Par AN | Lementor.net
Marie-Odette Lorougnon, figure du Parti des peuples africains – Côte d’Ivoire (PPACI), a été arrêtée et incarcérée ce mercredi 1er octobre 2025. L’ancienne députée est poursuivie pour « trouble à l’ordre public » et « propos xénophobes », selon des sources judiciaires.
Des déclarations polémiques à Bonoua
L’affaire trouve son origine dans un meeting tenu le samedi 27 septembre à Bonoua. Devant des militants de son parti, Mme Lorougnon a vivement critiqué le procureur de la République, Braman Koné, en remettant en cause son origine et sa légitimité. Elle l’a accusé d’agir pour le compte du parti au pouvoir, allant jusqu’à le qualifier d’« étranger » et de « militant du RDR ».
Ces propos, jugés discriminatoires et stigmatisants, ont rapidement suscité l’indignation. Pour la justice, ils constituent une atteinte à la cohésion nationale et une menace directe pour l’ordre public.
Un discours à forte charge identitaire
Dans son allocution, la responsable du PPACI a utilisé des termes à connotation identitaire, évoquant notamment les « bodjrodjan » – un mot en bambara et en dioula désignant des personnes venues d’ailleurs – pour qualifier le magistrat.
Un contexte politique tendu
Cette arrestation intervient dans un climat déjà électrique. Quelques jours plus tôt, le Conseil constitutionnel avait invalidé la candidature de Laurent Gbagbo à la présidentielle du 25 octobre 2025, déclenchant une vague de contestations au sein du PPACI. Le parti a multiplié les déclarations critiques, annonçant des actions contre cette décision.
Odette Lorougnon n’est pas la première cadre du parti à être interpellée. Le 30 septembre, Blaise Lasm et Dahi Nestor avaient déjà été placés en détention, poursuivis pour provocation à l’insurrection, atteinte à l’autorité de l’État et troubles à l’ordre public.
Les enjeux de stabilité
Pour plusieurs observateurs, cette série d’arrestations traduit la volonté des autorités d’empêcher un retour aux dérives identitaires qui avaient plongé la Côte d’Ivoire dans la crise au début des années 2000. « L’incarcération d’Odette Lorougnon est un signal fort. Le pays a payé un lourd tribut aux discours de division. La paix retrouvée ne peut être sacrifiée sur l’autel de l’ambition politique », a souligné un proche du dossier.
Le PPACI, de son côté, n’avait pas encore officiellement réagi ce mercredi soir à la mise sous mandat de dépôt de Mme Lorougnon.
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