Par Dohotani Yeo | Lementor.net
La filière cacao, poumon de l’économie ivoirienne, traverse une zone de turbulence. Les prévisions météorologiques annonçant des pluies abondantes dans les principales régions de production viennent accentuer la pression sur les prix mondiaux, déjà marqués par une forte volatilité. Premier producteur et exportateur de cacao au monde, la Côte d’Ivoire se retrouve au cœur d’un marché sous tension, où chaque variation climatique entraîne des répercussions immédiates.
En juillet 2025, les signaux d’alerte se sont multipliés. Selon les données des exportateurs, la transformation locale du cacao, essentielle pour la valeur ajoutée et l’emploi, a chuté de 31,2 % par rapport à la même période l’an dernier. Une baisse brutale, imputée à la médiocre qualité des fèves issues de la récolte intermédiaire et à des volumes plus faibles que prévu. Cette situation fragilise les usines de broyage, contraintes de ralentir leur activité, et inquiète les acteurs de la filière, du producteur au transformateur.
La question climatique s’impose de plus en plus comme une donnée déterminante pour le secteur. Si les pluies peuvent, à long terme, améliorer les perspectives de la grande campagne 2025-2026, elles risquent dans l’immédiat de compliquer la récolte, de freiner les livraisons et de détériorer davantage la qualité des fèves. Or, sur les marchés internationaux, la qualité ivoirienne reste un repère : toute dégradation se traduit par une prime en baisse et une compétitivité fragilisée.
Les experts économiques estiment que la combinaison entre baisse de la transformation locale et incertitude climatique pourrait peser lourd sur les recettes d’exportation, réduisant la capacité de l’État à financer ses programmes sociaux et ses grands projets. La filière cacao, qui assure la subsistance de millions de planteurs, se trouve ainsi face à un double défi : maintenir son rôle moteur dans l’économie nationale tout en s’adaptant aux aléas d’un climat de plus en plus imprévisible.
Dans ce contexte, les regards se tournent vers Abidjan, où les autorités devront trouver l’équilibre entre soutien aux producteurs, incitations à la transformation locale et stratégies de stabilisation des revenus. Le cacao, richesse et vulnérabilité de la Côte d’Ivoire, reste plus que jamais une matière première stratégique dont l’avenir dépasse les seules frontières nationales.
Leave a comment