne pouvait être tolérée face à un acte violent dirigé contre les institutions.
Pourquoi l’appui aérien nigérian a été sollicité
L’un des points les plus sensibles abordés reste le recours à l’aviation nigériane. Patrice Talon l’a justifié par un impératif humanitaire et sécuritaire : éviter des affrontements directs et des pertes massives dans un quartier habité. Le Bénin ne disposant pas de capacités aériennes adaptées à des frappes ciblées, l’option nigériane s’est imposée.
L’appel aurait été passé au président Bola Tinubu dans un cadre régional encadré par la Cédéao. Deux frappes aériennes ont suffi à disperser les mutins, tandis que des renforts terrestres nigérians sont arrivés plus tard, à titre de soutien symbolique.
Des suspects en cavale, des mandats lancés
Le lieutenant-colonel Pascal Tigri et plusieurs de ses complices restent introuvables. Patrice Talon a révélé avoir été indirectement en contact avec lui durant l’opération, évoquant une fuite précipitée avant les frappes aériennes. Des mandats d’arrêt ont été émis, et une coopération régionale a été activée pour leur arrestation.
Le président affirme avoir donné des consignes strictes pour éviter toute exécution sommaire, privilégiant une issue judiciaire à la crise.
« Un cap irréversible a été franchi »
Se projetant au-delà de l’événement, Patrice Talon se veut catégorique : une telle attaque ne se reproduira plus. À ses yeux, l’épisode démontre que le Bénin a atteint un niveau de stabilité comparable aux grandes démocraties, où les institutions sont dissuasives par leur seule solidité.
Il écarte toute lecture électorale, malgré la proximité de la présidentielle et l’absence de la principale force d’opposition dans la course. « Il ne s’agit pas d’une crise politique, mais d’un fait social isolé », a-t-il insisté.
Le chef de l’État a salué la position de la Cédéao, qui a condamné l’attaque tout en appelant au dialogue, tout en estimant qu’aucune médiation politique n’était nécessaire. Il a enfin confirmé la mort de l’épouse du général Bada et d’un élément de la Garde républicaine
Leave a comment