Par La Rédaction | Lementor.net
La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a publié, ce 7 décembre 2025, un communiqué d’une importance exceptionnelle concernant la situation en République du Bénin. À travers ce document officiel, la Commission régionale annonce la décision des chefs d’État et de gouvernement d’autoriser le déploiement immédiat d’une force en attente sur le territoire béninois. Cette mesure, rare et lourde de sens, marque une nouvelle étape dans la détermination de l’organisation ouest-africaine à préserver la stabilité politique, la paix et l’intégrité des États membres.
Selon la CEDEAO, cette décision s’inscrit strictement dans le cadre juridique de ses protocoles, notamment l’article 25(e) du Protocole de 1999 sur la prévention des conflits et le maintien de la paix. Après d’intenses consultations entre les membres du Conseil de médiation et de sécurité, les dirigeants de la région ont validé une réponse rapide face à la détérioration du climat institutionnel au Bénin. Le président de la Conférence des chefs d’État a ainsi ordonné le déploiement immédiat des éléments de la Force en attente de la CEDEAO.
La force régionale constituée pour cette mission regroupe des troupes provenant du Nigeria, de la Sierra Leone, de la Côte d’Ivoire et du Ghana, quatre nations clés dont l’engagement témoigne du sérieux de la situation. Leur mandat sera clair : soutenir les autorités béninoises et collaborer avec l’Armée républicaine du Bénin afin de garantir la protection de l’ordre constitutionnel et la sauvegarde de l’intégrité territoriale du pays. Il s’agit d’un déploiement préventif, pensé comme un rempart contre toute escalade pouvant compromettre la stabilité intérieure ou affecter la sécurité régionale.
Depuis plusieurs années, la CEDEAO fait face à une recrudescence des crises politiques au sein de l’espace communautaire, entre coups d’État, contestations électorales et tensions institutionnelles. Le cas béninois, bien que différent dans sa nature, s’inscrit dans cette tendance préoccupante qui met à l’épreuve la capacité collective de la région à défendre ses principes fondateurs. En intervenant rapidement, l’organisation cherche à éviter qu’un pays longtemps présenté comme stable ne bascule dans une zone de turbulences contraire à ses traditions démocratiques.
La présence d’une force multinationale vise aussi à envoyer un message clair : la CEDEAO n’entend plus se limiter aux déclarations diplomatiques lorsque l’ordre constitutionnel est menacé. Ce choix s’inscrit dans l’évolution de sa doctrine sécuritaire, renforcée depuis les crises au Mali, en Guinée, au Burkina Faso et au Niger. Il illustre une volonté assumée de défendre la légalité républicaine, la continuité de l’État et la sécurité des populations.
L’implication de la Côte d’Ivoire dans cette mission confirme son rôle de puissance stabilisatrice au sein de l’espace communautaire. En participant à la force régionale, Abidjan affirme une fois de plus sa place dans l’architecture sécuritaire ouest-africaine et son engagement à défendre les États membres lorsque la crise menace de s’enraciner. Cette contribution est d’autant plus significative qu’elle intervient dans un contexte où la région s’interroge sur l’avenir de la coopération militaire avec plusieurs pays en rupture avec la CEDEAO.
Le déploiement annoncé constitue ainsi un signal fort, autant pour le Bénin que pour l’ensemble du continent. Il rappelle que l’Afrique de l’Ouest dispose d’un cadre collectif de défense et qu’elle est prête à l’activer lorsque la stabilité d’un État membre est en jeu. Les prochains jours seront déterminants pour évaluer l’impact de cette décision et mesurer la capacité de la force régionale à apaiser les tensions et à éviter toute dérive violente.
Dans une région où la paix reste un acquis fragile, la vigilance et la solidarité demeurent les pierres angulaires de la sécurité commune. Et en choisissant d’agir, la CEDEAO entend rappeler que l’ordre constitutionnel ne saurait être négociable.
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