La transition politique au Burkina Faso, amorcée par le coup d’État du capitaine Ibrahim Traoré le 30 septembre 2022, semble avoir atteint un point de rupture. Dans une récente déclaration, le ministre d’État burkinabé a exhorté les villages du pays à s’organiser pour assurer leur propre défense face aux attaques jihadistes. Cette annonce, faite lors d’une réunion avec des responsables locaux dans la région de l’Est, soulève des questions graves sur la capacité de l’État à protéger ses citoyens.
Cette déclaration intervient dans un contexte déjà marqué par des événements tragiques, dont le massacre de Karma le 20 avril 2023, où plus de 100 jeunes hommes ont été tués dans le nord du pays. Ce massacre, attribué à des groupes armés opérant dans une zone de conflit, avait déjà révélé la vulnérabilité des populations civiles face à une insécurité grandissante. Malheureusement, ce n’était pas un incident isolé.
Plus récemment, le massacre de Barsalogho, survenu en août 2024, a vu des dizaines de civils être brutalement assassinés dans cette localité située au centre-nord du Burkina Faso. Cette attaque, comme celle de Karma, illustre la gravité de la crise sécuritaire et l’incapacité du gouvernement à empêcher ces horreurs répétées.
Le gouvernement de Traoré, qui avait promis de restaurer la sécurité et de libérer les zones sous contrôle jihadiste, semble désormais admettre son impuissance. En appelant les civils à prendre en main leur propre sécurité, l’État burkinabé semble se décharger de sa responsabilité première : la protection de ses citoyens. Cette situation peut être perçue non seulement comme un aveu d’échec de la transition, mais aussi comme une faillite de l’État.
Les raisons qui ont motivé le coup d’État de Traoré étaient principalement liées à l’incapacité de son prédécesseur à gérer la crise sécuritaire. Ironiquement, ces mêmes raisons se sont aggravées depuis qu’il est au pouvoir. L’insécurité continue de se propager, et la confiance de la population en ses dirigeants s’érode de jour en jour.
Il est légitime de se demander si le capitaine Traoré pourra rester à la tête de l’État burkinabé jusqu’à la fin de l’année. À ce rythme, le risque est grand que la situation se dégrade encore davantage, rendant la tâche de plus en plus difficile pour un gouvernement qui semble avoir perdu le contrôle. Le Burkina Faso traverse une période sombre, et l’histoire pourrait bien juger sévèrement ce moment où l’État a, en quelque sorte, abandonné ses citoyens à leur sort.
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