Par AN | Lementor.net
À trois semaines du scrutin présidentiel prévu le 25 octobre 2025, le Conseil national de sécurité (CNS) de Côte d’Ivoire a tiré la sonnette d’alarme sur la multiplication de propos haineux, xénophobes et subversifs diffusés dans l’espace public, notamment par certaines figures politiques.
Réuni depuis le 8 septembre, l’organe présidé par le chef de l’État a annoncé une série de mesures exceptionnelles destinées à préserver la stabilité du pays en période électorale. Les ministres de la Justice et de la Sécurité ont été chargés de « prendre toutes les dispositions nécessaires » pour maintenir l’ordre public, incluant l’interdiction de manifestations contestant les décisions du Conseil constitutionnel.
Une sécurité renforcée sur tout le territoire
Le gouvernement a annoncé le déploiement de 44 000 membres des forces de sécurité à travers le pays : 18 000 policiers, 18 000 gendarmes et 8 000 militaires. Ce dispositif représente une hausse de 25 % par rapport à celui mobilisé lors du scrutin de 2020, marqué par des violences post-électorales.
Le CNS a également rappelé le caractère irrévocable des décisions du Conseil constitutionnel, qui a publié le 8 septembre la liste définitive des candidats en écartant Laurent Gbagbo (PPA-CI) et Tidjane Thiam (PDCI-RDA). Une décision jugée « injuste » par leurs camps respectifs.
Manifestations interdites et reportées
Prévue initialement pour le 4 octobre, la marche conjointe du PPA-CI et du PDCI annoncée comme une mobilisation pour « la démocratie, la justice et la paix » a été interdite par les autorités pour des risques de troubles à l’ordre public.
Lors d’une conférence de presse, Sébastien Dano Djédjé, secrétaire exécutif du PPA-CI, a déclaré « prendre acte » de cette décision tout en annonçant le report de la manifestation au 11 octobre. Il a par ailleurs réaffirmé la détermination de l’opposition à « obtenir la libération de tous les prisonniers politiques injustement détenus ».
Une opposition sous pression
Depuis juin, plusieurs cadres et militants de l’opposition ont été arrêtés dans un contexte politique tendu. Deux grands rassemblements en juin et août avaient déjà mobilisé plusieurs milliers de partisans réclamant des élections « transparentes et inclusives ».
La contestation reste vive autour de la candidature d’Alassane Ouattara pour un quatrième mandat, que ses adversaires jugent contraire à la Constitution. Pour le Conseil constitutionnel, la réforme adoptée en 2016 a toutefois réinitialisé le compteur des mandats présidentiels.
Quatre autres candidats tenteront de lui barrer la route : Jean-Louis Billon, Simone Ehivet Gbagbo, Ahoua Don Mello et Henriette Lagou. Dans un climat de crispation politique, le gouvernement espère que les mesures sécuritaires permettront un scrutin « apaisé et sans dérapages ».
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